La Chine délivre ses premiers permis de conduite autonome de niveau 3 à BAIC et Changan, marquant une étape clé pour l’industrie automobile.
Les constructeurs automobiles chinois BAIC Motor Corp. et Changan Auto Co. ont enregistré une nette progression en Bourse après l’annonce de l’octroi des premiers permis chinois autorisant l’assistance avancée à la conduite de niveau 3. Cette décision marque une étape importante pour l’industrie automobile du pays, engagée dans une montée en puissance rapide des technologies de conduite autonome et des véhicules électriques intelligents. Ces autorisations permettent, sous conditions strictes, une circulation sans conducteur actif dans des zones et à des vitesses définies par les autorités locales.
Les marchés financiers ont immédiatement réagi à cette avancée réglementaire. Les actions de Blue Park New Energy Technology Co., la filiale spécialisée dans les véhicules électriques de BAIC cotée à Shanghai, ont atteint la limite quotidienne de hausse de 10 %. De son côté, Changan Auto a progressé de 5,5 %. Cette réaction reflète l’intérêt croissant des investisseurs pour les technologies d’assistance à la conduite, considérées comme un levier stratégique de compétitivité pour les constructeurs automobiles chinois face à la concurrence internationale.
Une évolution majeure par rapport à l’assistance de niveau 2
Jusqu’à présent, la technologie d’assistance à la conduite disponible en Chine relevait principalement du niveau 2. À ce stade, les systèmes embarqués peuvent assurer certaines fonctions comme la direction, le maintien dans la voie, les changements de file ou la gestion de l’accélération et du freinage. Toutefois, le conducteur reste entièrement responsable du véhicule et doit garder les mains sur le volant, tout en demeurant constamment attentif à la circulation.
Le passage au niveau 3 représente une évolution significative. Dans ce cadre, la navigation et certaines décisions de conduite peuvent être confiées au véhicule lorsque les conditions sont réunies. Les règles établies par le gouvernement de la ville de Pékin en avril précisent également qu’en cas d’accident survenant pendant l’activation de cette technologie, le constructeur automobile pourrait assumer une part de responsabilité. Ce changement juridique accompagne l’évolution technologique et souligne l’implication croissante des autorités dans l’encadrement de la conduite autonome.
Des autorisations limitées à des zones et vitesses précises
Les permis accordés à BAIC et Changan s’inscrivent dans un cadre géographique et technique strictement défini. Pour BAIC, l’autorisation concerne la berline électrique Arcfox Alpha S, qui peut fonctionner en mode de conduite autonome conditionnelle dans certaines zones de Pékin. Cela inclut notamment des portions d’autoroutes reliant les aéroports de la capitale, avec une vitesse maximale autorisée de 80 km/h. Cette approche progressive vise à tester la fiabilité des systèmes d’aide à la conduite dans des environnements contrôlés.
Du côté de Changan Auto, un véhicule électrique de la marque Deepal est autorisé à circuler sur des autoroutes désignées dans les zones centrales de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine. La vitesse maximale y est limitée à 50 km/h, selon un avis publié par le ministère de l’Information et de la Technologie industrielle. Ces limitations illustrent la volonté des autorités de déployer la conduite autonome de manière graduelle, en tenant compte des spécificités urbaines et des enjeux de sécurité routière.
Une stratégie nationale pour la conduite autonome
La Chine considère la conduite autonome comme un objectif stratégique, à l’image de sa politique de soutien à l’essor des véhicules électriques. Les autorités ont fixé l’ambition de faire du pays un leader mondial du secteur d’ici 2035. Dans ce contexte, plusieurs entreprises spécialisées dans les robotaxis, telles qu’Apollo Go de Baidu, Pony AI ou Weride, opèrent déjà des véhicules sans conducteur de niveau 4, ne nécessitant pas de conducteur humain.
Parallèlement, d’autres constructeurs automobiles poursuivent le développement de solutions de niveau 3. Tesla continue d’améliorer son système Full Self Driving, qui reste positionné à un niveau 2 avancé. Mercedes-Benz dispose quant à lui d’un avantage réglementaire avec son système Drive Pilot de niveau 3, approuvé en Allemagne pour des vitesses allant jusqu’à 95 km/h sur autoroute. En Chine, Mercedes, BMW et BYD testent également des modèles intégrant cette technologie dans des villes comme Pékin, confirmant l’intensité de la compétition autour de l’automobile autonome.
Notre avis, par leblogauto.com
L’octroi de ces premiers permis de niveau 3 en Chine constitue une avancée réglementaire majeure pour les constructeurs locaux. Il illustre la stratégie volontariste des autorités chinoises en matière de technologies automobiles avancées. Les limitations géographiques et de vitesse montrent toutefois une approche prudente et progressive. Cette étape pourrait servir de référence pour l’élargissement futur de la conduite autonome conditionnelle sur le marché chinois.
Crédit illustration : Changan.
