On a vu : F1, avec Brad Pitt

Jamais la F1 n’a semblé aussi « bankable » ! Après la série « Drive to survive » de Netflix, qui a donné un coup de projecteur inédit à la discipline et contribué à son succès aux Etats-Unis, puis la mini-série Senna, voici venue la superproduction hollywoodienne, qui consacre sa renommée et sa popularité grandissante.

Si l’on met de côté Rush, qui revenait sur la rivalité historique entre James Hunt et Niki Lauda, le seul véritable long métrage qui était sorti au cinéma en traitant la F1 en son temps était le film Grand Prix de John Frankenheimer, en 1966 ! A la fin des années 90, Sylvester Stallone avait développé un projet et entamé des négociations avec Bernie Ecclestone, mais cela n’avait pas abouti et Rocky s’était rabattu sur le CART pour réaliser le fameux Driven…

Entre de bonnes mains

Pour F1, les gros moyens ont été sorti (300 millions de dollars !) en coproduction d’Apple Studios, de Warner qui distribue et bien entendu Liberty Media, le détenteur des droits.

Pour mener à bien un tel mastodonte, il fallait des gens qui savent y faire : à la production, on retrouve tout simplement Jerry Bruckheimer, l’un des rois d’Hollywood, qui a été derrière les Flic de Beverly Hills, Top Gun, Armaggedon ou encore Jours de Tonnerre. Lewis Hamilton est aussi impliqué dans la production, apportant sa caution « scientifique ».

Derrière la caméra, c’est Josef Kosinski, qui a démontré sa capacité à filmer la vitesse et à faire des prises de vue spectaculaires avec Top Gun Maverick. Enfin, le film est porté par la star Brad Pitt, qui touche ici son plus gros cachet (30 millions) et apporte évidemment son charisme et sa renommée mondiale.

Plein la vue !

Disons -le de suite, c’est globalement une réussite ! Grâce à un montage millimétré et des prises de vue incroyables (en reprenant le principe des mini caméras de Top Gun), la réalisation retranscrit avec beaucoup de réalisme et de dynamisme la sensation de vitesse, le pilotage, l’intensité des départs, les duels ou encore les arrêts aux stands. Certains y verront un style visuel trop « clean » et proche de Drive to survive, un gigantesque clip promo pour la F1 sans doute (et Liberty Media ne s’en cache pas, le titre du film reprend le logo officiel).

Les alternances entre les cadrages sur le casque et le regard des pilotes (le film montre à quel point on conduit avec les yeux aussi !), le cockpit et les vues extérieures sont bluffantes, le tout avec la patte de Kosinski qui, contrairement aux productions Bruckheimer d’antan, n’aime pas l’esbroufe et adopte une approche très réaliste. La musique de Hans Zimmer (lui aussi habitué des productions Bruckheimer) est efficace, mais assez « générique » dans l’ensemble de l’œuvre du compositeur allemand. Le thème est réussi mais le reste est moins maquant que que Jours de tonnerre !

Autre point à noter, le film parvient à retranscrire une multitude de détails et toute la complexité des courses, alors que nous sommes dans un film grand public. La vulgarisation n’est jamais une chose aisée ! On parle de DRS, d’undercut, de sous-virage et survirage, de types d gommes. Le jargon est placé et amené de façon assez pédagogique ! La frénésie de la Formule 1est belle et bien là, sous nos yeux, le réalisme étant renforcé par le fait que les deux acteurs ont été filmés au milieu des autres pilotes, sur de vrais GP (Silverstone 2023 notamment), mais c’est dommage qu’il n’y ait pas eu d’interaction entre eux, même au détour de quelques dialogues.

Un scénario assez classique

Evidemment, le puriste toussera sur certains éléments (notamment quelques tactiques très douteuses et des comportements en piste de Brad Pitt qui ne passeraient pas aussi facilement !) ou les inévitables exagérations inhérentes au grand cinéma qui se doit d’être palpitant, mais les séquences de course intègrent la gestion des arrêts, les stratégies de pneumatiques ou encore les pénalités et les safety-car. C’est donc dense et bien construit, sachant que le film, assez long (2h30), met en scène beaucoup de grands prix sur quasiment une demi saison !

Bon, le film ne va pas révolutionner le genre au niveau de scénario, nous en conviendrons. Le vieux briscard contre le jeune loup, le champion sur le retour au passé traumatisant, l’écurie en galère et le team-manager au bord de gouffre (très bon Javier Bardem), les tensions de la rivalité, les crashs dramatiques. Oui, le cahier des charges semble convenu, certains rebondissements sont attendus, mais le tout est mené avec efficacité et sans trop de temps morts. Certaines invraisemblances aussi sont inévitables. D’ailleurs, Lewis Hamilton avait objecté sur de nombreux points à la lecture du script, mais on lui avait bien expliqué qu’il s’agissait de cinéma avant tout)

Brad Pitt, le Michel Vaillant américain

Le personnage de Brad Pitt, Sonny Hayes, est intéressant, une sorte de mélange entre James Hunt -pour l’attitude rock’n roll et séducteur – et Kimi Raikkonen pour le côté détaché et allergique aux médias. C’est aussi une sorte de Michel Vaillant américain, sur qui le temps n’a pas de prise : en effet, on apprend dès le début du film qu’il fut un espoir de la F1 très prometteur au début des années…90, en ayant combattu Senna et Schumacher, avant qu’un horrible accident (qui se base sur le vrai crash de Martin Donnelly, à Jerez, en 1990) l’ai éloigné des circuits et brisé sa vie. Ayant ensuite couru à droite et à gauche dans le monde, en quête de sens à son existence, il relève le défi de revenir en F1, 30 ans après (!!!), pour aider l’écurie Apex GP de son ami et ancien rival Javier Bardem.

Alors que l’écurie est au fond du trou et en passe d’être vendue, Hayes doit apporter son expérience au jeune pilote prometteur Joshua Pearce, qui a besoin d’être canalisé (un personnage joué par Damson Idriss, moins attachant et un peu tête à claques même si ça s’améliore en cours de rout). Là aussi, ça rappelle un peu le picth de Driven. Les autres personnages sont assez anecdotiques, mais on notera quand même l’incontournable actionnaire véreux et l’effort de mettre une femme comme directeur technique de l’équipe…mais aussi « love interest » de Sonny Hayes) Un peu de classicisme qui fera sans doute rager la bien-pensance.

Au final, faut-il voir ce film ? Oui, absolument. Ce n’est pas tous les jours que la F1 est au cinéma. Porté par un bon casting, une réalisation efficace et des séquences de course spectaculaires, le film F1 remplit sa mision et redonne envie d’aller au cinéma.

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