L’ennui au GP de Monaco : face à la colère, une proposition astucieuse de Wurz

Cherche dépassement désespérément

Le grand prix de Monaco a encore fait jaser le weekend dernier. Sitôt la course terminée, la « Monaco bashing » est reparti de plus belle. Pour ne pas revivre la procession de 2024, la F1 a introduit une règle spécifique au grand prix monégasque cette année : deux changements de pneus obligatoires pour tous les concurrents, afin de provoquer des stratégies et de l’animation. Car, hormis la pluie diluvienne ou les crashs et safety-car en pagaille, le suspense est rarement au rendez-vous.

La recette miracle n’a pas vraiment eu lieu, et, pire, le mieux est parfois l’ennemi du bien : cette règle a poussé certaines équipes, dont Williams, à adopter une tactique anti-sportive, avec une voiture qui roulait lentement et bloquait le peloton, afin de permettre à l’autre monoplace de s’échapper et de se construire un matelas de secondes suffisant pour s’arrêter aux stands sans perdre de position. Cette tactique a échaudé plusieurs pilotes, dont Gorge Russell, qui a décidé de couper délibérément la chicane afin de se débarrasser du « bouchon » Albon, quitte à prendre une pénalité !

Des F1 trop grosses, mais un circuit trop étroit

Bref, dimanche soir, les commentaires acerbes se sont multipliés, entre fan de F1 désabusés réclamant le retrait du grand prix du calendrier, écuries agacées par la règle des deux arrêts et George Russell qui en a remis une couche, en proposant de remplacer la course du dimanche à Monaco par une autre séance de qualification.

« Si ça continue ainsi, cela signifiera finalement la fin pour le Grand Prix car les spectateurs ne l’accepteront pas, » a déclaré Schumacher à Sky Sports Allemagne. « L’atmosphère est géniale, les qualifications sont au top, mais une telle course ne devrait plus se reproduire ».

A tête reposée, il faut trouver une solution. Monaco a prolongé son contrat jusqu’en 2031 et doit trouver une réponse à ces critiques, sous peine de voir en effet sa place au calendrier menacée, en dépit de son statut glamour et historique. Certes, la taille des F1 modernes n’aide pas. Longues, larges et lourdes, elles sont inadaptées à l’étroitesse du tracé monégasque.

L’an prochain, on peut espérer une amélioration avec la nouvelle règlementation 2026 qui rendra les F1 moins larges (1,90m contre 2m) et plus courtes (empattement réduit de 200mm) mais même quand les F1 étaient des « ballerines », les dépassements n’étaient pas légion pour autant. David Coulthard se souvient encore des 50 tours passés derrière Enrique Bernoldi en 2001…

La fausse solution : ajouter un secteur entier avec deux lignes droites

La modification du tracé est en débat depuis plusieurs années déjà, mais nous avons affaire ici à un tracé urbain. Monaco n’est pas Miami ou Singapour, c’est une petite cité à l’Européenne avec très peu de rues larges, du dénivelé, très peu de segments rectilignes, sans oublier une forte densité d’immeubles et la contrainte du rivage. Beaucoup ont suggéré de rajouter une boucle avec deux lignes droites et une épingle, qui débuterait au niveau de la descente consécutive à l’épingle du Fairmont.

Au lieu de plonger vers le Portier et à droite vers le tunnel, les pilotes bifurqueraient d’abord à gauche pour effectuer un segment supplémentaire aux abords du forum Grimaldi, composé d’une première ligne droite avec DRS, d’un « rond point » puis d’un seconde ligne droite DRS puis d’une petite chicane pour casser l’allure avant de repartir foncer dans le tunnel. Problème, l’avenue princesse Grâce, située avant l’entrée du tunnel, est constituée de deux sens de circulation à voie unique séparés par un long terre-plein, la piste y serait donc encore plus étroite qu’ailleurs. De plus, un nouveau quartier, Mareterra, a surgi, gagné sur la mer, ce qui empêche tout élargissement.

La solution délire : le tour du port avec un pont flottant

Autre proposition, encore plus délirante : à la sortie du tunnel, une épingle qui emmènerait faire le tour du port, en passant sur un pont flottant. Les voitures prendraient de nouveaux esses et arriveraient par le quai Antoine 1er pour foncer vers Anthony Noguès. La partie actuelle Tabac / Piscine / Rascasse disparaîtrait.

La proposition d’Alex Wurz pour Monaco, la plus plausible et faisable ?

Une autre proposition intéressante émane d’Alexander Wurz, ancien pilote Benetton et Williams, mais aussi président du GPDA. La proposition de l’autrichien a le mérite de ne pas dénaturer le tracé d’origine.

Le principal changement concernerait la zone de la chicane qui est à la sortie du tunnel. Le freinage serait repoussé d’environ 80 mètres (à peu près là où se trouvent actuellement les techpro), permettant ainsi une zone de freinage plus longue et un élargissement de la piste, alors que la zone actuelle est limitée par l’inclinaison de la route en sortie du tunnel, qui est en léger surplomb par rapport aux quais et au Yacht Club. La solution est également défendue par Christian Horner.

La chicane serait aussi élargie avec une sortie plus progressive, donnant là aussi plus de place afin de réaccélérer vers le virage du Tabac, qui conserve ainsi son aspect spectaculaire avec des F1 engagées à haute vitesse. Problème, cette solution nécessiterait des travaux conséquents, avec une modification des quais et un déplacement de plusieurs emplacements de bateaux, afin de créer une zone d’aménagement gagnée sur l’eau. Quid aussi des dégagements nécessaires dans le prolongement de la zone de freinage ?

 « Je suis convaincu, d’après ma propre expérience en regardant les courses et en discutant avec mes collègues pilotes, que déplacer la chicane plus loin, ce qui, compte tenu des contraintes physiques de toute ville, devrait être possible. Cela signifie que la défense dans ce virage, qui est assez facile à réaliser avec le léger virage à la sortie du tunnel et les bosses, deviendra plus difficile. »

Une histoire de point de corde à Monaco

Les deux autres idées de Wurz sont aussi plutôt astucieuses, car il s’agirait de petites modifications sur certains virages, afin de modifier la trajectoire. D’abord, il propose de modifier la Rascasse, en modifiant l’apex du virage serré qui s’enroule autour du restaurant. En fermant davantage l’angle et en déplaçant le point de corde de quelques mètres, et donc en imposant une trajectoire moins enroulée, cela permettrait un véritable freinage en piqué, qui obligerait le pilote de devant à défendre, mais avec pour conséquence de pénaliser sa sortie de courbe et donc de subir une pression supplémentaire. Par contre, ce décalage imposerait aussi d’élargir la partie externe et le dégagement de la Rascasse, qui jouxte l’entrée du paddock du circuit de Monaco. La proximité des quais et de l’eau limite aussi les modifications urbaines possibles.

« Lorsque ce point de corde sera plus éloigné, la ligne d’entrée changera certainement. Le virage sera beaucoup plus propice aux attaques en piqué, ce qui signifie que tout pilote devant devra soit défendre, soit accepter qu’il laisse la porte ouverte. »

Trottoirs et vibreurs

La dernière modification interviendrait sur l’épingle Fairmont, et nécessiterait des petits réajustements urbains : Wurz propose de rétrécir le trottoir et le vibreur à l’intérieur de l’épingle, qui ont une forme semi- circulaire, afin d’élargir la zone de freinage en pente et donc d’inciter des attaques en piqué. En effet, actuellement, la piste asphaltée se rétrécit au moment où commence l’épingle à cause du tracé du trottoir qui épouse la courbe. Wurz propose aussi d’élargir la sortie de l’épingle, en enlevant le vibreur et en asphaltant jusqu’au muret. Cependant un trottoir et des accès à des résidences s’y trouvent.

« Cela signifie que les pilotes qui descendent auront plus de chances de faire une attaque en piqué. Le pilote de tête devra donc se défendre davantage, ce qui le ralentira. Mais l’épingle est très étroite, il faut donc élargir la piste à la sortie, supprimer le vibreur et recouvrir la piste d’asphalte jusqu’à ce muret, afin de conserver le rayon de braquage. »

Monaco devra trouver une solution, car la concurrence est rude et l’histoire n’est plus un gage d’immunité. Nice n’était-elle pas sur les rangs ?)

Bref, qu’en pensez-vous ?

(5 commentaires)

  1. Ca n’a absolument rien de nouveau, mais maintenant on fait des polémiques de tout.
    L’ambiance à Monaco est quand même absolument fantastique, même si c’est de plus en plus dur d’apercevoir quoi que ce soit sans avoir à payer.
    Le bruit, l’ambiance restent, et heureusement !

  2. Faudrait revenir au tout premier circuit, il était plus large, et avec une chicane entouré de 2 lignes droite

    1. @BlablaPaige : perso j’ai proposé à l’ACM de passer à gauche du pilier du pont du Portier.

      Cela ajoute encore 130 m de circuit. Surtout, cela permet de faire un « long lap »….à prendre 6 fois dans le GP 🙂
      Hop ce bon vieux grigou d’Ecclestone proposait sinon un arrosage « aléatoire » pour pimenter les courses héhé.

      1. Depuis Liberty Media je suis devenu un grand défenseur de l’arrosage automatique:
        -ça va dans le sens spectacle > sport de LM
        -ça compense pour toutes les fois où on ou annonce de la pluie dans 4 tours pour qu’elle arrive après l’arrivée >:(

  3. Ça ne m’embête donc pas de ne pas avoir pu le regarder. Ce qui m’embête plus c’est d’avoir manqué Indianapolis, parce que diffusé sur Canal + Sport, il faut pour s’y abonner s’abonner à Canal + aussi (Bien sûr, sinon ça rapporte moins !). Et donc c’est 50 boules… Alors que s’y on pouvait s’abonner à Canal + Sport seul même à 25€, pour un mois je le ferais. Merci Canal !

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