Autopilot de Tesla : la Californie menace les ventes

La Californie somme Tesla de revoir la publicité de l’Autopilot, sous peine d’une suspension de vente sur l’un de ses marchés clés.

Le Département des Véhicules Motorisés de Californie (DMV) a adressé un avertissement inhabituel à Tesla, mettant en lumière les tensions croissantes entre le constructeur automobile et les autorités de régulation autour de la communication sur les technologies d’aide à la conduite. En cause : la manière dont la marque présente ses systèmes « Autopilot » et « Capacité de Conduite Autonome Complète », jugée potentiellement trompeuse pour les consommateurs. À défaut de modifications rapides, Tesla pourrait se voir temporairement privée de son droit de vendre des véhicules neufs dans l’État.

Un avertissement rare de la part des autorités californiennes

Selon l’ordre officiel émis par le DMV, Tesla dispose d’un délai de 90 jours pour revoir son langage marketing et ses supports de communication relatifs à l’Autopilot et à la Conduite Autonome Complète. Les régulateurs estiment que la terminologie employée suggère une autonomie totale des véhicules, alors même que les conducteurs doivent rester assis derrière le volant, attentifs à la circulation et prêts à reprendre le contrôle à tout moment.

Cette décision fait suite à plusieurs années de critiques adressées à Tesla, tant par des experts en sécurité routière que par des associations de consommateurs. Elle s’inscrit également dans la continuité d’une décision de justice rendue le mois précédent, concluant que certaines pratiques publicitaires du constructeur violaient la législation californienne. Le DMV a clairement indiqué que, en cas de non-conformité, Tesla s’exposerait à une suspension de 30 jours de sa licence de vente en Californie, un marché automobile stratégique pour la marque.

Autopilot et conduite autonome : un message jugé trompeur

Les autorités californiennes reprochent à Tesla de donner l’impression que ses véhicules électriques sont capables de circuler de manière autonome, alors qu’il s’agit de systèmes avancés d’assistance à la conduite. Selon les responsables de l’État, cette ambiguïté peut induire en erreur, notamment les conducteurs peu familiers avec le fonctionnement réel des aides électroniques à la conduite.

Des experts du transport soulignent que l’interface et le comportement du système peuvent renforcer cette impression de simplicité et de fiabilité, au risque de relâcher la vigilance du conducteur. Certains propriétaires de Tesla partagent ce constat : s’ils reconnaissent l’intérêt et le confort offerts par l’Autopilot sur autoroute ou en circulation dense, ils estiment que ces fonctionnalités ne peuvent être assimilées à une véritable conduite autonome, en particulier lorsqu’on les compare à des systèmes conçus pour fonctionner sans intervention humaine.

De son côté, Tesla conteste fermement la position du DMV. Le constructeur qualifie la décision d’excessive et assure que ses ventes en Californie se poursuivront sans interruption. L’entreprise rappelle que ses manuels d’utilisation et ses documents en ligne précisent explicitement que la supervision humaine est indispensable lors de l’utilisation de ces technologies.

Un contexte industriel et financier sous tension

Cet avertissement réglementaire intervient dans un contexte plus large de défis pour Tesla. Le constructeur automobile fait face à un ralentissement mondial de la demande, alimenté par une concurrence accrue sur le marché des véhicules électriques, une gamme de modèles jugée vieillissante et des réactions négatives liées à l’implication politique récente d’Elon Musk. Malgré le restylage du Model Y et l’introduction de versions plus abordables de certains modèles, Tesla a enregistré une baisse de 9 % de ses ventes automobiles sur les neuf premiers mois de l’année.

Sur le plan boursier, la situation apparaît plus contrastée. L’action Tesla a brièvement atteint un niveau record lors des premières transactions de mercredi, avant de reculer en cours de séance. Les investisseurs semblent de plus en plus focalisés sur les projets d’avenir du groupe, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la robotique humanoïde et des robotaxis, plutôt que sur les performances commerciales actuelles de la gamme automobile.

Tesla a d’ailleurs lancé des tests limités de robotaxis au Texas, d’abord avec des superviseurs humains, puis dans des phases plus précoces sans moniteur de sécurité. Ces initiatives attirent toutefois l’attention soutenue des régulateurs et des tribunaux, en particulier après plusieurs poursuites liées à des accidents impliquant l’Autopilot. Plus tôt dans l’année, un jury de Floride a jugé Tesla partiellement responsable d’un accident mortel et condamné l’entreprise à verser plus de 240 millions de dollars de dommages et intérêts.

Les autorités californiennes affirment que leur démarche vise avant tout à protéger les consommateurs et à renforcer la sécurité routière, alors que le débat sur la conduite autonome et les limites des aides à la conduite continue de s’intensifier.

Notre avis, par leblogauto.com

L’avertissement du DMV illustre la difficulté de concilier innovation technologique et communication commerciale dans le secteur automobile. En Californie, marché clé et vitrine réglementaire, Tesla joue gros si elle ne clarifie pas son discours sur l’Autopilot. Cette affaire rappelle aussi que, malgré des avancées réelles en assistance à la conduite, la frontière avec la conduite autonome reste strictement encadrée par la loi. Pour l’ensemble de l’industrie automobile, le message est clair : la précision du marketing devient un enjeu aussi crucial que la technologie elle-même.

Crédit illustration : Tesla.

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