Toyota sous pression : des investisseurs dénoncent l’opacité du rachat de Toyota Industries

Des investisseurs exigent plus de transparence sur l’offre de rachat de Toyota Industries par Toyota Motor, évaluée à 31,2 milliards de dollars.

Des inquiétudes croissantes autour d’une offre jugée opaque

Le projet de rachat de Toyota Industries Corporation par Toyota Motor Corporation, annoncé en juin pour un montant de 4,7 billions de yens (soit environ 31,2 milliards de dollars), fait l’objet de vives critiques. Un groupe d’investisseurs représentant plus de deux douzaines d’entités a adressé, le 8 août dernier, une lettre ouverte aux conseils d’administration de Toyota Motor et Toyota Industries. Ces signataires, membres de l’Asia Corporate Governance Association (ACGA), demandent davantage de transparence sur une opération jugée à la fois complexe et conflictuelle.

Prévu initialement pour décembre, le processus de rachat a été retardé. En cause : un manque de clarté dans la méthodologie d’évaluation des actifs de Toyota Industries, combiné à des pratiques de gouvernance contestées. « Au cœur de nos préoccupations se trouve le manque de divulgation complète de l’évaluation », indique l’ACGA. L’association reproche notamment l’absence de véritable négociation sur le prix de l’offre, une exclusion insuffisante des parties en conflit lors du vote minoritaire, et une évaluation jugée trop opaque.

Selon les détails de l’offre, la filiale immobilière Toyota Fudosan Co. propose 16 300 yens par action, ce qui représente une décote de 11 % par rapport au cours de clôture de Toyota Industries au moment de l’annonce. Ce niveau de valorisation a suscité l’inquiétude des investisseurs, qui estiment que la proposition sous-évalue significativement l’entreprise, notamment en négligeant la valeur des participations croisées, des actifs immobiliers et de la flotte de véhicules.

Une gouvernance d’entreprise remise en question

L’ACGA, qui regroupe plus de 100 entreprises et investisseurs institutionnels gérant ensemble plus de 40 000 milliards de dollars d’actifs, s’interroge également sur l’indépendance du processus décisionnel. Elle critique particulièrement l’interprétation laxiste de la règle dite de la « majorité de la minorité ». En effet, Toyota a compté parmi les actionnaires minoritaires indépendants des sociétés telles que Denso Corp., Aisin Corp. et Toyota Tsusho Corp. — toutes ayant des liens capitalistiques étroits avec le groupe Toyota — ce qui pourrait constituer une violation de l’esprit de cette règle de protection des actionnaires minoritaires.

Autre point de tension : le rôle d’Akio Toyoda, président de Toyota Motor, qui serait impliqué à titre personnel dans l’opération. Les investisseurs demandent des explications précises sur la manière dont la transaction pourrait améliorer l’efficacité du capital et sur les mesures prises pour limiter les conflits d’intérêts.

En réponse, Toyota Motor a affirmé avoir engagé un dialogue constructif avec les investisseurs et défend la légitimité du processus. « Les négociations ont été menées de bonne foi par le biais d’un processus juste et indépendant, en tenant suffisamment compte des intérêts des actionnaires minoritaires », a déclaré l’entreprise dans un communiqué.

Au Japon, ce rachat est observé de près, car il pourrait permettre de résoudre une structure capitalistique de type parent-enfant, souvent critiquée pour son manque de clarté et d’efficience. Il s’inscrit aussi dans une dynamique plus large encouragée par les autorités japonaises, visant à démanteler les participations croisées historiques entre conglomérats, libérer du capital et renforcer la gouvernance des grandes entreprises cotées.

Par ailleurs, les trois principales banques japonaises — Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui et Mizuho Financial Group — se sont engagées à prêter collectivement 2,8 billions de yens pour financer l’opération, illustrant l’importance stratégique de ce rachat au sein du paysage industriel japonais.

Notre avis, par leblogauto.com

L’opération de rachat de Toyota Industries par Toyota Motor soulève des questions légitimes sur la gouvernance et la valorisation. Le recours à des entités liées pour valider la minorité indépendante fragilise la crédibilité du processus. L’enjeu dépasse le simple rachat : il reflète les tensions entre traditions industrielles japonaises et attentes croissantes en matière de transparence. Le soutien massif des banques témoigne néanmoins de la solidité financière de l’opération.

Crédit illustration : Toyota Industries.

Un commentaire

  1. Ben oui et ils ont raison de demander.
    Quand celui qui rachète évalue le bien qu’il veut entièrement contrôler c’est pas transparent.

    Plus proche de nous … le dépeçage de Vivendi en 3 divisions rachetées par Bolloré pas intégralement mais contrôlée par lui avec des transferts de sièges sociaux en Angleterre.

    Ça manque de vigilance en ce moment sur de nombreuses entreprises. Tant que Musk jouera les épouvantails avec ses 1000 milliards les autres constructeurs peuvent manœuvrer sans tapage médiatique.

    Pour Toyota c’est ballot!

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