Auteur/autrice : Pierre-Laurent Ribault

Quand le besoin se présente de s’habiller décemment, la seule chose que l’homme de goût puisse vraiment envisager est de pousser la porte d’un respectable établissement de Savile Row, Londres. S’il est un tant soit peu dynamique, il pourra s’y rendre au volant d’une Lotus Exige sans craindre d’impair. Et de fait, à l’instigation du grand magasin Harrods, Lotus a demandé à la maison Gieves & Hawkes d’habiller l’Exige. Le tailleur londonien a donc recouvert les sièges, les contreportes et la planche de bord d’un tissu pin striped bleu marine, tandis que le dos des sièges est tendu de la soie habituellement utilisée dans les doublures. Les tapis de sol sont du cuir dont on fait les bonnes chaussures. La couleur de la carrosserie reprend le bleu marine et les raies du tissu qui est en parallèle utilisé par Gieves & Hawkes pour la confection d’un costume appelé « Spy Suit », en clin d’oeil à un certain agent secret qui a eu l’occasion de conduire une Lotus au cours de sa carrière.

Honda vient de faire savoir qu’il va racheter les 55% des parts de BAR Honda Ltd qu’il ne détient pas encore d’ici à la fin 2005 pour devenir intégralement propriétaire de l’écurie. Ce rachat signifie que Honda disputera le championnat de Formule 1 2006 sous son nom propre, entrant de fait dans le club en expansion des « pures » écuries de constructeurs en compagnie de Ferrari, Renault, BMW et Toyota. Cette opération marque également le désengagement de British American Tobacco, qui n’a plus grand chose à gagner dans un sport qui s’efforce d’arrêter de fumer. Il est trop tôt pour connaître les mouvements que ce changement de propriétaire entrainera dans l’effectif, mais Honda assure d’ores et déjà que le team restera dans sa base actuelle de Brackley. En tout état de cause, cet investissement de Honda prouve la motivation du constructeur et confirme que l’écurie sera un sérieux client pour le titre dans les prochaines années. Si l’on met en perspective la gêne aux entournures que Williams s’apprête à subir la saison prochaine, Jenson Button apparait a posteriori plus comme le fils de Madame Soleil que le gamin capricieux que tout le monde a moqué. Dont acte.

Voilà la nouvelle Yaris Verso, dans sa guise japonaise, présentée aujourd’hui au Japon sous le curieux nom de Ractis. Elle remplace la Fun Cargo, nom précédent, et elle est effectivement un peu moins Fun même si toujours autant Cargo.

Continuons la présentation des concept cars Suzuki du Tokyo Motor Show avec le monospace P.X. S’adressant aux pères, il veut être leur espace privé, à leur goût, sans concession à la famille envahissante. L’idée est précieuse au Japon où l’espace personnel est denrée rare. A cet effet, l’intérieur luxueux de ce monospace spacieux de 4420 mm de long pour un empattement de 3000 mm peut accueillir 6 personnes, mais contrairement à la règle c’est la rangée du milieu qui fait figure de parent pauvre avec 2 sièges simplistes qui coulissent et s’emboîtent derrière les sièges avant, transformant l’arrière en limousine dans laquelle on accède par une double porte. Allez jouer ailleurs les enfants, et laissez Papa déguster un petit verre de champagne tranquillement. Le style évoque le design streamline des bus Greyhound et des caravanes Airstream tandis que le poste de pilotage, avec de grandes surfaces chromées, des rangées de basculeurs et un tableau de compteurs tout ronds semble sorti d’un comic book de Buck Rogers. Ce délicieux futurisme vintage est ramené au présent du 21ème siècle par les grosses roues de 20 pouces, l’installation vidéo hi-fi dernier cri et des sièges siglés Recaro qui ne dépareraient pas dans une Maybach. On jongle avec les références sans trop se poser de questions dans les bureaux de design japonais, mis en confiance par le triomphe planétaire du Cool Japan. Délirons, délirons, il en restera toujours quelque chose.

Comme le métro parisien, les voitures neuves ont une odeur très particulière. Cette odeur est agréable au nez du conducteur moyen car elle est le plus souvent associée dans un processus Pavlovien à la satisfaction d’avoir mis la main sur l’objet de ses rêves, de pouvoir enfin s’installer au volant et en jouir sans entraves. Mais ce fumet de victoire n’est pas inoffensif, étant constitué d’un cocktail d’émanations de colles, solvants et plastiques contenant benzène et formaldéhyde entre autres joyeusetés cancérigènes. Cette nocivité a été révélée à la suite d’études similaires réalisées sur les bâtiments neufs lors de recherche sur le Syndrome du Bâtiment Malsain. Une étude australienne a montré que l’habitacle d’une voiture neuve pouvait contenir des substances nocives jusqu’à un niveau 128 fois supérieur au niveau autorisé pour un bâtiment neuf.

Le second concept car présenté par Suzuki au Tokyo Motor Show 2005 est dans la catégorie devenue traditionnellement une spécialité des constructeurs japonais du « concept car de science fiction nous on n’a peut-être jamais eu Fangio ou Caracciola sous contrat pour se construire un pédigré mais le futur c’est ici que ça se passe ». Le IONIS est un micro monospace, spécialité de Suzuki, qui symbolise « le sens de la responsabilité du constructeur face aux problèmes de l’environnement » (prend ça, Hummer). IONIS est équipé d’une pile à combustible, bien que la plateforme puisse embarquer indifféremment un moteur thermique. Le design extérieur est sensé évoquer l’univers aquatique, subtile allusion au fait que la pile à combustible rejette de l’eau. C’est très branchie comme concept (pardon).

La Toyota Prius est déjà rentrée dans l’histoire automobile comme la première hybride de masse, mais malgré son étonnante adoption par le monde des stars et des paillettes elle n’apparait pas sur le radar des vrais amateurs de vraies voitures. Le New York Times a décidé d’attaquer le problème sous un autre angle en confiant une Prius des plus standards à Georges Barris, « The King of Kustomizers ». Barris est une légende vivante, responsable des voitures de cinéma les plus célèbres comme la Batmobile de la série télévisée 60s, le corbillard Cad réformé des Ghostbusters, la De Lorean de Doc Brown entre autres mais aussi inventeur de la Mercury leadsled et du mouvement Kustom, et auteur de tous ces engins fantasmagoriques à base de Ford T que nous autre petits Français avons découvert sous forme de maquettes plastiques importées des states dans les années 70. Malheureusement, le Times a en partie lié les mains du Godfather Of Kustom en le limitant à un budget de 10.000 dollars et interdiction de mettre le doigt dans l’électronique. Le résultat est encourageant, mais on aurait préféré qu’ils lâchent un hacker dans le compartiment moteur. Pour l’instant, il en sort une machine baroque et brillante de mille feux bien dans le style Barris, qui ne pourra pas faire de burnouts aux feux rouges mais qui est largement assez Kool pour lancer le cruising sur moteur électrique.