Moteurs F1 2026 : l’avantage trouvé par Mercedes validé par la FIA ?

moteur Mercedes F1

C’est le sujet qui sème la zizanie depuis plusieurs jours dans le monde de la F1, lequel se repose à peine depuis quelques semaines, au cours de la brève trêve hivernale. Les nouveaux moteurs sont en effet l’objet de toutes les attentions et déjà au cœur d’une controverse. 

Rappelons que 2026 marquera une nouvelle ère technologique dans l’histoire de la F1, avec des blocs hybrides qui donneront une part plus importante à l’électrique : en effet, là où les V6 en vigueur jusqu’à fin 2022 proposaient un ratio 85%/15% entre la puissance thermique et électrique, les nouveaux seront quasiment sur du 50/50 : la partie thermique du V6 tombera d’environ 850 à 540 CV, tandis que la partie électrique passera de 120 kW à 350 kW. Et le tout avec des « carburants durables ».

Qui dit nouveau règlement dit forcément des “zones grises”, c’est à dire des failles dans la législation technique que les ingénieurs cherchent à dénicher et exploiter pour en tirer un avantage, sans que cela soit forcément illégal. En bon législateur, la FIA continue d’adapter le règlement technique de 2026 pour éviter de laisser des zones grises qui donneraient des avantages trop importants voire même décisifs aux équipes ou aux motoristes. Mais certaines failles sont plus délicates que d’autres !

Ajustements sur le débitmètre

Un changement récent a été effectué au sujet des débitmètres de carburant, alors que la F1 va passer aux carburants durables cette année. Le débit précédent était calculé en kilo par heure avec 100 kg/h de débit maximal, et il est désormais considéré comme un flux d’énergie limité à 3000 MJ/h. Les mesures ne se font plus avec deux débitmètres différents pour les équipes et la FIA, mais avec un seul appareil de mesure standard. 

Pour éviter une exploitation tendancieuse de ce nouveau capteur, la FIA a précisé une interdiction au niveau de la température du débitmètre, ce qui pourrait perturber la mesure et permettre de contourner la limite en énergie. Précédemment, le règlement disait que « Tout réchauffement ou refroidissement intentionnel du débitmètre de carburant est interdit ». Mais la formulation a été changée afin d’élargir les interdictions faites aux équipes. « Tout appareil, système ou procédure dont l’objectif serait de changer la température du débitmètre de carburant est interdit », lit-on désormais lire.

On se souvient encore de la controverse qui avait agité la F1 et Ferrari à la fin de la saison 2019. Les monoplaces italiennes étaient suspectées d’avoir trafiqué le débitmètre de leurs moteurs pour accroître la consommation de carburant au-delà de la limite maximale autorisée, afin de disposer de plus de puissance, tout en réussissant à contourner les systèmes de contrôle. Les performances phénoménales des Ferrari sur les circuits de moteur comme Spa et Monza avaient mis la puce à l’oreille. Un accord secret avait été conclu entre la F1 et la Scuderia, suscitant de nombreuses réactions. La saison 2020 catastrophique qui s’en était suivie avait accrédité l’idée selon laquelle Ferrari avait outrepassé la règlementation… 

Les motoristes sous…compression !

Ces derniers jours, la polémique qui a enflé concerne le taux de compression des moteurs, qui est limité à 1:16 contre 1:18 auparavant. Mercedes, et dans une moindre mesure Red Bull (qui aurait été mis au courant par un ingénieur recruté justement auprès de l’étoile), aurait exploité une zone grise du règlement : la limite légale du taux de compression est vérifiée par des mesures de contrôle effectuées à “température ambiante”.

Autrement dit, dans les conditions les plus dynamiques, à des températures bien plus élevées, le moteur Mercedes aurait été conçu pour dépasser cette limite légale du taux de compression, avec un gain potentiel de 10 à 15 chevaux qui, selon certains spécialistes, pourrait se traduire par 3 à 4 dixièmes au tour de gagnés en piste. Énorme en effet, à une époque où 2 à 3 dixièmes peuvent vous faire passer du top 8 à la dernière place sur la grille.  

Visiblement prise à son propre jeu, la FIA aurait validé les solutions apportées par Mercedes et Red Bull sur la chambre de combustion, car elles ne seraient tout simplement pas en violation avec les règles édictées. Pour les autres constructeurs, à savoir Honda, Ferrari et Audi (qui avaient adressé une lettre à la FIA pour demander des éclaircissements sur la conformité de la solution Mercedes au règlement 2026), la situation se complique alors. Il leur sera impossible d’intervenir sur la chambre de combustion avant le début de la saison, compte tenu du temps nécessaire (et des coûts, ce qui se complique dans le cadre d’un plafond budgétaire) pour apporter des modifications aux V6. On parle d’un rattrapage pour 2027 !

La course aux armements, le retour ?

Ces disparités probables justifieraient l’accès à l’ADUO, l’Additional Development and Upgrade Opportunities, un dispotifif qui permettra aux constructeurs en retard de rattraper le déficit de performance. Mais l’avance prise en début de saison serait bien difficile à combler. Cependant, rappelons que tout cela repose sur des hypothèses. Aucun roulage n’a encore été réalisé pour corroborer ou non les craintes envers une éventuelle nouvelle domination du moteur Mercedes, qui referait le coup de 2014 lors de l’avènement de l’hybride. 

En effet, tous les six GP de la saison 2026, la FIA vérifiera les performances des seuls moteurs à combustion interne et, s’il y a des différences dépassant un écart de puissance de 2% par rapport au meilleur moteur, un développement pourra être accordé, voire deux, si l’écart dépasse 4%, afin d’équilibrer. 

Certains attendront donc la première vérification de l’ADUO (au GP de Miami) pour introduire les nouveautés en recourant au budget supplémentaire accordé par la FIA, tandis que d’autres, ne voulant peut-être pas perdre de temps, tenteront d’intervenir en introduisant ce que certains appellent la « deuxième chambre de combustion ». On imagine aussi une pluie de réclamations dès le grand prix d’ouverture, dans la pure tradition de la Formule 1 et de ses joutes règlementaires.

Bref, une nouvelle course aux armements semble bien sur le point de se produire.  

(2 commentaires)

  1. J’ai quand même l’impression que certains dramatisent l’éventuel avantage que cela procurerait, on parle de la dilatation de la bielle mais pour de l’acier ou de l’aluminium cette valeur reste assez faible surtout que la bielle n’est pas très longue donc ça limite encore plus l’effet sans compter que cela réduit la résistance de la pièce donc en pratique cela induit une pièce plus lourde pour compenser.
    Par exemple une barre d’un mètre d’aluminium va s’allonger d’un millimètre avec une hausse de la température de 50°C!

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