Les constructeurs automobiles augmentent discrètement les prix pour compenser les tarifs de Trump, affectant les acheteurs américains. L’Europe a connu une situation identique mais à cause de certaines normes imposées qui ont remanié les gammes à la hausse.
Des hausses de prix masquées dans l’automobile américaine
Face aux tensions commerciales croissantes et à l’instauration de nouveaux tarifs douaniers par l’administration Trump, les constructeurs automobiles déploient des stratégies discrètes mais efficaces pour compenser leurs pertes. Sans modifier ostensiblement les prix affichés en concession, ces marques augmentent subtilement ce que les consommateurs paient réellement. L’une des méthodes les plus répandues consiste à réduire les incitations, comme les offres de financement avantageuses, ou à limiter la disponibilité des modèles d’entrée de gamme.
Prenons l’exemple du Ford F-150, le véhicule le plus vendu aux États-Unis. Au début de l’année, il était possible d’acheter certaines versions de ce modèle avec un taux de financement à 1,9 % sur une durée de six ans. Aujourd’hui, ce même taux avantageux n’est disponible que pour des prêts de trois ans, une option bien moins courante chez les acheteurs. Cette réduction des conditions de financement agit comme une hausse de prix indirecte, bien que le prix de base du véhicule n’ait pas bougé.
Les concessionnaires anticipent des hausses majeures
Selon Smith, un concessionnaire du Kansas, les professionnels du secteur s’attendent à des augmentations significatives des prix dans les 90 jours à six mois, à moins qu’un changement intervienne dans la politique douanière. En prévision de cette hausse, certains concessionnaires appliquent déjà des marges supplémentaires sur les véhicules disponibles en stock. Leur logique : remplacer chaque voiture vendue leur coûtera plus cher à cause des tarifs à venir.
Tucker, un autre expert du secteur, explique que les constructeurs ont recours à différentes tactiques pour amortir l’impact de ces taxes. Plutôt que d’augmenter les prix uniquement sur les véhicules importés (souvent les modèles les moins chers), ils choisissent de répartir les coûts sur l’ensemble de leur gamme, y compris les véhicules plus coûteux fabriqués localement.
Un équilibrage stratégique des hausses de prix
General Motors (GM), par exemple, importe chaque année plus de 400 000 véhicules depuis la Corée du Sud, dont le Chevrolet Trax, un petit SUV abordable à partir de 20 500 $. Pour éviter d’impacter directement les acheteurs sensibles aux prix, GM pourrait décider de ne pas augmenter le Trax de 25 %, même si cette hausse correspond au tarif appliqué. À la place, la société pourrait augmenter le prix de modèles plus chers comme le pickup Silverado. Cette hausse serait plus facilement absorbée par les consommateurs de cette gamme de véhicules, généralement moins sensibles aux variations de prix.
En résumé, les augmentations tarifaires sont dissimulées à travers des hausses ciblées sur des modèles premium, des réductions d’incitations, et la disparition progressive des versions de base les plus accessibles.
Disparition des modèles d’entrée de gamme
Un autre effet des tarifs douaniers est la suppression des modèles les plus abordables. Stellantis NV, fabricant de la Charger Daytona R/T électrique, a récemment suspendu la production de sa version d’entrée de gamme, une décision confirmée en mai. Ce modèle était assemblé à Windsor, au Canada, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux nouvelles taxes douanières. Alors que cette version commençait à 59 595 $, les acheteurs devront désormais se tourner vers la version supérieure, la Scat Pack, dont le prix dépasse les 73 000 $.
Cette stratégie reflète une tendance plus large : pour compenser les frais additionnels, les constructeurs préfèrent supprimer les configurations les moins rentables et orienter les consommateurs vers des véhicules plus onéreux.
Une crise d’accessibilité aggravée
Selon le cabinet d’analyse Cox Automotive, les tarifs douaniers pourraient entraîner une hausse des prix des voitures importées de l’ordre de 10 à 15 %. Mais contrairement à une flambée brutale et immédiate, ces augmentations devraient être progressives et discrètes. Objectif : éviter de brusquer les consommateurs et de provoquer une chute brutale de la demande.
Malgré cette stratégie d’adaptation, une partie des acheteurs potentiels pourrait se détourner du marché. Cox prévoit une baisse des ventes nationales, passant de 16 millions de véhicules en 2024 à 15,6 millions cette année. De son côté, J.D. Power anticipe un recul encore plus sévère, de l’ordre de 1,1 million de véhicules par an, soit environ 8 % de baisse.
Une baisse de la production à l’échelle nord-américaine
Les effets se font également ressentir en amont, au niveau de la production. D’après AutoForecast Solutions, plus d’un demi-million de véhicules de moins seront fabriqués en Amérique du Nord cette année par rapport à 2024. La raison ? L’augmentation du coût des pièces détachées et des composants en provenance du Canada et du Mexique, elle-même provoquée par les tarifs imposés par les États-Unis.
Sam Fiorani, vice-président d’AutoForecast, souligne que cette politique tarifaire perturbe l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement nord-américaine. « Les véhicules qui sont en cours de construction coûteront plus cher, ce qui va augmenter les prix pour les consommateurs et réduire la demande. » Ce phénomène est un cercle vicieux : la hausse des coûts réduit la demande, ce qui diminue les volumes produits, et fragilise davantage l’industrie.
Notre avis par leblogauto.com
Les constructeurs automobiles américains, confrontés aux effets des tarifs douaniers de Trump, déploient une stratégie de hausse des prix masquée. En réduisant les incitations financières, en supprimant les modèles les plus abordables, et en répartissant les coûts sur les véhicules haut de gamme, les constructeurs augmentent les prix et tentent de préserver leur rentabilité sans provoquer un choc visible auprès des consommateurs.
Mais cette méthode a ses limites. En rendant progressivement les voitures neuves inaccessibles pour une partie de la population, ces pratiques risquent d’accroître la crise d’accessibilité déjà latente dans le secteur automobile. D’autant que les effets se font également sentir sur la production, menaçant l’équilibre économique de l’industrie à l’échelle nord-américaine.
Crédit illustration : Ford.
« Leur logique : remplacer chaque voiture vendue leur coûtera plus cher à cause des tarifs à venir. »
A pousser cette logique, qu’ils arrêtent carrément de les vendre pour les conserver en stock! Le marché auto sera entré dans sa suite logique: Après le travail sur les marges, la spéculation!
D’un autre côté … On avait atteint un tel niveau de banalisation d’avoir une voiture … Même pour les pauvres, jamais atteint.
Ce qui est bien socialement … Mais cela se paye, écologiquement, et la croissance sans limite sur la terre n’existe pas physiquement.
Les Indiens et Chinois vont dépasser ensemble les 3 milliards … Ils souhaitent tous avoir notre niveau de vie … Comme les Africains et les Américains du Sud.
Il faut être sacrement naïf pou s’imaginer que demain, on aura toujours plus … En travaillant moins et avec plus de retraités que des gens actifs … Déjà en interne en France… C’est illusoire… Alors dans un monde global, c’est impossible.