Le Japon prêt à assouplir ses normes automobiles pour conclure un accord avec les États-Unis

Le Japon envisage d’assouplir ses normes auto pour faciliter un accord commercial avec les États-Unis sous l’impulsion de Trump.

Dans le cadre de négociations commerciales en cours avec les États-Unis, le Japon envisage de réviser ses normes de sécurité automobile. Cette mesure pourrait permettre de faciliter l’accès des véhicules américains au marché japonais, longtemps jugé difficile par les constructeurs automobiles étrangers en raison de barrières non tarifaires.

Le quotidien économique japonais Nikkei a rapporté que cette révision est à l’étude alors que Tokyo cherche à établir un accord avec le président américain Donald Trump. Cette initiative survient dans un contexte de tensions commerciales accrues et de discussions bilatérales en cours à Washington, avec pour objectif principal la réduction des droits de douane et la levée des obstacles à l’entrée sur le marché automobile nippon.

Un contexte de négociations tendues entre Tokyo et Washington

Le négociateur en chef japonais, Ryosei Akazawa, a récemment lancé un premier cycle de discussions avec ses homologues américains à Washington. Un second tour est en préparation. Ces négociations visent notamment à ajuster les règles du commerce bilatéral, en particulier dans le secteur automobile, un point de friction de longue date entre les deux puissances économiques.

Les États-Unis, par la voix de leur représentant au commerce, ont critiqué les normes japonaises qu’ils jugent trop strictes et discriminatoires à l’égard des véhicules américains. Parmi les griefs figurent la non-reconnaissance des certifications américaines de sécurité comme équivalentes à celles du Japon, l’existence de protocoles de test spécifiques au Japon, ainsi que des obstacles à l’établissement de réseaux de distribution et de services pour les marques étrangères.

Tokyo ouvre la porte à un assouplissement réglementaire

Face à ces critiques, le gouvernement japonais, sous la direction du Premier ministre Shigeru Ishiba, semble disposé à faire un pas vers Washington. Selon le Nikkei, l’exécutif étudie la possibilité d’assouplir certains critères de sécurité, notamment ceux relatifs aux tests de collision. L’objectif est de faciliter l’homologation des véhicules étrangers sans compromettre les standards de sécurité locaux.

Lors d’une intervention sur la chaîne publique NHK, M. Ishiba a reconnu les différences entre les approches américaine et japonaise en matière de sécurité routière. Il a expliqué que le Japon accorde une priorité particulière à la protection des piétons, tandis que les États-Unis mettent davantage l’accent sur la protection des occupants du véhicule en cas de choc violent. Malgré ces différences, le Premier ministre a souligné la volonté du Japon d’éviter toute apparence d’injustice ou de protectionnisme.

Un enjeu plus large : tarifs douaniers et devises

Au-delà de la question des normes de sécurité, les discussions entre le Japon et les États-Unis portent également sur les tarifs douaniers. Le Japon cherche à négocier une réduction durable du tarif général de 24 % imposé sur certains produits, actuellement temporairement abaissé à 10 %. D’autres sujets, comme la taxe de 25 % sur les exportations japonaises d’acier, d’aluminium et de véhicules vers les États-Unis, sont aussi sur la table.

Par ailleurs, des entretiens bilatéraux sont prévus entre Katsunobu Kato, ministre japonais des Finances, et Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, le 24 avril. Cette rencontre pourrait aborder des thèmes sensibles comme la valeur du yen, dont la faiblesse alimente les spéculations sur un désavantage compétitif pour les États-Unis. Bien que M. Ishiba ait assuré qu’un dialogue honnête aurait lieu à ce sujet, il s’est abstenu de tout commentaire sur une éventuelle pression américaine pour réévaluer la monnaie japonaise.

Enjeux stratégiques et équilibre diplomatique

Ces discussions commerciales interviennent dans un contexte où le Japon cherche à maintenir un équilibre stratégique entre ses propres intérêts économiques et les exigences de l’administration Trump. Pour Tokyo, céder partiellement sur les normes automobiles pourrait constituer un compromis stratégique en échange d’un allègement des pressions tarifaires américaines.

L’enjeu est d’autant plus crucial que l’industrie automobile est un pilier de l’économie japonaise, représentant une part significative de ses exportations et de son emploi industriel. Tout changement réglementaire pourrait donc avoir des répercussions économiques majeures, non seulement pour les entreprises japonaises, mais aussi pour les acteurs internationaux cherchant à accéder au marché nippon.

Notre avis par leblogauto.com

Alors que les pourparlers commerciaux entre les États-Unis et le Japon s’intensifient, une ouverture réglementaire partielle du marché automobile japonais semble se profiler. Si cette évolution se confirme, elle pourrait marquer une avancée significative dans les relations économiques bilatérales, tout en illustrant la volonté du Japon de jouer un rôle actif dans la redéfinition des règles du commerce international face à l’unilatéralisme américain.

Dans tous les cas, le défi pour Tokyo sera de concilier la modernisation de ses règles commerciales avec la préservation de ses normes de sécurité élevées et la protection de ses industries stratégiques. Une tâche délicate qui nécessitera diplomatie, pragmatisme et sens du compromis.

Source : Nikkei.

Crédit illustration : Bannerbuzz.

Un commentaire

  1. Du vent cette proposition du gouvernement japonais. Les véhicules européens passent les normes japonaises et pourtant ils ne se vendent pas plus. La raison vient surtout du mode de distribution et la difficulté de trouver des concessionaires. Les US vont se faire avoir comme l’Europe avec le contrat de libre échange.

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