La RDC autorise les mineurs de cobalt à conserver leurs quotas d’exportation après des retards, dans un contexte clé pour l’industrie automobile électrique.
La République démocratique du Congo (RDC), acteur central du marché mondial du cobalt, a décidé d’autoriser les sociétés minières à conserver leurs quotas d’exportation initialement alloués pour l’année 2025. Cette mesure intervient alors que des retards dans la mise en œuvre de nouvelles procédures administratives ont empêché la reprise effective des expéditions du métal stratégique. L’annonce a été confirmée par l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS), qui précise que les volumes autorisés mais non exportés ne seront pas perdus et pourraient être reportés sur l’année suivante.
Des procédures retardées qui bloquent les expéditions
Selon l’ARECOMS, la RDC teste actuellement de nouvelles procédures d’exportation mises en place dans le cadre du système de quotas instauré par le gouvernement. Tant que cette phase de test n’est pas finalisée, les entreprises minières ne peuvent pas expédier leurs volumes de cobalt, malgré l’attribution officielle des quotas. Le régulateur assure toutefois que « tous les moyens sont déployés » pour finaliser ces tests dans les prochains jours et permettre une reprise effective des exportations depuis le territoire congolais.
Cette situation crée un décalage important entre les décisions réglementaires et leur application sur le terrain. Les mineurs, qui s’attendaient à pouvoir commencer à exporter leurs stocks dès la mi-octobre, se retrouvent confrontés à des contraintes administratives imprévues. Pour limiter l’impact de ces retards, l’ARECOMS indique examiner différentes options de mise en œuvre, tout en garantissant que les quotas du dernier trimestre ne seront pas perdus.
Un marché du cobalt sous forte tension
La décision congolaise s’inscrit dans un contexte de marché particulièrement tendu. En février, alors que les prix du cobalt évoluaient à des niveaux historiquement bas, la RDC a suspendu les exportations et instauré un nouveau système de quotas. L’objectif affiché par le gouvernement était de freiner la surproduction et de soutenir les cours de ce métal essentiel aux batteries de véhicules électriques, mais aussi aux industries aérospatiale et de défense.
Depuis la suspension des exportations, les effets sur les prix ont été spectaculaires. Une mesure de référence du cobalt a plus que doublé, tandis que les prix de l’hydroxyde de cobalt — principal produit exporté par la RDC — ont été multipliés par quatre. Cette évolution souligne le poids considérable du pays sur le marché mondial, la RDC représentant environ les trois quarts de la production globale de cobalt.
Pour les constructeurs automobiles et les acteurs de la chaîne de valeur des véhicules électriques, ces fluctuations ont un impact direct sur les coûts des batteries, composant clé de la transition énergétique du secteur automobile. La gestion de l’offre congolaise devient ainsi un enjeu stratégique pour l’industrie mondiale.
Des quotas encadrés jusqu’en 2027
En septembre, l’ARECOMS avait annoncé que les mineurs seraient autorisés à exporter un peu plus de 18 000 tonnes de cobalt sur le reste de l’année en cours. Pour les années 2026 et 2027, les volumes autorisés sont plafonnés à 96 600 tonnes par an. Ces niveaux restent inférieurs à la production du pays en 2024, puisque les volumes autorisés pour chacune des deux prochaines années représentent moins de la moitié de la production nationale de cette année-là.
Face aux retards actuels, le régulateur précise désormais que les sociétés minières pourront exporter l’intégralité de leur quota de 2025 une fois les procédures d’expédition pleinement opérationnelles. Un groupe pilote d’opérateurs miniers est actuellement impliqué dans les tests du processus d’exportation, afin d’en valider les modalités avant un déploiement à l’ensemble du secteur.
Cette approche progressive vise à sécuriser le contrôle des flux de cobalt tout en évitant une pénalisation excessive des producteurs. Elle reflète la volonté des autorités congolaises de maintenir un encadrement strict du marché, tout en tenant compte des contraintes opérationnelles rencontrées par les acteurs miniers.
Notre avis, par leblogauto.com
La décision de la RDC de préserver les quotas d’exportation témoigne d’un pragmatisme réglementaire face aux difficultés de mise en œuvre. Pour l’industrie automobile électrique, elle apporte une visibilité partielle sur l’approvisionnement en cobalt, sans lever toutes les incertitudes. Le maintien de volumes plafonnés confirme la stratégie congolaise de contrôle de l’offre afin d’influencer les prix. À court terme, cette politique pourrait continuer à peser sur les coûts des batteries et sur l’équilibre du marché mondial.
