Les 6h de Spa-Francorchamps, troisième manche du championnat du monde d’endurance (WEC), ont donné quelques réponses sur le niveau des équipes engagées en Hypercar.
Au théâtre, ce serait la répétition générale. A un mois des 24 Heures du Mans, les 6 Heures de Spa-Francorchamps ont servi de dernier test avant la plus célèbre des épreuves du championnat du monde d’endurance (WEC). En cette époque où les Hypercar sont figées, l’épreuve ardennaise n’est plus une séance de vérification des kits aérodynamiques. Mais le tracé le plus proche du Mans permet quelques comparaisons instructives.
Ferrari favori, mais…
Le cheval cabré est reparti de Belgique avec sa troisième victoire consécutive et un nouveau doublé. La n°51 de James Calado, Antonio Giovinazzi et Alessandro Pier Guidi a précédé de 4 secondes sur la ligne d’arrivée la n°50 de Nicklas Nielsen, Miguel Molina et Antonio Fuoco. Les deux équipages caracolent en tête du mondial. Tout va bien, donc, dans la dernière ligne droite avant la Sarthe.
Mais le triomphe des rouges a été entaché par les soucis de turbo qui ont ralenti la « jaune ». La 499P n°83 a terminé la course à la 30e et dernière place, à 39 tours des leaders, après de longues réparations. Inhabituel. L’évolution apportée à Sao Paulo l’an dernier avait corrigé une tendance à « cuire » les freins : c’était là l’un des rares défauts de fiabilité de l’Hypercar transalpine.

Prises de risques aux 6h de Spa
Et si AF Corse ne se trompe plus sur ses stratégies, l’exploitation s’accompagne de risques. Les deux voitures officielles ont connu des accidents lors des essais libres. On note aussi dans notre carnet la curieuse inversion de position décidée entre les deux voitures dans la voie des stands et sous voiture de sécurité (pour mieux gérer les arrêts). Cette manoeuvre osée démontre que l’équipe « fait tapis » pour gagner quelques secondes. Cette fois, l’écurie transalpine n’a reçu qu’une simple réprimande. Mais jouer à la limite du règlement est sans doute à déconseiller au Mans…
En parlant de risques, les attaques d’Alessandro Pier Guidi ont animé la fin des 6h de Spa. Pour le meilleur : l’Italien a dépassé Mick Schumacher (Alpine n°36) et Robin Frijns (BMW n°20) par l’extérieur de l’arrêt de bus en une seule manœuvre. Chapeau. Mais le rugueux pilote de Tortona a aussi tassé la M Hybrid V8 contre le mur des anciens stands, quelques instants plus tard. Là aussi, on peut se demander si tant d’agressivité serait judicieux sur une épreuve plus longue.
Questions pneumatiques
De surcroît, Ferrari a été obligé de composer avec l’usure des pneumatiques sur un circuit rapide et une température plus élevée que prévu (jusqu’à 31°C sur la piste en début d’après-midi). Michelin mettait ce week-end à disposition des équipes les mélanges tendres et medium de ses Pilot Sport. L’allocation était plafonnée à 18 pneus pour les qualifications et la course. Et seule la BMW n°15 a osé passer une partie de la course avec les « soft ».
Sur la numéro 51, James Calado s’est notamment plaint à la radio d’avoir à surveiller la température de ses gommes pendant la course. « Nous sommes au niveau de Toyota sur la gestion des pneus », nous expliquait Alessandro Pier Guidi il y a quelques semaines à Imola. On saura sans doute mi-juin si son jugement est valide.
La question à trancher au Mans : le pire adversaire de Ferrari sera-t-il Ferrari ?
6h de Spa : Alpine est tout près
Deuxième podium consécutif pour les Bleus, avec la troisième place de la n°36 sous le damier. Mais contrairement à celui d’Imola – aidé par une stratégie astucieuse – Alpine aurait pu mener un vrai duel avec Ferrari. L’A424 fut malheureusement retardée par une crevaison lente en fin de course.
L’équipage auteur du podium a particulièrement brillé ce week-end. En ouverture, Frédéric Makowiecki a effectué un relais de classe. Il doubla avec autorité la Ferrari n°83 de Phil Hanson à la sortie de La Source, puis déborda sans peur la Ferrari n°51 de James Calado à l’approche du Raidillon.

Un an après son arrivée en Hypercar, Jules Gounon a placé la voiture en tête des 6h de Spa avec beaucoup de maturité. Et Mick Schumacher a impressionné en fin de course. Après une crevaison lente, l’Allemand a enchaîné une épatante série de 18 boucles consécutives sous la barre des 2:07, dont un meilleur chrono en 2:04.184 avec des Michelin Pilot Sport en mélange medium. C’est le meilleur chrono des alpinistes pendant les six heures de course.
Déçu mais fier des 6h de Spa
« D’un côté on est déçu, mais de l’autre je suis très fier de l’équipe, témoignait Fred Makowiecki à l’arrivée. On comprend mieux la voiture, on l’exploite mieux. Sans la crevaison on finissait 2e même si la première place aurait été un peu plus difficile à conquérir ». Le simple fait que l’on parle ainsi de victoire est déjà une sacrée réussite pour l’équipe française.
La question à trancher au Mans : Alpine peut-il faire aussi bien sur 24 Heures ?
Peugeot, c’est frustrant
A Spa-Francorchamps, le Lion était dans le match. Mais une fois de plus, cela n’a pas payé.
« Nous avons décidé de diviser les stratégies entre nos deux voitures à mi-course pour couvrir toutes les possibilités, expliquait Olivier Jansonnie, le directeur technique, à l’arrivée. Mais nous ne sommes pas parvenus à capitaliser sur l’opportunité offerte par une voiture de sécurité ». La n°93 de Jean-Eric Vergne, Paul di Resta et Mikkel Jensen termina l’épreuve à une anonyme 11e place.
La n°94 a été contrainte à l’abandon. Lors d’un duel, le jeune Malthe Jacobsen a subi un léger contact avec la BMW n°20. La suspension arrière-gauche fut endommagée. « Je suis vraiment désolé pour l’équipe qui méritait un podium ce week-end », s’excusait-il après la course.
Des chronos positifs
Mais il y a tout de même de quoi se réjouir. En début de course, Paul di Resta (n°93) et Loïc Duval (n°94) figuraient en bonne position dans le peloton, bataillant avec les Alpine et les BMW.

Surtout, l’analyse des meilleurs chronos donne de bonnes nouvelles de la Peugeot. Loïc Duval a signé un 2:04.632 dans les premiers tours de course. Les Toyota (meilleure marque en 2:04.796 pour Mike Conway) ou les Cadillac (2:05.120 pour Alex Lynn) faisaient moins bien. Or, les GR010 et les V-Series R ont terminé entre les 4e et 7e places de ces 6h de Spa…
La question à trancher au Mans : Peugeot peut-il enfin avoir de la chance ?
Texte : Andy David / Auto Press Club – Photos : DPPI
A lire sur Le Blog Auto : 6h d’Imola : les gagnants et les perdants
Très belle course malgré cette étrange BoP.
On attend LeMans et avec des ajustements.
Et encore respect à Alpine !!!
Cocorico
🙂
La BoP est basée sur le début de saison et la dernière course de l’an dernier, la Ferrari semble surtout avoir de la « réserve » là ou par exemple la Porsche en subit les conséquences (peut-être délibérément pour avoir une meilleure Bop aux 24h?)
La Peugeot qui a abandonné… Quelle était sa place !? svp.
3ème je crois au moment de l’abandon?
Merci @polo… Sérieusement ?… Mais c’est fantastique !?
C’est mieux que de la simple participation ?
Déjà que même avec des résultats moyens… Ils apprennent, ils sont là… Et ils progressent.
Et quand on voit une Peugeot devant une Porsche … Elle n’est pas forcément sur le point de se prendre un tour !
Bravo donc à Peugeot !