Sécurité routière: on encourage les comportements à risque chez les garçons

Spécialiste des liens entre auteurs d’infractions et constructions sociales, l’expert de l’université catholique de Lille explique que les garçons sont, dès l’enfance, encouragés à avoir « des comportements à risques ».

QUESTION: les hommes conduisent-ils plus dangereusement que les femmes ?

REPONSE: « au niveau mondial, près de trois fois plus d’hommes que de femmes meurent sur la route. La conduite à risque des hommes peut s’expliquer par le rôle clé de l’éducation parentale et de la socialisation au risque, qui est différenciée chez les filles et chez les garçons. Pour ces derniers, on a tendance à encourager les comportements à risques.

Un autre vecteur important est la diffusion et la réception des contenus des médias de masse (télévision, cinéma, séries). Dans la série de films « Fast and Furious » par exemple, on présente des héros masculins, musclés et virils et le public opère une association entre ces personnages et la prise de risque au volant.

Le respect de la règle et la prudence sont des caractéristiques qui renvoient davantage à la féminité.

Q: aucune femme n’adopterait de comportement dangereux au volant ?

R: il y a une différenciation à faire entre ce qui relève du sexe biologique et de la construction sociale de la masculinité ou de la féminité.

On peut prédire les comportements à risque sur la route, indépendamment du sexe biologique des individus, en fonction de leur expression de genre: masculine ou féminine. Des travaux montrent que dans les classes sociales privilégiées, les femmes conductrices auraient un profil et un comportement qui se rapproche de celui des hommes, et la différence entre auteurs et autrices d’infractions serait moins marquée.

On va associer la masculinité à la performance, à la réussite sociale et à la domination, ce sont aussi des marqueurs associés aux classes sociales les plus élevées.

Le fait pour une femme d’accéder à cette classe peut la rapprocher des caractéristiques et des comportements inhérents à la masculinité. On retrouve cela dans l’étude d’autres comportements à risques, au-delà de la conduite automobile.

Q: les messages de prévention adressés à la population vous semblent-ils adaptés à la réalité des profils des morts sur la route ?

R: je n’ai pas le sentiment que ces messages se basent toujours sur les connaissances scientifiques dont on dispose. Une démarche qui consisterait à tester l’efficacité des messages fait défaut et de nombreux spots de prévention consistent à jouer sur l’appel à la peur.

On capitalise sur la crainte de la mort, de la blessure ou de la perte d’un proche mais ce n’est pas toujours efficace: le public peut développer des mécanismes de défense qui se traduisent par un rejet du message, un déni et une minimisation de l’impact des comportements à risque.

Utiliser l’appel à la peur requiert d’expliquer aux gens qu’ils sont en mesure de changer leurs comportements, c’est ce qu’on appelle le sentiment d’efficacité personnelle en psychologie. L’idéal serait d’avoir des messages ciblant à la fois la population générale et le public plus spécifique des victimes de la route, sans tomber dans une stigmatisation des jeunes. »

Propos recueillis par Thomas GROPALLO

Par AFP tg/nk/pa/caz

(24 commentaires)

  1. Le fait qu’il y ait plus de décès d’hommes que de femmes doit être mis en relation avec le fait que les hommes conduisent bcp plus que les femmes. Dans de nombreux pays les femmes ne conduisent quasiment pas.
    Aussi l’article ne parle que l’aspect social mais omet de mentionner la différence de comportement inerante au sexe. L’hommes ayant « naturellement » un comportement plus competitif et agressif que la femme.

    1. Es tu sur que c’est « naturellement » que l’homme est plus agressif ? Par exemple, une fois les préjugés laisses de coté, les scientifiques étudiants la préhistoire se sont rendus compte que les femmes aussi, chassaient (au lieu d’attendre lascivement le retour du mâle tout en s’occupant des gosses et en ramassant des baies et des plantes).

      1. Ce sont les hormones. La testostérone exacerbe l’agressivité, l’envie de gagner, “la hargne”. Donnez de la testostérone à une personne du sexe féminin, vous aurez le même changement de comportement (ça se fait dans certains sports).
        Donc oui, c’est naturellement vrai. La société n’arrange rien, mais il y a un fondement physiologique.

        1. Ironiquement, des études ont montré aussi que la testostérone incitait aux comportements altruistes.

          Même si : »Les auteurs de ces travaux, qui ont eu lieu au Trinity College de Dublin, précisent toutefois cette bonté d’âme n’est pas désintéressée. Elle serait motivée par un instinct primaire qui pousse l’homme à protéger ou améliorer son propre statut social et augmenter ainsi les chances de procréer »

          Bref, testostérone= agressivité est un peu simplifié.

    2. quel argumentaire implacable cette phrase… ca en est d un risible et montre bien la frivolite de cette pseudo jeunesse qui rejete la faute sur les autres sans trop ce preoccupe de ces erreurs

  2. C’est l’évidence même, faut aller faire un stage de récupération de points pour s’en apercevoir, 3 femmes sur 25 participants, ratio de 1 pour 10 en faveur des femmes concernant les personnes emprisonnées, combien de femmes tuées par des hommes ? Etc…. la société est devenue plus machiste plus violente

    1. toutafé d’accord, j’ai 50 ans, je suis sidéré du comportement machiste de certains hommes plus jeunes … j’ai vu un gamin dire des choses à une adolescente devant ses parents dont le papa tout content d’avoir un « homme » alors qu’au même âge je me serais pris un baffe carabinée de la part de mon père pour avoir osé dire de telles insanités.
      et pourtant mon père bossait sur des chantiers, donc pas au milieu de fillettes !

      les derniers accidents vus : des femmes en erreur de « manipulation » ou distraites, et des hommes en conduite à risque : doubler en haut d’une côte, rouler trop vite sans visibilité, rouler bourré … emprunter un pont avec un véhicule trop lourd …

  3. Ah ah ah ah ah !
    Il n’y a qu’à voir le nombre de femmes conduisant le smartphone à la main même sur autoroute pour se rendre compte que les comportements dangereux ne sont pas seulement liés à l’agressivité.
    De même les femmes au volant oublient la courtoisie. C’est à elles de passer elles passent, point barre.
    Cette étude oublie des faits bien importants : le nombre d’hommes au volant est sans doute plus important que celui des femmes, en particulier hors occident…

    1. si c’est à moi de passer, je ne vois pas pourquoi je ne passerais pas.
      Donc si c’est à une femme de passer, c’est normal qu’elle passe !

    1. Autrice est un mot français attesté depuis la renaissance. Si on remonte un peu plus, dès le Ier siècle, on parle d’autrix ou d’auctrix.
      Il n’y a que la volonté de la religion de « masculiniser » tout un tas de métier ou de fonction qui fera peu à peu mettre en avant auctor.
      Mais le féminin reste volontiers employé.

      La gagadémie (quand elle se braque comme cela il n’y a pas d’autre terme) a voulu accepter auteure comme au Québec 😉 mais…on a déjà un mot en français, attesté dans des écrits dès 1500 et quelques avec autrice.

      Donc l’autrice d’une infraction est une femme qui commet une infraction, comme son pendant homme, l’auteur d’une infraction.

      Dans son rapport du 28 février 2019, l’Académie Française reconnait qu’il existe, ou a existé, des formes concurrentes, telles que « authoresse » ou « autoresse », « autrice » et plus souvent aujourd’hui « auteure ».
      Cependant, auteure est un néologisme quand autrice est historique.
      Voilà voilà.

      1. Merci pour cette explication très claire.
        Mais, pour ma part – étant moins lettré que vous – c’est « auteure » que j’emploierai (car « autrice » me choque vraiment à l’oreille).

        1. En fait cela choque jusqu’à ce que l’on s’aperçoive par exemple que l’on dit agricultrice et non agriculteure 🙂
          On parle d’ailleurs aussi d’amateur de langue française, ou d’amatrice et non d’amateuse 😛

          C’est le suffixe « -tor » latin qui se décline en « trix » au féminin comme dans acteur/actrice (et non acteuse).
          En Espanol cela donne à l’heure actuelle le suffixe « -triz » comme dans actriz.
          Mais, très étrangement….on n’a pas autriz mais autora 😀 (aïe bobo la tête).

          Comme pour beaucoup de choses, l’usage imposera sa loi, sauf pour les amateurs de tétratrichotomie/tétrapilectomie/quadricapillosection 😀 🙂

          1. Autant je n’aimais pas ça quand j’étais à l’école, autant aujourd’hui je trouve presque dommage de ne pas avoir fait de latin pour connaître les origines des mots comme ça. Par contre, même si c’est dommage de perdre les origines comme ça, le fait que « auteure » passe plus souvent que « autrice » fait que le français est une langue vivante et non une langue morte comme le latin.

          2. Je ne regrette pas d’avoir poussé le latin jusqu’au bac 🙂

            Et je me souviens toujours d’une remarque de ma prof en 4e sur le français qui est en fait un mauvais latin (la Gaule ayant été envahie non pas par des Romains bon teint mais par des légionnaires qui parlaient mal le latin).
            Exemple. La tête en latin c’est caput/capitis (qui donne capitale, peine capitale, per capita (par personne/tête), etc.
            Tandis que testa signifie cruche (ou pot de terre cuite). Donc en gros disait-elle, lorsque l’on dit j’ai mal à la tête, c’est comme si on disait j’ai mal à la cafetière.

            Voilà pour l’anecdote inutile 🙂

  4. « Dans la série de films « Fast and Furious » par exemple, on présente des héros masculins, musclés et virils et le public opère une association entre ces personnages et la prise de risque au volant. »

    Si on créait une série de films « Fast en Furious » avec des héroines féminines, bien roulée et sexy, ça crierait au sexisme, à l’utilisation du corps de la femme etc…

    1. Surtout qu’il y a Michelle Rodriguez ou d’autres actrices qui font aussi vroum vroum dans ces films…

  5. FF comme référence, y a 30 ans il aurait pris Canonball comme image du machisme exacérbé …. Quoi que les Barbie dans la Lambo c’était très cliché ^^

    1. Notre « expert », avec FF, date déjà un peu: Il oublie le jeu vidéo régulièrement rendu responsable de tous les maux!

      Il oublie aussi que si on faisait moins chier les gens avec le contrat de moyens (limiter juste les gravités et mettre des panneaux de limitations de plus en plus ridicules avec des moyens techniques toujours plus affûtés pour percevoir l’octroi de passage « rapide ») pour en revenir à celui de résultat (avoir moins d’accidents tout court), peut-être que le seul paramètre valable et commun aux 2 sexes pourrait de nouveau jouer son rôle: L’homéostasie du risque.

      Il élude tout simplement le plus puissant régulateur de la prise de risque, désormais rendu totalement inefficace par les politiques menées (dictées par des associations de « victimes »… ou de « gens qui ont eu des accidents » et prétendent apprendre aux autres comment les éviter). Celui qui fait que le manque d’attention devient actuellement la norme, quand ça ne finit pas avec un endormissement doublement favorisé avec en prime des trajets bien plus longs que nécessaire.

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