#Carstory 19 : La Lamborghini du Diablo

Elle ne s’habillait pas en Prada, mais elle n’en était pas moins diabolique ! C’était d’ailleurs son nom officiel ! Oui ! Dans cet épisode de cars story, nous allons vous parler de la Lamborghini Diablo !

Le difficile remplacement de la Countach

Lamborghini Countach
Au fil du temps, la Countach a perdu la pureté de ses lignes originelles – (C) Hatem BEN AYED

Si la Lamborghini Miura est sans nul doute la plus belle création du constructeur de Sant’Agata Bolognese, la Countach est devenue, durant les années 80, un modèle emblématique de la marque ! La sportive italienne, pilotée par la ravissante Farrah Fawcett, dans le film Cannonball Run (1981) a, au fil des années, abusé d’appendices aérodynamiques. Pendant que la Countach sombrait dans le Tuning, les équipes de Lamborghini étudiaient déjà sa remplaçante.

En effet, le constructeur italien a ouvert ce dossier dès 1985 en lançant le projet 132. Sur le plan technique, le châssis tubulaire dérivait de celui de la Countach et il en était de même pour le V12 maison ! Pour ce qui est du design, la marque a dans un premier temps songé à Italdesign, la maison fondée par Giorgetto Giugiaro. Néanmoins, les propositions de ce dernier n’ont pas convaincu et la maison au taureau a finalement fait appel au génie de Marcello Gandini.

Les origines du projet 132 remontaient à 1985 – (C) Lamborghini

Tout semblait rouler comme sur des roulettes ! Le développement du projet se faisait sous la houlette de l’ingénieur Luigi Marmiroli avec un lancement programmé pour le courant de l’année 1988. C’était sans compter sur les difficultés financières de la Casa del toro. Chrysler, alors dirigée par Lee Iacocca, s’est offert le constructeur d’Emilie-Romagne durant l’année 1987. Ce rachat n’a pas été sans effet sur le projet 132. Les équipes de Chrysler, dirigées par Tom Gale, ont souhaité lui apporter quelques modifications, notamment sur le plan esthétique. La face avant a été retravaillée par le géant américain au grand dam de Gandini !

Gandini provoque le lancement (précipité ?) de la 132

Lamborghini Diablo
Les designers de Chrysler ont apporté quelques modifications au dessin de Marcelo Gandini – (C) Lamborghini

Un crime de lèse-majesté ? Oui et l’artiste ne s’est pas fait prier pour montrer sa désapprobation. En guise de vengeance, il donna à la Cizetta V16T, une ligne similaire à sa vision initiale de la « 132 ». Certains estiment même qu’il s’agit du design original mais cette affirmation reste difficile à vérifier…. Toujours est-il que cette nouvelle donne semble avoir accéléré le remplacement de la Countach ! Ainsi, Lamborghini a levé le voile sur sa nouvelle super-sportive en 1990 à Monaco et lors du Salon de Détroit, ville où se trouve le siège de… Chrysler !

Comparée aux dernières Countach, cette nouvelle diablerie présente des lignes très pures et sans appendices inutiles. Elle avait des lignes tendues. La voiture était très basse, bien campée sur ses roues. Les portes, qui s’ouvraient en élytre, produisaient toujours leur petit effet. Cette nouvelle italienne se targuait d’être la nouvelle référence de sa catégorie. Il faut dire qu’elle revendiquait une vitesse de pointe de 325 km/h. Il s’agissait, alors, de la voiture de série la plus rapide du monde !

La Lamborghini Diablo devient la voiture de série la plus rapide du Monde

Lamborghini Diablo
Au volant de la Lamborghini Diablo, il était possible d’atteindre les 325 km/h – (C) Lamborghini

Son nom ? La Diablo ! Si ses performances avaient largement de quoi envoyer en enfer les plus braves des conducteurs, ce patronyme n’avait rien à voir avec l’antre de Lucifer. Comme le voulait la tradition, celui-ci était en rapport avec la tauromachie. Il s’agissait du nom d’un taureau légendaire.

Sur le plan technique, elle utilisait un châssis ainsi qu’une carrosserie en aluminium. Quant à son V12, équipé d’une culasse à 48 soupapes, il a vu sa cylindrée grimper à 5707 cm3. Cela lui permettait d’offrir une puissance de 492 ch qui déboulaient sur les seules roues arrière. Dernier détail, la Diablo c’était un peu le dernier des Mohicans de son époque. Elle faisait donc l’impasse sur toutes les assistances de conduite. La direction assistée ? Inconnue au bataillon ! L’ABS ? Inutile !

Tout ceci était alléchant mais il y a eu un hic ! A vouloir sortir avant la Cizeta V16T, la mise au point de ce bel engin a été bâclée ce qui causa quelques soucis de fiabilité, notamment au niveau de… l’embrayage ! Une histoire bien ironique, lorsque l’on sait que Ferrucio créa sa marque… du fait de son insatisfaction de celui de ses Ferrari !

Fiabilisation et développement de la gamme Diablo

Lamborghini Diablo
La Diablo VT bénéficiait d’une transmission intégrale – (C) Lamborghini

Ces problèmes de fiabilité ont été résolus durant l’année 1992 permettant à la firme de Sant’Agatha Bolognese de songer à diversifier sa gamme. Ainsi, en mars de la même année, à l’occasion du Salon de Genève, Lamborghini a dévoilé un concept car, préfigurant la Diablo Roadster.

Pour le millésime 1993, Lamborghini a lancé la Diablo VT. Réputée pour être très (trop ?) sauvage, la Viscous Traction, avait pour objectif de « civiliser » la Diablo ! A cet effet, elle a adopté la transmission intégrale de la LM002, ainsi que des freins à double piston Brembo, un nouvel embrayage et des suspensions électroniques Koni. La Diablo a également évolué sur le plan esthétique durant l’année 1993, puisque les rétroviseurs sont devenus de la même teinte que la carrosserie. Des prises d’air ont également fait leur apparition sur le pare-choc avant.

Lamborghini Diablo S.E 30
La Diablo S.E 30 a été lancée pour fêter les 30 ans de la marque – (C) Lamborghini

En 1994, la Casa del Toro a fêté son 30ème anniversaire en lançant une Diablo S.E 30. Au programme de cette édition limitée, une cure d’amaigrissement de 125 kg et des suspensions mécaniques à la place des amortisseurs pilotés Koni. La dimension des freins a également été revue à la hausse tandis que la carrosserie s’est dotée de quelques éléments spécifiques comme un aileron. Ce modèle fabriqué à 150 exemplaires disposait de 525 ch. Il y avait même une série limitée dans la série limitée ! En effet, 28 exemplaires ont reçu un kit carrosserie « Jota » avec notamment un nouveau capot moteur et une prise d’air au-dessus du toit. Côté moteur, si la cylindrée du V12 n’a pas bougé d’un poil, il n’en est pas de même pour la puissance qui a été portée à 595 ch !

Une Lamborghini Diablo décoiffante avant le néant !

Diablo Roadster
En 1995, la Lamborghini Diablo a permis de rouler cheveux aux vents – (C) Lamborghini

Deux nouvelles Diablo ont fait leur arrivée en 1995. La première nouveauté de la marque au taureau était la Diablo Roadster. Cette version découvrable de la sportive italienne n’était disponible que dans une version VT mécaniquement identique au coupé. Elle disposait donc des quatre roues motrices. Les amateurs de propulsions ne pouvaient certes pas rouler cheveux aux vents mais profitaient désormais, grâce à la nouvelle SV, d’un V12 de 520 ch. Ce n’est pas tout car la SV a apporté quelques petites améliorations comme des freins plus gros et une instrumentation redessinée.

Il a fallu attendre 4 ans, avant que la Diablo ne refasse parler d’elle. Durant ces 4 ans, la marque a connu quelques péripéties ! Chrysler a revendu Lamborghini aux Indonésiens de Megatech en 1994. 4 ans plus tard, la crise asiatique a obligé les Indonésiens à céder le constructeur italien à Audi. Les allemands qui avaient des projets pour la firme italienne ont procédé au restylage de la Diablo. Les emblématiques pop-up ont cédé leur place à des optiques fixes… empruntés à la Nissan 300ZX !

Audi donne un coup de jeune à la Diablo

Lamborghini Diablo
En 1999, la Lamborghini Diablo s’est offert un restylage et cette version GT – (C) Hatem BEN AYED

Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, ils ont également lancé une Diablo GT. Cette édition limitée à 80 exemplaires se voulait à la fois sportive et luxueuse. Dotée d’un châssis en carbone et d’un V12 de 5992cm3 développant 575 ch accolé à une boîte 5, elle ne faisait pas l’impasse sur les équipements de confort comme la climatisation ou le GPS. Les performances de cette machine étaient stratosphériques ! La vitesse maximale était donnée pour 340 km/h tandis que le 0 à 100 était effectué en 3s9.

Pour le reste de la gamme, le V12 maison était toujours de la partie mais les version VT et SV ont vu leur puissance grimper à 530ch grâce à l’adoption d’un admission variable ! L’ABS a également fait son apparition dans la dotation de série de la Diablo. L’an 2000 a marqué la fin de la Diablo SV, tandis que la VT et la Roadster ont reçu des jantes de 18 pouces.

La version VT 6.0
La Lamborghini Diablo VT 6.0 dispose d’un look modernisé – (C) Lamborghini

Cette même année a permis à la Diablo de connaître son ultime évolution avec l’arrivée de la Diablo VT 6.0. Cette version est bien plus qu’un simple restylage ou qu’une nouvelle version. Il s’agit presque d’une nouvelle Diablo, puisque les évolutions esthétiques de l’auto ont été dictées par l’utilisation d’un nouveau châssis et de nouveaux trains roulant : ceux de sa future remplaçante. Cette Murciélag… Oups ! Je voulais dire cette Diablo était équipée de la transmission intégrale, mais à la demande de quelques clients, Lamborghini a produit quelques modèles faisant passer ses 575ch sur les seules roues arrière.

Les derniers râles de la Lamborghini Diablo

Lamborghini Diablo VT 6.0 S.E
Le oro Elios était l’une des deux couleurs des dernières Diablo VT 6.0 S.E – (C) Lamborghini

Le début du nouveau millénaire devait sonner le glas de la Diablo. En effet, en 2001 la Diablo a fait sa tournée d’adieu avec deux séries spéciales. La première a été la Millenium Roadster qui était de couleur gris argent métallisée. La deuxième a été la VT 6.0 S.E qui a été fabriquée à 42 exemplaires. Ce modèle ne pouvait s’associer qu’à la couleur Oro Elios ou Marrone Eklipsis.

Après 11 ans de carrière et un peu plus de 2900 unités produites, la diabolique Lamborghini, a cédé le flambeau à la Murciélago, le premier modèle entièrement étudié sous l’ère Audi.

Les petites histoires de la grande Histoire

Vous le savez j’aime bien vous raconter des histoires dans l’histoire ! On ne fera pas d’exception pour la Diablo !

Commençons par son nom ! Comme le veut la tradition, la Diablo tire son nom d’El Diablo ! il s’agit d’un bovidé de sexe masculin qui appartenait au Duc de Veragua. Celui-ci a combattu avec force et vigueur face à José Lara Jiménez à Madrid en 1869.

A sa sortie, la Diablo avait établi un record du monde ! Non, on ne parle pas de vitesse ou de performances ! Avec ses pneus arrière en 335, l’italienne avait tout simplement le pneu arrière le plus large de la production automobile !

Diablo SVR
La Lamborghini Diablo SVR permettait de participer à des compétitions dédiées au modèle – (C) Lamborghini

En 1996, Lamborghini a lancé une version de sa Diablo dédiée à la compétition. Il s’agissait de la SV-R. Cette version qui sortait 540ch pour un poids de 1385kg disposait d’un arceau et d’organes optimisés pour la course. Une course monospécifique a été développée pour la Diablo. La SV-R a été fabriquée à 32 unités.

Et si on vous dit Lamborghini Coatl, ça vous parle ? Si vous pensez que ce modèle n’a jamais existé, alors ces quelques lignes sont faites pour vous ! Durant sa période indonésienne, la Casa Del Toro a signé un contrat de distribution pour l’Amérique Latine avec une entité dénommée Automoviles Lamborghini Latinoamérica S.A. De cet accord, naîtra une Diablo défigurée produite au Mexique ! Si on reconnait les lignes de la voiture, le choix des optiques avant et arrière étaient, disons-le, d’un goût douteux !

Lee Iacocca, l’américain qui aimait les voitures de sport italiennes

Le coeur de la bête
L’ordre d’allumage du moteur est inscrit sur le moteur – (C) Lamborghini

Chrysler, présidé par Lee Iacocca, a racheté Lamborghini durant le développement de la Diablo. Il s’agit d’un remake d’un événement qui s’était déroulé dans les années 60. Lorsqu’il était Vice-Président de Ford, Iacocca avait essayé de faire racheter Ferrari par le géant américain. Malheureusement pour lui, ce rachat a tourné au fiasco…

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