Le cobalt flambe : l’interdiction d’exportation du Congo fait grimper les prix en Chine

La prolongation de l’interdiction d’exportation du cobalt par le Congo fait bondir les prix en Chine, impactant batteries et industrie mondiale.

Le cobalt en ébullition : la Chine sous tension après l’interdiction prolongée du Congo

La décision de la République Démocratique du Congo (RDC) de prolonger jusqu’en septembre son interdiction d’exportation de cobalt a eu un effet immédiat sur les marchés mondiaux. Le cobalt, élément clé dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques et des alliages industriels, voit sa chaîne d’approvisionnement mondiale profondément perturbée. Le pays africain, premier producteur mondial avec environ 75 % de l’offre, veut reprendre le contrôle du marché. Cette décision stratégique provoque une flambée des prix et met sous pression les acteurs de l’industrie, notamment en Chine, premier importateur de cobalt raffiné.

Une flambée des prix immédiate en Chine

Dès l’annonce de la prolongation de l’interdiction, les prix du cobalt ont bondi de 12 % à la Bourse de l’acier inoxydable de Wuxi, avant de se stabiliser autour de +9 %. Les entreprises chinoises cotées ont rapidement profité de cette hausse :

  • Nanjing Hanrui Cobalt Co. a enregistré une hausse de 9 % à Shenzhen.
  • Ganzhou Teng Yuan Cobalt New Material Co. a progressé de 15 %.
  • Zhejiang Huayou Cobalt Co. a gagné 6 % à Shanghai.

Ces variations traduisent l’inquiétude croissante du marché face à la raréfaction de l’offre. Déjà lors de la première phase d’interdiction entamée en février, les prix au comptant de l’hydroxyde de cobalt – principale forme produite en RDC – avaient doublé. Selon Fastmarkets, les cours du métal ont bondi de près de 60 % depuis.

L’impact sur la production chinoise de cobalt

La Chine, leader mondial du raffinage de cobalt, commence à ressentir les effets en aval. La production de métal de cobalt a chuté de 25 % en mai par rapport au mois précédent, selon les données de Beijing Antaike Information Co. Les analystes anticipent une nouvelle baisse pour juin, accentuant la pression sur les marges des raffineurs chinois.

Cette situation pourrait devenir critique d’ici la fin de l’année, à mesure que les stocks s’épuisent. Thomas Matthews, analyste pour CRU Group, estime que la vraie tension interviendra plus tard : « Attachez vos ceintures », prévient-il.

Les choix stratégiques de la RDC

La RDC justifie cette interdiction par un excès de stocks sur le marché. Mais au-delà de cet argument, la stratégie vise clairement à renforcer son pouvoir sur le marché mondial. En imposant des restrictions d’exportation, le pays entend maîtriser les volumes et faire pression sur les prix.

Cependant, une telle stratégie n’est pas sans risque. Des hausses excessives des prix pourraient accélérer la transition vers des technologies alternatives, notamment des batteries pour véhicules électriques sans cobalt. De plus, le Congo pourrait introduire des quotas d’exportation plus tard dans l’année au lieu d’une interdiction totale, ce qui « remodelerait l’approvisionnement mondial pour un avenir prévisible », selon Matthews.

Réactions du secteur et avenir incertain

Face à cette situation, les principaux producteurs de cobalt essaient de rassurer les marchés. CMOC Ltd., le plus grand producteur mondial, affirme que l’interdiction n’aura pas d’impact substantiel sur ses performances. L’entreprise continue de faire fonctionner ses deux mines congolaises normalement.

Cependant, la logistique reste un frein majeur : avec un délai de transit de 2 à 3 mois, très peu de matières premières actuellement présentes en RDC atteindront la Chine avant la fin de l’année. Les tensions devraient donc s’aggraver.

La société Darton Commodities indique que cette prolongation était inattendue : l’industrie anticipait un mois supplémentaire de suspension, suivi de quotas. Ce changement soudain souligne l’imprévisibilité du marché du cobalt, incitant les consommateurs industriels à envisager des alternatives plus stables.

Notre avis par leblogauto.com

Si l’interdiction devait se prolonger ou se répéter dans le futur, elle pourrait accélérer la transition des fabricants vers des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), qui n’utilisent pas de cobalt. Tesla et BYD explorent déjà ces options pour réduire leur dépendance à des matières premières critiques.

En conclusion, la décision de la RDC marque un tournant stratégique : le pays souhaite s’imposer non seulement comme fournisseur, mais aussi comme régulateur des flux mondiaux de cobalt. Cela redessine les cartes d’un marché déjà tendu, et pousse l’industrie à repenser ses chaînes de valeur et ses technologies.

Crédit illustration : BMW.

(6 commentaires)

  1. Apparemment, le cobalt se recycle à 58 %… à tout point de vue, le recyclage va jouer un grand rôle en UE !
    Ça va devenir un problème « régalien. »

  2. Mais ben oui des éoliennes allemandes qui marchent au gaz russe, des panneaux solaires chinois qui alimentent les villas de la côte d’Azur ou des vêtements mis dans des bacs de tri qui finissent dans les décharges africaines. Niveau recyclage en Europe on est bien des f..x C…l.

    J’ai toujours cette question : comment peut-on recycler des biens que nous ne produisons pas?

    1. « J’ai toujours cette question : comment peut-on recycler des biens que nous ne produisons pas? »
      Pourquoi ?
      Les batteries chinoises ne se recycleraient pas !?
      … Certes, elles ne sont peut-être pas optimisées ?
      Mais globalement… Chinois ou pas… Les déchets peuvent avoir de la valeur !

      1. SGL,
        Si tu ne produits pas que vas tu faire du cobalt que tu auras recyclé? Tu le revends à la Chine.
        Tu recycles = tu réutilises sinon aucun intérêt

        1. Évidemment !
          Pour moi, si l’UE ne produit pas ses batteries… c’est un suicide industriel… et donc on devient les vassaux de la Chine comme actuellement la Russie.
          … Le pire cauchemar !

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