Voitures thermiques : sept États veulent assouplir l’interdiction de 2035

Sept pays de l’UE demandent de revoir l’interdiction des voitures thermiques en 2035, invoquant neutralité technologique et compétitivité.

Sept pays contestent l’horizon 2035 pour la fin du thermique

Sept États membres de l’Union européenne — Bulgarie, République tchèque, Allemagne, Hongrie, Italie, Pologne et Slovaquie — exhortent la Commission européenne à revoir l’interdiction de vendre des voitures diesel et essence à partir de 2035. Par deux lettres adressées à Bruxelles, ils demandent d’intégrer la possibilité de commercialiser des véhicules hybrides au-delà de cette échéance, estimant que le secteur automobile européen risque de subir un choc économique majeur si la réglementation reste inchangée.

Ces pays affirment partager l’objectif de réduction des émissions de CO₂, mais défendent une approche fondée sur la neutralité technologique. Selon eux, les États membres doivent pouvoir choisir la combinaison de technologies la plus adaptée pour réduire l’empreinte carbone tout en préservant leur compétitivité industrielle. Cette position s’inscrit dans un climat de tensions croissantes entre objectifs climatiques ambitieux et contraintes économiques pesant sur une industrie automobile en pleine mutation.

Les constructeurs européens sous pression

Les sept pays mettent en avant la fragilité actuelle du secteur automobile, confronté à des prix élevés de l’énergie, à des pénuries persistantes de composants — notamment de batteries — et à une demande encore insuffisante pour les véhicules électriques. Ils soulignent que leurs constructeurs doivent affronter une concurrence internationale accrue, en particulier en provenance de la Chine, devenue en quelques années un acteur incontournable dans le domaine des véhicules électriques à batterie.

Le marché européen est désormais largement pénétré par des marques asiatiques comme BYD, qui bousculent les constructeurs historiques. Cette pression concurrentielle se reflète déjà dans les chiffres. Même Tesla, pourtant pionnier du véhicule électrique, enregistrerait une baisse marquée de ses immatriculations en Europe : plus de 50 % en France et en Suède, ainsi que 40 % au Danemark, aux Pays-Bas et au Portugal, selon les données citées dans le texte.
Face à cette dynamique, plusieurs gouvernements redoutent une perte d’indépendance stratégique pour l’industrie automobile européenne et demandent une transition plus progressive vers la mobilité zéro émission.

Appels à plus d’infrastructures et à une révision réglementaire

Les signataires proposent de diversifier les solutions technologiques autorisées après 2035 : hybrides, hydrogène, biocarburants ou moteur à combustion interne utilisant des carburants neutres en CO₂. Ils insistent également sur le manque d’infrastructures de recharge et de ravitaillement en hydrogène, qu’ils jugent insuffisantes pour soutenir une électrification massive du parc automobile.

L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) estime elle aussi que l’objectif de 2035 n’est plus réaliste, faute d’un réseau de recharge adapté et de politiques suffisamment incitatives pour stimuler la demande. Sa directrice générale, Sigrid de Vries, critique une réglementation centrée sur l’offre automobile sans tenir compte des coûts, des infrastructures et de la résilience industrielle.

Au Parlement européen, certains élus rejoignent ces préoccupations. Le député allemand Jens Gieseke défend l’intégration de carburants neutres en CO₂, estimant qu’une ouverture à plusieurs technologies permettrait une concurrence plus équilibrée entre motorisations.

Alors que la Commission européenne doit présenter de nouvelles propositions concernant les normes de CO₂ pour voitures et camionnettes, des déclarations récentes laissent entendre qu’un report pourrait être envisagé. L’exécutif européen semble ainsi confronté à des pressions croissantes pour ajuster sa politique automobile afin de tenir compte des réalités industrielles et géopolitiques.

Notre avis, par leblogauto.com

La contestation de l’échéance 2035 illustre l’écart persistant entre ambitions climatiques et capacités industrielles européennes. Les demandes des sept États mettent en lumière les fragilités des constructeurs face à la concurrence asiatique et au retard d’infrastructures. Le débat sur la neutralité technologique montre que la transition vers l’électrique reste loin d’être consensuelle. La révision annoncée par Bruxelles constituera donc un signal majeur pour le secteur automobile européen.

Crédit illustration : Spunout.

(5 commentaires)

  1. Je crains que le report de cette butée ne fasse que reculer l’échéance et qu’on sera globalement jamais prêt. Les investissements déjà engagés justifient de maintenir l’effort de transition.
    Sachant qu’il faut quinze ans pour renouveler 90% du parc automobile, 2035 n’était pas due au hasard…
    15 ans pour assurer la transition (2 générations de modèles chez la plupart des constructeurs) me semble raisonnable. Remettre en cause, c’est installer le doute chez les professionnels autant que les particuliers.
    Si adoucissement il y a, il faudrait le réserver à des modèles réellement vertueux et non des combinaisons habiles qui faussent l’ambition souhaitée.

  2. L’erreur de l’UE est de ne pas avoir forcé les états européens de taxer plus les émissions de carbone progressivement dans les litres de carburant consommé depuis 2015.
    Les malus sont débiles… Ils tuent l’industrie… Une Ferrari de 700 ch ou un 4X4 de 3 tonnes ne pollue pas si elles ne roulent pas !
    C’est l’utilisation qui pollue.
    Chacun doit être responsable de SA pollution… Et donc il paye sa pollution.
    La plupart des sportives modernes polluent bien moins que des autos de plus de 15 ans.
    Ça finit par emmerder tout le monde et c’est contre-productif pour l’environnement et l’industrie.

  3. Il n’y a pas de crise climatique et le CO2 n’est pas un polluant.

    La phobie du « carbone » est un délire collectif sectaire suicidaire.

    L’écologisme est une pulsion de mort.

    1. @Franck Boizard
      L’excès de tout est un polluant.
      Durant l’ère carbonifère, l’oxygène aurait pu être considéré comme un polluant … Avec des lourdes conséquences pour les bestioles de l’époque.

      Donc l’effet de serre, donc le réchauffement planétaire ne sont pas des problèmes pour vous !?

      En plus, les rejets de CO2 sont systématiquement accompagnés par un cortège d’autres polluants dans différentes proportions.
      Si l’on diminue le CO2 … Les autres polluants baissent également généralement.

  4. Attention de ne pas mettre des bâtons dans les roues des gigafactorys européennes récentes ou en cours de construction qui peinent déjà à devenir rentables !
    A cause des méventes des autos en général (toute motorisation), de la concurrence déloyale chinoise, du manque d’expérience des Européens à arriver à un certain niveau de qualité (ils essuient les plâtres pour quelques années.)…. Forcément les tarifs, mais vu les volumes, c’est le serpent qui se mord la queue.

    Bref, les subventions sont obligatoires et ne sont pas un gros mot. !

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