La route solaire, un gouffre bientôt démantelé

Il y a un peu plus de sept ans, la Ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, lançait les travaux de la « route solaire » initiée par Colas, pourtant aguerri des travaux routiers. Le principe de cette départementale dans l’Orne (61) à Tourouvre-en-Perche était d’utiliser une surface déjà artificialisée (la route) pour produire de l’électricité. Suffisamment en théorie pour alimenter l’éclairage public d’une ville de 5 000 habitants environ.

Colas et Wattway étaient confiants, et ont convaincu l’Etat et sa Ministre de débourser 5 millions d’euros pour ce petit projet de panneaux photovoltaïques intégrés à la route. Hélas cette route n’a jamais vraiment produit le moindre kWh. La route unique au monde est un fiasco mais a démontré quelque chose : les véhicules sont très destructeurs pour la route. Pourtant Colas devrait le savoir.

Très rapidement il y a eu des soucis sur le kilomètre de route équipé. Le tronçon est déséquipé des dalles trop fragiles et on relance le projet sur 400 m à peine avec de nouvelles dalles photovoltaïques. Selon le média « Le Perche« , la production n’aurait même pas permis d’alimenter trois logements sur la durée de l’expérience.

Pire, le tronçon a souvent été en travaux à cause de cette expérimentation, provoquant l’exaspération des locaux. Cette route permet l’accès à la nationale 12 et cela devenait très compliqué d’y accéder. Pour la commune de Tourouvre, l’expérimentation n’aurait pas coûté directement d’argent, l’Etat et Colas ayant tout pris en charge. Mais pour l’image et l’opinion des habitants, cela reste de l’argent jeté par les fenêtres.

Concrètement, les plaques se décollaient régulièrement, endommageant les panneaux et coupant des pans entiers de production. Une piste pourrait être d’équiper les trottoirs ou les pistes cyclables, qui n’accueillent pas de véhicules lourds, destructeurs.

 

Notre avis, par leblogauto.com

Une expérimentation, ce n’est jamais vraiment inutile. Ici, cela a permis de valider ce que beaucoup disaient dès le début du projet : une route n’est pas faite pour installer des choses fragiles. Les panneaux le sont, même renforcés et les véhicules « défoncent » littéralement les routes, on peut tous le constater tous les jours.

Reste que 5 millions d’euros auraient permis l’installation de panneaux plus classiques, quitte à les mettre sur des ombrières. C’est d’ailleurs la méthode favorite actuellement pour ne pas prendre plus de fonciers puisque l’on met les panneaux en hauteur, sur des parkings ou même des champs. Quant à la route Royal, elle sera démontée complètement sous peu et envoyée aux oubliettes des fausses bonnes idées.

(26 commentaires)

  1. Comme écrit dans la section avis, une expérimentation est toujours utile. Et 5 M€ c’est pas grand chose au regard des enjeux.

    1. Mais enfin TS, il suffit de s’intéresser un peu aux routes et aux transferts d’énergie pour mesurer le côté insensé de poser à plat sous des passages de camions des capteurs solaires dans un complexe de surface qui est à refaire tous les 20 ans au mieux.
      On ne parle pas ici d’une piste cyclable hein, ni d’une expérience située au sud de la France d’ailleurs, preuve de l’intérêt personnel avant celui de l’expérience.

      Mais on peut demain essayer la route qui vibre sous les voitures avec des piezos pour récupérer l’énergie, non ? Ou des éoliennes le long des routes pour capter le déplacement d’air des camions, non ?

      Ben non, parce qu’experimenter des choses sans sens n’en n’aura pas un fine.

      Ah, si ..il y avait bien une raison ! Montrer qu’en France on peut se faire avoir comme aux US et en Chine qui avaient surfé sur cette même bêtise avec un joli mouvement d’entraînement ou de compétition entre ceux qui voulaient démontrer qu’ils pouvaient se faire avoir encore plus fort que l’autre.

      1. @Mwouais : le trottoir piézo a été testé (Toulouse de mémoire) 🙂

        Dans les expérimentations…mettre les doigts dans une encoignure de porte et la fermer peut être intéressant pour savoir qu’il ne faut pas le faire….mais perso je me dis dès le début que ce n’est pas trop la peine de tester….

        1. To lose ?
          Avec un résultat probant ? Genre ah oui, ça ne marche pas non plus ?

          Incroyable j’y croyais presque.

      2. @Mwouais,
        de toutes façons, le constat d’échec étant là, tout propos de type “c’était prévisible “ est par construction nul et non avenu

          1. j’étais très sceptique aussi. Mais je ne tire aucune gloire ni satisfaction à constater l’échec. Mon propos c’est de dire que Le pire serait de ne rien tester, surtout quand ça ne coûte “que” 5 M€

        1. @TS : sauf que j’avais annoncé cette incongruité d’idée (pour pas dire stupidité) dés les premiers articles.

          Alors, le but n’est pas de dire j’avais raison, mais plutôt d’annoncer qu’avec un minimum d’études techniques en la matière et la simple observation des contraintes liées aux infrastructures routières supplémentairement aux conditions d’exploitation de panneaux solaires….que cet ensemble de contraintes n’est pas compatible à résultat positif.

          Je ne peux pas même imaginer que Colas (pour les connaître un peu et leurs multiples succursales, il y a de tout là bas) ait eu en ses équipes des gens pour y croire (des gens pour vendre ça je suis certain qu’il y en a eu)

      3. J’ai déjà des éoliennes verticales sur une aire d’autoroute, pour récupérer le déplacement d’air des véhicules. De mémoire c’était sur l’A7 mais pas certains.

  2. Par contre, faire venir du gaz de shi(s)t(e) , très polluant à produire, par méthaniers, très polluant à faire venir, et de plus, très cher, pas de problème . Aucun écolo n’ en parle , bizarre …C’ est toujours la faute de Marcel qui va à son travail avec sa Twingo de 2002 .

  3. Combien a déboursé Colas pour cette expérimentation ?
    Que l’état subventionne la recherche, pourquoi pas.
    Mais nos politiques ont aucune culture technique et scientifique pour décider de tels investissements. Et les lobby sont souvent en arrière plan….

    1. Colas a sans doute déboursé autant, ou peut-être plus en R&D et travaux. Surtout qu’ils se sont engagés à priori à tout remettre en état après l’expérience 🙂

  4. Combien cette débile profonde qui allait si bien avec Hollande aura coûté à la société? On se rappellera aussi ses bagnoles de golf, l’écotaxe avortée…
    Les conseilleurs ne sont hélas pas les payeurs. Vraiment une mère scandale, résultat des courses de la discrimination positive en politique arrivée avec elle: En résultat, on a ouvert la porte à tout et surtout à des tartes. Il est loin le temps des pointures comme Momone arrivées à force de volonté et compétence.

  5. Idée saugrenue mais on ne peut pas reprocher à Colas de l’avoir tenté, comme disait Homer Simpson, « il ne faut jamais rien tenter dans sa vie, c’est le meilleur moyen de se planter ». On peut par contre reprocher à l’état de soutenir ce type de projet donc la viabilité est beaucoup trop incertaine, ça n’est pas son rôle.

  6. « Reste que 5 millions d’euros auraient permis l’installation de panneaux plus classiques, quitte à les mettre sur des ombrières. C’est d’ailleurs la méthode favorite actuellement pour ne pas prendre plus de fonciers puisque l’on met les panneaux en hauteur, sur des parkings ou même des champs. »

    C’est la méthode favorite en ce moment, quitte à le faire de manière aussi intelligente que cette route solaire. Qu’on pose une ombrière sur un parking bitumé de supermarché ne me choc pas, mais j’ai déjà vu des ombrières sur une aire de covoiturage en gravier. C’est surement plus efficace qu’une route solaire pour la production d’électricité, mais quand on nous parle de zéro artificialisation des sols, ça me fait bien rire. C’est sûr qu’un sol en gravier est plus perméable qu’un sol en bitume, mais il faudrait que l’eau puisse l’atteindre quand même pour que ce soit positif ^^

    1. Petite information : l’eau tombe vers le bas (sauf si elle lit un panneau avec une flèche pointée vers le ciel)

  7. J’ai trouvé le projet intéressant et j’aurai été le premier à applaudir si ça avait fonctionné.
    Le simple fait d’installer des dispositifs ne tenant pas à la pression et l’abrasion engendrés par une circulation régulière laisse songeur. C’est soit de l’amateurisme, soit de l’incompétence, voire les deux.
    Imaginez un manufacturier de pneu qui crée un gommard générant de l’électricité. La voiture se recharge en roulant. Après avoir conçu les outils pour la production, on sort une petite série et on fait les 1ers essais. Pour s’apercevoir que le pneu a une très faible adhérence au macadam. C’est ballot !
    C’est à se demander ce qu’a fait Colas. Analyse de la valeur, cahier des charges, étude de faisabilité ? À ce stade, le chef de projet aurait dû annoncer que ce n’était pas viable. Le tout pour un petit chèque entre 50 et 100 k€. Ça aurait évité un énième gaspillage d’argent public.

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