La catégorie M1E sur de bons rails : pour le meilleur et pour le pire ?

L’Europe pourrait enfin avoir sa catégorie « kei cars », la M1E. Si au Japon ces keijidōsha sont thermiques ou électriques, en Europe, ce seront de « petits » véhicules électriques. On vous explique.

L’Europe a décidé d’assouplir (tout est relatif) la restriction des émissions de CO2 à l’horizon 2035. Toutefois, le VE n’est pas oublié puisqu’il reste LA solution pour l’Europe. Ainsi, vieille demande des constructeurs, une catégorie de voitures intermédiaires devrait voir le jour. C’est sans doute aussi pour cela que Renault arrête les frais avec le Mobilize Duo qui sera encore plus obsolète alors.

L’idée de la catégorie M1E est de créer de « vraies » voitures, mais plus légères que des M1 électriques classiques. Comment ? En limitant la taille à 4,2 m de long, mais surtout en leur offrant un répit règlementaire. Les règles seraient gelées pendant au moins dix ans et les véhicules M1E ne seraient pas assujettis à toutes les normes d’aides électroniques par exemple.

L’Europe dans les traces de l’Inde ?

Pour aider à la vente de ces voitures qui en offriront « moins » pour un prix qui serait tout de même élevé, l’Europe devrait créer des « super crédits CO2 ». Ainsi, un M1E produit en Europe comptera pour 1,3 unité dans la moyenne des émissions du constructeur. Cela devrait permettre de baisser fortement la moyenne des émissions. On pourrait donc avoir dans un même hall d’exposition de concession une M1E côtoyant une thermique sportive à V8. Seule la moyenne des ventes comptera et 100 M1E compenseront 1 ou 2 thermiques d’image.

Mais, l’Europe voit plus loin. En effet, elle souhaite que la catégorie M1E devienne la « norme » pour le prix des stationnements, des péages, et autres. Les M1 classiques deviendront, de fait, des véhicules surtaxés comme peuvent l’être aujourd’hui les camping-cars, les fourgons, etc.

Toutefois, les SUV resteront sans doute la norme de cette future catégorie. Il est clair qu’avec 4,2 m de long, les constructeurs arriveront encore à faire ces véhicules à la mode. C’est le cas en Inde par exemple qui a une législation favorable pour les véhicules sous les 4 m de long. Et il y a pléthore de SUV. L’Europe embraye donc le pas de l’Inde, en attendant la cubanisation de notre parc pour ceux qui ne pourront – ou ne voudront – pas passer à l’électrique.

2035, un assouplissement pour les riches ?

Quand l’annonce du « renoncement » de l’Europe à mettre à 0 les émissions de CO2 des véhicules à l’horizon 2035 a été faite, certains ont cru que c’était la fête du thermique. Que nenni. Pour atteindre les objectifs, il faudra tellement restreindre les émissions que seuls certains véhicules continueront d’être thermiques. Ce seront des « super hybrides rechargeables » (des électriques à prolongateur d’autonomie) ou des thermiques fonctionnant aux carburants de synthèse.

Cela provoquera immanquablement un nouveau renchérissement des prix des véhicules et ces « petits » M1E seront alors vus comme abordables. Mais ils ne le seront pas pour autant. Pour jouer les bons élèves, les constructeurs pourront utiliser de l’acier bas carbone produit en Europe. Ce paquet de mesures est donc officiellement « climatique » mais surtout industriel. L’alliance de la taxe et de la carotte.

Dacia est un des premiers à montrer qu’il est prêt pour cette catégorie M1E avec le Dacia concept Hipster. Nul doute que les constructeurs chinois réagiront très rapidement à cette nouvelle catégorie quand elle verra le jour. Du côté de nos constructeurs, il faut voir si les Renault Twingo E-Tech ou autres petits VE pourront être descendus en catégorie via la suppression de certains équipements. Sur le papier pour le moment, Renault semble se frotter les mains, Stellantis moins, malgré la présentation du Citroën ELO.