Ottawa entretient le flou sur l’examen des tarifs sur les véhicules électriques chinois

Ottawa réexamine ses tarifs de 100 % sur les véhicules électriques chinois, mais sans calendrier clair, entre pression industrielle et enjeux commerciaux.

Un processus d’examen sans calendrier défini

Le gouvernement canadien affirme réexaminer sa décision d’imposer des tarifs de 100 % sur les véhicules électriques chinois, en vigueur depuis le 1ᵉʳ octobre 2024. Cependant, Ottawa reste vague sur la date de début et la durée de cet examen. Le ministère des Finances précise qu’il s’agit d’un processus “informel”, sans ouverture publique ni échéance fixe. Cela contraste avec l’annonce initiale, qui prévoyait une révision dans l’année suivant l’entrée en vigueur des tarifs.

Des tensions commerciales avec la Chine

Cette incertitude survient alors que les relations commerciales entre le Canada et la Chine sont tendues. Pékin a récemment imposé de lourds tarifs sur le secteur canadien du canola, un geste largement perçu comme des représailles. Les surtaxes canadiennes sur les véhicules électriques visaient à s’aligner sur les mesures américaines et à contrer les pratiques de subventions et de surproduction de la Chine, accusée d’inonder le marché mondial avec des modèles moins chers.

Confusion entre examen des tarifs et mandat ZEV

L’ambiguïté a été renforcée lorsque le Premier ministre Mark Carney a semblé confondre l’examen des tarifs avec l’étude en cours sur le mandat de vente de véhicules zéro émission (ZEV), suspendu pour 2026. Ce dernier fait l’objet d’une consultation officielle de 60 jours lancée le 5 septembre. Mais il s’agit de deux dossiers distincts, et le bureau du ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a confirmé que l’examen des tarifs avait bien débuté, sans en préciser la date exacte.

Les positions divergentes des parties prenantes

Le sujet divise profondément les acteurs économiques et environnementaux.

  • Le secteur automobile canadien plaide pour le maintien des tarifs afin de protéger la production locale et préserver la compétitivité des chaînes d’approvisionnement nord-américaines.
  • Les groupes environnementaux, eux, souhaitent leur suppression ou leur réduction, estimant que la concurrence accrue des véhicules chinois permettrait d’accélérer l’adoption de l’électromobilité et de réduire les prix pour les consommateurs.

Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario, a récemment adressé une lettre au gouvernement fédéral pour défendre le maintien des droits de douane, insistant sur la nécessité d’harmoniser la stratégie canadienne avec celle des États-Unis afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement intégrées.

Une diplomatie économique en mouvement

Parallèlement, le Canada semble adopter une approche de réengagement diplomatique avec la Chine. Plusieurs ministres fédéraux doivent se rendre à Pékin dans les prochains mois pour renouer le dialogue commercial. La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, prévoit une visite à la mi-octobre, tandis que Carney a rencontré son homologue chinois Li Qiang en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Des acteurs comme le Conseil canadien du canola saluent cette reprise des discussions, considérant que ces échanges sont indispensables pour parvenir à des solutions sur les litiges commerciaux, notamment ceux concernant le canola et les véhicules électriques.

Un enjeu stratégique pour le marché canadien

Les décisions qui découleront de cet examen auront un impact majeur sur l’avenir du marché canadien de l’électromobilité. Le maintien des tarifs pourrait protéger l’industrie locale mais ralentir la baisse des prix pour les consommateurs. À l’inverse, leur suppression favoriserait une concurrence accrue mais pourrait fragiliser les producteurs nord-américains.

Pour l’instant, l’incertitude domine. Ottawa assure que les recommandations finales au ministre des Finances sont en cours de préparation, mais sans calendrier précis. Cette situation laisse les constructeurs automobiles, les investisseurs et les consommateurs dans l’expectative, alors que la transition vers les véhicules électriques est un pilier central de la politique climatique canadienne.

Crédit illustration : BYD.

(3 commentaires)

  1. Il est fort Donald : depuis qu’il est revenu au pouvoir, tout le monde a remplacé « taxe douanière » par son équivalent anglais « tarif ».

  2. Je pense que les Canadiens se posent également la question … C’est mieux qu’acheter Américain ou Chinois !?
    Cette question n’est plus « évidente » depuis 9 mois.

    1. J’ose espérer que les Canadiens, qui ont subi depuis des années des actions très agressives de la part de la Chine (guerre hybride, intimidation, espionnage, emprisonnement arbitraire de leurs ressortissants, intrusions dans la ve politique locale, et même jusqu’à intimer aux populations locales d’origine asiatique de ne pas oublier qu’elles sont d’origine chinoise et devront s’en souvenir en cas de conflit) feront la différence avec un Trump foutraque mais sans réel danger pour eux, passées les grandes annonces décérébrées mais sans lendemain.

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