Euro 7 plus strict : l’UE dit niet !
par Elisabeth Studer

Euro 7 plus strict : l’UE dit niet !

C’est niet ! Les pays membres de l'UE ont écarté lundi un nouveau durcissement des normes de pollution sur les gaz d'échappement des voitures particulières. Argument invoqué : de telles mesures risqueraient – selon les 27 - de freiner les investissements des constructeurs dans les véhicules électriques.

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L’UE vote en faveur d’une réglementation moins stricte que celle de la Commission européenne

Suivant la position impulsée notamment par la France et de l'Italie, les pays membres ont voté en faveur d'une réglementation moins stricte que la proposition formulée par la Commission européenne en novembre 2022. Objectif : préserver la compétitivité de l'industrie automobile européenne …. laquelle représente 14 millions d'emplois au sein de l'UE.

Eléments notables : la position de Paris et Rome a été notamment partagée par la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie.

Ce texte - relatif à la norme Euro 7 - doit s'appliquer à partir de 2025. Destiné à remplacer la norme Euro 6, il s’adresse à tous les véhicules particuliers et poids lourds, quels que soient leur type de motorisation.

Adoptée lundi malgré l'opposition – notable - de l'Allemagne, la proposition de l'Espagne, qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, prévoit de conserver quasiment à l’identique les limites d'émissions et les conditions de tests des voitures particulières et utilitaires légers, par rapport à la norme précédente.

Elle confirme néanmoins un abaissement des seuils d'émission pour les poids lourds ainsi que l'introduction de limites fixées pour la première fois en Europe à l'émission de particules provoquée par l'usure des freins et des pneus. Reconnaissant ainsi ouvertement une problématique de taille : la pollution générée par la modes des SUV qui plus est électriques, aux allures de plus en plus volumineuses …. non sans impact sur l’avenir de notre planète.

La nouvelle réglementation devra toutefois encore être négociée avec le Parlement européen qui n'a toujours pas défini sa position.

Une réglementation trop stricte trop impactante sur l’emploi et les prix

Alors que la Commission européenne entendait réduire de manière drastique les émissions d'oxyde d'azote (NOx) et de particules fines des véhicules – arguant notamment que la pollution de l'air était responsable de 70.000 décès chaque année dans l'UE - l’industrie automobile avait fortement réagi en mettant en garde sur l’éventuel impact que la mise en place de telles normes auraient sur l'emploi et sur le prix des voitures. Alors que les tarifs des nouveaux modèles sont de moins en moins accessibles pour la classe moyenne, la répercussion des coûts de recherche et développement engendrés par la mis en conformité / adaptation aux normes ne ferait qu’accentuer le problème.

Des réactions contrastées

"La position des États membres est une amélioration par rapport à la proposition de la Commission qui était totalement disproportionnée", a affirmé Sigrid de Vries, directrice générale de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).

Ce texte est "un désastre pour la qualité de l'air" car il "fait passer les profits records des constructeurs automobiles avant la santé des citoyens", estime au contraire Anna Krajinska pour l'ONG Transport & Environment.

"Le projet actuel est considérablement affaibli", a déploré pour sa part le secrétaire d'Etat allemand écologiste Sven Giegold, épinglant des "conditions de test et des valeurs limites peu ambitieuses qui reviennent quasiment au niveau de la norme Euro 6".

"Les véhicules thermiques vendus jusqu'en 2035 vont rester en circulation pendant très longtemps", a quant à lui souligné le ministre délégué irlandais Dara Calleary, estimant que le texte ne permettait pas d'exploiter les possibilités des technologies disponibles.

"Le marché européen risque de se retrouver à la traîne par rapport à la Chine, aux Etats-Unis et au Canada, où les normes sont plus élevées", a-t-il affirmé.

La France a quant à elle salué la position de la Commission européenne. "Puisqu'on a décidé ensemble de sortir des moteurs thermiques, il n'est pas forcément indispensable de rajouter de la régulation" sur ces motorisations, a expliqué le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure. Pour rappel, l'Union européenne a acté la fin des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, ouvrant ainsi la voix aux véhicules 100% électriques.

L’industrie confrontée à de lourds investissements

Alors que la part des voitures électriques a dépassé 20% des immatriculations totales en Europe en août dernier, le ministre italien des Entreprises, Adolfo Urso a déclaré que l’UE avait « besoin d'amorcer cette transition sans imposer une charge disproportionnée sur les entreprises ». Sans quoi elles ne pourraient plus investir …. « ce qui nous éloignerait de notre objectif écologique", a affirmé le ministre.

Devant déjà faire face à de coûteux investissements pour développer leurs nouvelles gammes électriques tout en restant concurrentiels face à Tesla et les constructeurs chinois, la filière automobile souhaite à tout prix limiter de devoir en parallèle réaliser d’onéreuses dépenses dans les motorisations thermiques pour s’adapter à des normes de plus en plus strictes, et ce d’autant plus que ce type de motorisation est vouée à disparaître.

Notre avis, par leblogauto.com

Une position de l’UE qui reprend en tous points ou presque celle de Luca de Meo – Président de l' Association européenne des Constructeurs Automobiles (ACEA) et DG du Groupe Renault – lequel a exhorté en février dernier les dirigeants de l'UE à mettre en place une politique industrielle ambitieuse et structurée du secteur automobile. Objectif affiché : être en mesure de rivaliser avec les autres régions du monde.

De Meo avait alors ouvertement critiqué - une nouvelle fois - la politique de l’UE concernant l’Euro 7. Faisant référence à la proposition de l’Union européenne au sujet des émissions polluantes. Laquelle impose selon lui des contraintes irréalistes sur l'industrie, et pourrait même ralentir la transition vers la décarbonisation.

“Se conformer à l'Euro 7 entraînerait des augmentations de coûts qui pourraient dissuader les clients d'acheter ces nouvelles voitures”, avait averti de Meo.

Il avait même estimé que la mise en œuvre « de telles mesures serait au final de nature à prolonger la durée de vie de la flotte automobile actuelle, conduisant au maintien sur les routes et de manière prolongée de voitures plus anciennes, polluant davantage. »

“Nous soutenons que nous pourrions parvenir à un bien meilleur rapport coût-bénéfice, si nous réorientons les investissements considérables que l'Euro 7 nécessiterait vers l'électrification » a déclaré De Meo. Selon lui, cela permettrait de produire des véhicules électriques plus abordables pour les consommateurs, et de développer des technologies "zéro émission" pour l'amélioration de la flotte.”

Encore une fois l’ACEA et de Meo plaidaient alors contre la mise en place de l’Euro 7, estimant la projet largement improductif. Au final ce que reproche à l’UE le patron de l’industrie automobile européenne c’est de contraindre les constructeurs à courir deux lièvres à la fois … Multipliant dépenses et investissements tout en sachant pertinemment qu’au final un seul lièvre franchira la ligne d’arrivée ….

Sources : AFP

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Pour résumer

Les pays membres de l'UE ont écarté lundi un nouveau durcissement des normes de pollution sur les gaz d'échappement des voitures particulières. Argument invoqué : de telles mesures risqueraient – selon les 27 - de freiner les investissements des constructeurs dans les véhicules électriques.

Une position de l’UE qui reprend en tous points ou presque celle de Luca de Meo – Président de l' Association européenne des Constructeurs Automobiles (ACEA) et DG du Groupe Renault – lequel a exhorté en février dernier les dirigeants de l'UE à mettre en place une politique industrielle ambitieuse et structurée du secteur automobile. Objectif affiché : être en mesure de rivaliser avec les autres régions du monde.

De Meo avait alors ouvertement critiqué - une nouvelle fois - la politique de l’UE concernant l’Euro 7. Faisant référence à la proposition de l’Union européenne au sujet des émissions polluantes. Laquelle impose selon lui des contraintes irréalistes sur l'industrie, et pourrait même ralentir la transition vers la décarbonisation.

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