Renault pourrait produire des drones, retour dans l’armement ?

L’industrie lourde comme l’automobile a longtemps été, en France comme ailleurs, liée à l’industrie de l’armement. Le groupe Renault pourrait y faire son retour avec la production de drones pour l’armée.

L’information n’a pas été confirmée par le Groupe lui-même. Mais France Info annonce qu’il s’agit bien du Groupe Renault. Sébastien Lecornu, Ministre des Armées, a annoncé vendredi soir qu’une « grande entreprise produisant des voitures françaises » allait produire des drones en Ukraine.

Ces drones serviront également à l’armée française, en retard dans ce domaine. Attention, on ne parle pas de drones pas chers utilisés par milliers dans le conflit en Russie et en Ukraine mais de drones évolués à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Joint par France Info, Renault confirme avoir été contacté par le gouvernement, tout en affirmant qu' »aucune décision n’est prise à ce stade ».

Pourquoi faire appel à un constructeur automobile ?

L’armée a les mêmes problèmes que tant d’autres. Inventer un produit c’est bien joli. Cependant, il faut encore savoir l’industrialiser et optimiser les coûts de production. Un industriel de l’automobile sait parfaitement faire cela, et depuis 1908 et la mise en œuvre du fordisme.

D’ailleurs, l’automobile a longtemps été liée à l’armée. Par exemple, la grande muette a fait appel à Louis Renault lors de la Première Guerre Mondiale pour créer un blindé plus léger que les chars Schneider CA1 ou Saint-Chamond. Ce sera le Renault FT. Et Renault va inventer le char moderne avec tourelle pivotante, moteur à l’arrière, et grande capacité de franchissement. Renault pourra aussi industrialiser la production alors que jusqu’alors les tanks étaient produits dans des sortes d’ateliers.

Renault est aussi synonyme des Taxis de la Marne, cet épisode (boucherie) devenu célèbre dans la Première Guerre Mondiale. 85 % des taxis qui emmenèrent les soldats sur le front étaient des Renault AG. L’industrie automobile sera aussi présente dans l’aviation bien entendu, avec là encore Renault. En outre, l’industrie participera activement à l’effort de guerre en produisant des obus. On pourra citer aussi Hotchkiss, Panhard, etc.

Le lent déclin de l’automobile dans l’armement

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’industrie automobile est très présente dans la Défense. Que ce soit les productions de camions, de véhicules légers pour l’armée, mais aussi des blindés ou des armes. Puis, avec le temps et la paix, l’armement a été de moins en moins intéressant pour l’automobile. Les filiales défense ont été cédées, les anciens constructeurs rachetés.

La Régie Renault (son nom à l’époque) avait racheté Berliet, puis la Société anonyme de véhicules industriels et d’équipements mécaniques (la SAVIEM), et fusionné le tout en Renault Véhicules Industriels. RVI devenu Renault Trucks sera vendu à Volvo. Au final, les constructeurs se sont totalement désengagés de la défense. Fini le temps des Peugeot P4 ou autres.

Avec cette production de drone pour l’armée, c’est enfin le retour de l’automobile pour l’armée. A date, aucun salarié français n’est prévu pour aller en Ukraine sur le site de production selon les informations de la Maison Ronde.

(7 commentaires)

  1. @thibaut :
    les constructeurs se sont désengagés, mais ils se sont avant tout désengagés de leur activité poids lourd.
    Celle-ci reste la base de beaucoup d’équipements français, avec Renault Trucks Defense qui a fini par racheter Panhard (la marque appartient à Stellantis) pour devenir Arquus.

    Ne pas oublier que les véhicules KNDS sont globalrmrnt construits sur des chassis Renault Trucks/Volvo.

  2. C’est une très bonne chose pour notre sécurité… Et quelque part un retour aux sources.
    Le FT17 est le père des chars modernes copié par le monde entier.
    Cette capacité à produire et innove des armes peu chères destiner à la masse.
    La France a pris un retard immense et dangereux !
    La coopération avec les Ukrainiens est primordiale… Malheureusement, par le système D, ils ont sur nous maintenant des années d’avances.

    De plus, c’est une véritable bouée parfois pour nous industrie … Cf : La Fonderie de Bretagne,

    1. « Cette capacité à produire et innove des armes peu chères destiner à la masse.
      La France a pris un retard immense et dangereux ! »
      La France étant le deuxième exportateur mondial d’armement j’en doute même si effectivement notre industrie de la defense ressemble plus à de l’artisanat de luxe (rafale, aasm, mamba, sous marins, etc) qu’à de la production de masse dont a besoin l’Ukraine
      Dans le domaine des drones low cost il est évident que l’Ukraine est le pays le plus avancé, surtout depuis l’opération toile d’araignée où une composante nucléaire a été en grande partie détruite

      1. Coût unitaire estimé
        SAGEM AASM Hammer -: + 350.000 €… c’est du consommable, dans une guerre de forte intensité on devrait pouvoir en tirer jusqu’à 100 par jour !
        Rafale : 68 M€ TTC et même 269 millions d’euros pour le F4 et tout son environnement
        SAMP/T (Mamba) : 50 millions d’euros (1 conduite de tir, 4 lanceurs, 3 systèmes de rechargement) et celui du missile est de 1,4 million d’euros.
        Sous-marins Barracuda : plus de 9 milliards d’euros au total, pour les six exemplaires prévus pour la Marine d’ici à 2029

  3. c’est ce conflit Otan/Russie en Ukr qui a donné dimension à cette nouvelle arme qu’est le drone. j’ai vu un reportage dans le Donbass de Régis Le Sommier qui démontre que le progrès est incessant dans le domaine . Evident que les « professionnels de la guerre » fassent appel à l’industrie automobile en capacité de répondre et s’adapter immédiatement. L’automobile est une synthèse des innovations et Non l’automobile n’est pas défunte. Rien n’est terminé

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