Aston Martin révise ses prévisions, freine ses projets et inquiète les marchés face à une demande en berne et des tarifs pénalisants.
Aston Martin revoit ses ambitions à la baisse face à un contexte défavorable
Le constructeur automobile britannique Aston Martin traverse une nouvelle période difficile, marquée par une révision à la baisse de ses prévisions commerciales pour la seconde fois en 2025. Le 6 octobre, l’entreprise a annoncé s’attendre à une baisse de ses ventes annuelle comprise entre 5 % et 9 %, conséquence directe de la demande affaiblie en Amérique du Nord et en Asie, mais également d’un contexte commercial international devenu plus complexe.
Cette annonce a provoqué une chute de 11 % des actions du groupe à l’ouverture de la Bourse de Londres, accentuant une perte globale d’environ 33 % sur l’année écoulée. Le troisième trimestre s’est soldé par une baisse des livraisons de 13 %, avec seulement 1 641 véhicules écoulés. Ce recul met en lumière les difficultés persistantes de l’entreprise à exécuter ses plans malgré les nombreuses tentatives de redressement engagées ces dernières années.
L’entreprise fait également face à des problèmes structurels. Elle ne prévoit plus de générer un flux de trésorerie positif au second semestre, un objectif qui semblait pourtant à portée il y a encore quelques mois. Ce recul stratégique pourrait fragiliser la position du nouveau PDG Adrian Hallmark, arrivé avec la promesse de rétablir la santé financière du groupe.
Les retards dans le lancement de la Valhalla, première supercar hybride rechargeable de la marque, aggravent la situation. Aston Martin a déclaré devoir finaliser l’ingénierie du véhicule et obtenir plusieurs homologations réglementaires, notamment aux États-Unis, où la fermeture partielle du gouvernement pourrait causer des délais supplémentaires. Initialement, la marque espérait livrer 250 modèles de Valhalla au quatrième trimestre ; elle prévoit désormais en produire seulement 150, ce qui pèse sur ses prévisions de revenus.
Pressions tarifaires, coûts et incertitudes sur les marchés clés
Les difficultés d’Aston Martin ne sont pas uniquement internes. Le constructeur fait face à une hausse des tensions commerciales, notamment liées aux nouveaux quotas tarifaires imposés par les États-Unis. Désormais, seules 100 000 voitures britanniques peuvent entrer sur le marché américain avec un tarif douanier réduit à 10 %, au-delà, un tarif de 25 % s’applique. Ce système rend la planification industrielle plus complexe, et fragilise la compétitivité des constructeurs britanniques comme Aston Martin.
Par ailleurs, les coûts d’emprunt élevés et le ralentissement économique mondial affectent le marché de l’automobile de luxe dans son ensemble. Des marques concurrentes comme Mercedes-Benz et Porsche constatent elles aussi un essoufflement de la demande, particulièrement sur les marchés de la Chine et des États-Unis, historiquement porteurs.
Dans ce contexte difficile, Aston Martin a décidé de lancer un vaste plan de révision des dépenses, qui pourrait affecter le développement de futurs modèles. Ce recentrage stratégique pourrait également retarder la transition vers l’électrification de la gamme. À ce jour, le constructeur n’a toujours pas annoncé de véhicule 100 % électrique, contrairement à certains de ses rivaux. Notons d’ailleurs que Porsche a récemment ajusté sa stratégie pour répondre à la baisse de la demande en véhicules électriques, revenant partiellement aux motorisations thermiques et hybrides.
Malgré ce climat incertain, Aston Martin reste confiant pour la fin de l’année 2025, misant sur le renouvellement de sa gamme actuelle. Des modèles comme la Vantage Roadster, la Vanquish Volante et le DBX S devraient arriver sur le marché dans les mois à venir, en complément de la Valhalla. L’entreprise espère ainsi stimuler la demande et rassurer les investisseurs.
Cependant, les résultats opérationnels pour 2025 devraient rester inférieurs aux attentes, avec un Ebit négatif estimé à plus de 110 millions de livres sterling, alors que les analystes tablaient précédemment sur un bénéfice. Les analystes de Bernstein pointent un risque sérieux : « échouer à atteindre un flux de trésorerie disponible positif pourrait être la goutte d’eau pour de nombreux investisseurs ».
Le milliardaire Lawrence Stroll, qui avait injecté plus de 600 millions de livres pour sauver la marque en 2020, voit donc ses efforts fragilisés par un environnement défavorable et une exécution opérationnelle toujours sous pression.
Notre avis, par leblogauto.com
La situation d’Aston Martin illustre les défis d’un constructeur de niche évoluant dans un secteur hautement concurrentiel et instable. Le recul des ventes, combiné à des retards stratégiques majeurs comme celui de la Valhalla, affaiblit la crédibilité de son plan de redressement. Les pressions douanières et les incertitudes économiques mondiales accentuent cette fragilité. À court terme, seule une exécution irréprochable des lancements à venir pourrait redonner confiance aux marchés.
Crédit illustration : Aston Martin.

un tarif douanier. En français ça s’appelle des droits de douane.
De même la légende de la photo, avec des « tarifs pénalisants » n’a aucun sens en français à moins de parler des tarifs au catalogue Aston Martin. Mais à nouveau il s’agit des droits de douane manifestement.
En fait toutes les mentions du mot « tarif » ou « tarifaire » dans le texte sont une utilisation inepte du terme anglais.
A part Ferrari… Qui va bien sur le créneau !?