A force de se mettre en conformité avec les nouvelles normes d'émissions, les véhicules diesel les plus récents sont moins polluants sur certains critères que leurs équivalents à essence. Un constat que vient de confirmer une étude rendue publique mercredi par l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen).
Des données de comparaisons essence/ diesel
Cinq ans après le scandale du "dieselgate" qui avait semé le doute sur le marché, le ministère de la Transition écologique a demandé que soient établies des mesures sur huit véhicules de différentes marques et gammes, comparant une version essence et une version diesel équivalente selon différents usages, et choisissant des véhicules de dernière génération mais ayant déjà roulé quelques dizaines de milliers de kilomètres.
Les véhicules Euro 6d-TEMP respectent en moyenne les seuils normatifs en usage réel
Premier résultat: "les véhicules Euro 6d-TEMP (la dernière norme européenne en vigueur, NDLR) essence comme diesel respectent en moyenne les seuils normatifs en usage réel", soulignent les auteurs de l'étude de l'IFPEN.
Le diesel mauvais sur le NOx
Des différences notables entre les technologies subsistent toutefois. Les émissions d'oxydes d'azote (NOx) nocives et pour lesquelles la France est condamnée chaque année à une amende, sont 2,8 fois supérieures en diesel, à 57 mg/km en moyenne.
Deux véhicules équipés d'un filtre moins récent, sans système de dépollution à l'urée (AdBlue), ont même été mesurés au-delà des normes, et seront examinés par l'autorité chargée de la surveillance du marché.
Les moteurs essence mauvais sur les particules fines et carbone
Cependant, les émissions de particules fines sont largement supérieures en essence qu'en diesel, jusqu'à 2,6 fois supérieures sur les véhicules les plus lourds. Les émissions de monoxyde de carbone sont aussi supérieures en essence, à 434 mg/km, contre 83 mg/km en moyenne pour les véhicules diesels.
Une étude qui renforce la transparence
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili s'est félicitée dans un communiqué de ce rapport qui "renforce la transparence sur les émissions réelles de l'offre essence, diesel et hybride récente, dans des situations de conduite variées".
Pour Luc Chatel, le président de la Plateforme automobile (PFA), qui représente l'industrie, c'est également "une contribution très utile à la transparence" qui montre que "les constructeurs et les équipementiers respectent les normes" alors qu'il y a selon lui "énormément de désinformation et d'attaques injustifiées contre l'automobile".
Pour polluer vraiment moins, un hybride rechargeable doit rouler à l'électricité
L'étude a également comparé les émissions des véhicules hybrides et hybrides rechargeables, poussés par les constructeurs mais très critiqués pour leurs niveaux d'émissions dans leur utilisation réelle, qui correspondent rarement aux chiffres affichés.
Pour polluer vraiment moins, un hybride rechargeable doit rouler à l'électricité, résume l'étude.
Le Kia Niro testé "est aussi bien capable d'approcher le zéro émission (en cas de recharge systématique entre des trajets plus courts que l'autonomie électrique et de conduite peu dynamique) ou ne faire qu'égaler son homologue non rechargeable (sans pour autant être pire)", expliquent les auteurs.
Pour une citadine comme la Toyota Yaris, le gain en matière d'émission de CO2 par rapport à la version essence est en effet de 33% sur les parties urbaines, alors qu'il est nul sur les tronçons autoroutiers.
"Malgré de réels progrès ces dernières années sur les motorisations thermiques, l'étude montre l'importance d'accélérer la transition vers la mobilité électrique ou électrifiée", a souligné Barbara Pompili, "et l'importance des conditions d'usage des véhicules hybrides qui influent sur leur niveau d'émissions".
Elisabeth Studer avec AFP
Les résultats complets de l'étude : ICI