Inde : retard du plan électrique faute de bornes de recharge

Le plan du gouvernement indien  pour l’électrification des véhicules semblait avoir le vent en poupe en mars dernier, date à laquelle le pays a lancé à nouveau un grand appel d’offres pour 10 000 voitures de ce type. Mais, désormais, l’horizon s’assombrit … faute de bornes de recharge suffisantes installées en temps et en heure.

Atterrissage brutal d’une utopie difficile à mettre en œuvre ?

Certes, l‘Energy Efficiency Services (EESL)  – agence d’Etat et coentreprise regroupant plusieurs entités spécialisées dans l’alimentation électrique – est à l’avant-garde de l’électrification des véhicules utilisées par le gouvernement pour un usage officiel. Tant et si bien, que pendant un certain temps, l’ambition du gouvernement d’avoir une flotte de voitures électriques de 30% d’ici 2030 semblait même réalisable. Mais le manque criant de points de recharge s’est invité à la fête …. pour jouer le rôle de rabat-joie … en obligeant le gouvernement à remettre les pieds sur terre.

Report du plan de déploiement des véhicules électriques

EESL a maintenant repoussé ses plans de mise en circulation de ces véhicules de près d’un an, alors que le premier lot de voitures électriques a été acquis dans le cadre du premier appel d’offres lancé en août dernier. Saurabh Kumar, directeur général de l’agence, a ainsi déclaré à Bloomberg que le nouvel objectif visait à un déploiement des 10 000 véhicules d’ici mars 2019.

Pour rappel, Tata Motors a remporté le premier appel d’offres avec sa Tata Tigor électrique, son tarif étant par la suite égalé par Mahindra & Mahindra  pour son e-Verito dans la première phase d’acquisition de 500 véhicules. Celle-ci  s’est achevé en novembre dernier, le reste de la commande devant suivre en juin 2018.

Les points de recharge à l’origine des retards

« La nécessité de construire des points de recharge supplémentaires pour 10 000 voitures électriques et les délais de livraison associés sont à l’origine des retards« , a déclaré M. Kumar à la presse, ajoutant qu’environ 150 voitures circulaient dans la capitale et une centaine dans le sud de l’Andhra Pradesh et dans d’autres provinces. Mais sur les quelques 200 stations de recharge construites pour ces véhicules plus de 100 sont situées à Delhi.

Les difficultés débutent dès l’appel d’offres

L’EESL a été confronté à des difficultés dès le début de la procédure d’appels d’offres concernant les bornes de recharge. Si en septembre dernier, l’agence avait lancé une procédure en vue d’acquérir 4 000 équipements, elle a dû être abandonnée en raison du manque de clarté des spécifications et des critères d’essai des chargeurs.

Le mois suivant, une offre d’achat pour 300 stations de recharge a également dû être annulée. En novembre 2017, un autre appel d’offres pour la mise en place de 250 bornes de recharge à Delhi a été mené, à l’issue duquel ont été sélectionnés Exicom Power Solutions et EVI Technologies.

Or, ce démarrage difficile a retardé la livraison des véhicules, les services concentrant prioritairement leurs efforts sur les structures indispensables pour permettre la circulation des véhicules avant de les déployer. A l’heure actuelle, l’étape de mise en œuvre des bornes de recharge est réalisée à 60-70%. En février dernier, le directeur général de l’agence a indiqué que dès que le besoin d’infrastructures de recharge serait couvert globalement, les véhicules pourraient être livrés.

Un retard inquiétant pour l’essor des véhicules électriques

Ce retard constitue un élément inquiétant pour le bon déroulé du plan de mise en place des véhicules électriques du gouvernement indien.

Selon des analystes, ces appels d’offres sont les principaux moteurs de la demande de véhicules électriques. Or, si le marché faiblissait, les constructeurs automobiles repousseraient à leur tour leurs propres plans d’introduction de véhicules électriques grand public en Inde.

Une stratégie de nature à maintenir élevés les prix pratiqués pour ce type de véhicules. En effet, en absence de volumes significatifs, il sera difficile pour les constructeurs de baisser leurs tarifs.

Les constructeurs internationaux intéressés par l’Inde

Plusieurs acteurs internationaux du domaine des véhicules électriques ont d’ores et déjà montré leur intérêt pour le marché indien dans l’attente d’incitations gouvernementales. En juillet dernier, le directeur général de Mercedes en Inde, Roland Folger, aurait ainsi exhorté le gouvernement indien à inciter – via des aides financières – les constructeurs à produire localement des véhicules électriques. La semaine dernière, Elon Musk a quant à lui écrit dans un tweet que Tesla « aimerait être en Inde. » Ajoutant toutefois que malheureusement, certains règlements gouvernementaux s’avéraient complexes.

Dans un tel contexte d’absence de subventions de l’État pour les véhicules électriques – beaucoup plus onéreux à l’heure actuelle que les modèles essence / diesel – les achats gouvernementaux changent la donne, compte-tenu notamment des volumes concernés. Tout retard et remise en cause du projet ont donc de ce fait d’importantes conséquences. Or, tient à préciser le directeur général de l’EESL, sans enveloppe supplémentaire permettant de satisfaire les besoins d’achat de 19 000 véhicules, le troisième appel d’offres destiné à l’acquisition de véhicules électriques supplémentaires n’aura pas lieu.

Sources : Businesstoday

(4 commentaires)

  1. Que la VE soit en retard en Inde est plutôt une bonne nouvelle dans un premier temps puisque pour que celui soit positif dans l’intérêt générale mondial, il faudrait au préalable que la production électrique indienne se fasse avant tout par les EnR, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
    Source Wikipédia :
    Production Électricité Indienne en 2015
    Production 1 383 TWh
    Par filière :
    Thermique : 81,9 % (l’Inde est le 4e producteur mondial de charbon.)
    Hydro : 10 %
    Éoliennes : 3,1 %
    Nucléaire : 2,7 %
    Biomasse/déchets : 1,9 %
    Autres : 0,4 %
    L’Inde se classe au troisième rang mondial pour la consommation d’énergie après les États-Unis et la Chine. Cependant, sa consommation par habitant est encore très faible.
    Donc dans le cas indien : vive les EnR, et même le nucléaire (car les EnR ne pourront jamais tout fournir)

    1. on peut effectivement le voir comme cela 🙂
      tout le pb des véhicules électriques – dits verts – résulte de l’origine de l’énergie electrique nécessaire. Donc bien vu SGL !

      1. Il en va aussi pour l’hydrogène qui est propre à l’utilisation, mais qui n’existe pas à l’état pur et qui faut le produire avec une autre source d’énergie qui est actuellement vient à plus de 90 % des énergies fossiles.
        L’hydrogène n’a d’intérêt que si elle est de concert avec les EnR ou le nucléaire si le but est de lutter avant tout contre les GES (problème des déchets mis de côté)
        Donc, là aussi, il ne faut pas que l’Inde « brûle » les étapes, qu’ils modernisent leur parc de véhicules avec un maximum de moteur essence économique correctement dépollué et qui favorise au maximum tous les transports en commun, parce que si chaque Indien à une auto personnelle, même propre, vu leur nombre, la planète est condamnée !

  2. L’Inde importe chaque jour….4.4 millions de barils de pétrole
    https://energy.economictimes.indiatimes.com/news/oil-and-gas/indias-oil-imports-in-2017-surged-to-a-record-4-4-million-barrel-per-day/62532977

    à 50$ le baril pas cher, alors chaque jour, l’Inde dépense 220 millions $ pour en importer

    Si l’Inde peut réduire son importation de 10%, remplacé par le charbon qui est présent en abondance en son sol, alors ce sera donc 22 millions $ par jour, ou 8 milliards $ par an, de quoi construire 2 réacteurs nucléaires (avec un processus industriel rodé). Avec en bonus, du boulot pour des centaines de milliers d’Indiens dans les mines.

    Avec de tels ordres de grandeurs, l’Inde est un des pays qui a tout intérêt à passer en élect le plus rapidement possible.

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