étape 1 : de Nice au Sud Tyrol, avec une halte fraîcheur au Lac de Garde
Départ à 5 heures, histoire d’éviter un maximum le trafic et la chaleur. L’objectif est aussi de minimiser les portions autoroutières, pour apprécier le plaisir des routes secondaires, de la navigation et aussi éviter un blocage à un péage en plein cagnard. Après un court tronçon autoroutier pour passer en Italie, nous quittons l’Autostrada dei Fiori à Vintimille pour emprunter la vallée de la Roya, direction le col de Tende qui nous fera basculer vers la plaine du Piémont. Le tunnel de Tende a enfin rouvert, après plus de 10 ans de travaux. Même si la circulation est encore alternée le temps que toutes les voies soient opérationnelles, le changement est spectaculaire en comparaison de l’ancien tunnel qui ressemblait à une grotte étroite ! Les gros blocs dans le lit de la Roya et les nombreux travaux le long de la route rappellent aussi à quel point la tempête Alex de 2020 a été terrible dans cette zone également.
le Lac de Garde, un tableau grandeur nature
Une fois le col passé, nous descendons via Limone Piemonte et contournons Cuneo pour traverser la plaine du Pô, en passant à proximité de villes comme Alba, Alessandria, Piacenza et Milan, sur un réseau routier qui n’est pas dans un état fameux (la qualité du revêtement est désastreuse), direction le lac de Garde, où nous faisons une petite halte de fraîcheur pour se baigner dans les eaux cristallines d’une petite plage. Le paysage du lac de Garde est paradisiaque, et l’eau, d’une pureté et d’une fraîcheur incomparables. Nous faisons même connaissance avec une écrevisse, qui avait dû réussir à s’échapper d’une cuisine. Nous aurions aimé visiter l’extravagante villa du poète italien Gabriele d’Annunzio, mais le temps est compté, car nous devons reprendre la route et arriver dans notre premier camping 150 kilomètres plus loin, avant 19h, en tenant compte du trafic qui est dense dans cette région touristique. En effet, il n’a pas été facile de trouver un camping encore libre, et qui n’exige pas au minimum 3 nuits, comme cela est assez fréquent. Notre première étape s’achève donc au camping Latsch an der Etsch, dans le Sud Tyrol.




Un petit resto nous permet de goûter aux plats locaux, dont une excellente escalope de dinde et une “Hausgemachte Törte” succulente, le tout apporté par des robots qui amènent les plats à table. Heureusement, l’humain n’a pas disparu et c’est l’occasion de réactiver nos rudiments d’allemand avec les serveuses. Pour l’instant, notre 205 n’a pas eu de grosses difficultés à affronter, mais sur le tronçon autoroutier entre le lac de Garde et Bolzano, elle a tenu facilement les 110/120 de moyenne sans sourciller. Autre point important, la conso ! Nous avons refait le plein juste avant d’arriver au camping, avec 710 kilomètres parcourus depuis le départ, soit du 5,29 L /100 Kms. Et même pas mal au dos ! La voiture est confortable et peu bruyante, le moteur TU à course courte étant assez discret.
étape 2 : à l’assaut du Stelvio !
La seconde journée part donc depuis le Sud Tyrol, la province autonome de Bolzano, qui fait partie du Trentin haut-Adige ou Alto Adige en Italien. Cette région autonome est certes italienne d’un point de vue administratif, mais nous nous sentons dans un environnement germanique. La région, longtemps intégrée au sein de l’Empire d’Autriche, n’a été rattachée à l’Italie qu’en 1919, à l’issue de la Grande Guerre et des traités. Dans cette province autonome, c’est l’allemand qui prédomine et cela se voit tout autant dans la signalétique, les noms de lieu et de commerces, que dans l’interaction avec les locaux, qui se fait prioritairement dans la langue de Goethe.
Le grand moment de la journée est évidemment l’ascension du mythique col du Stelvio, ou Stilfersjoch, qui a fêté ses 200 ans en 2025. Au programme, en arrivant depuis Prato Allo Stelvio, 24.3 kms de montée à 7,4 % de moyenne, 48 lacets et un sommet à 2758 mètres, le plus haut d’Italie, seulement 6 mètres plus pas que le recordman des Alpes, le col de l’Iseran. Le Stelvio est bien entendu un nom cher aux Alfistes, sans oublier qu’il a vu passer bon nombre de courses de côte, de rallyes et d’étapes du Giro en cyclisme. C’est le premier moment fort pour la 205, qui doit composer avec un trafic dense (motards, cyclistes, etc) et sa surcharge pondérale, en raison des bagages et des deux gaillards à bord (surtout votre serviteur, qui dépasse les 90 kilos).






Ne pas se fier aux apparences
L’ascension se fait sous un temps radieux, mais nous sommes en fait souvent ralentis par des véhicules bien plus modernes, dont les conducteurs se montrent très lents dans les prises d’épingle ou le dépassement des cyclistes. La 205 se trouve même coupée dans son élan à force de talonner un convoi de DS7 Crossback et Audi A6 Avant qui étaient quasiment à l’arrêt dans chaque lacet ! La puissance ne fait pas tout, et le gabarit des véhicules modernes n’est pas aisé à appréhender pour tout le monde ! Evidemment, les modernes reprennent de l’avance dès qu’un secteur plus droit apparaît, à la faveur d’un bon coup de turbo, alors que la Junior doit plafonner en seconde à 40/45 à l’heure maxi. Le passage en troisième n’est pas envisageable pour le petit 954cc qui s’époumone mais tient bon. Quelques virages suffisent pour recoller aux escargots surmotorisés ! C’est même ces ralentissements qui ne plaisaient pas au moteur, qui préférait garder son élan, puisqu’il était possible, avec l’agilité du châssis et de bonnes trajectoires, de prendre les lacets en seconde et de tenir le rythme.
205 Junior a terminé son ascension avec honneur, vers midi. Un horaire idéal pour ensuite profiter de l’après-midi au Stelvio, prendre le téléphérique jusqu’à 3174 mètres, au pied des pistes de ski en service, puis monter au fort Garibaldi de l’autre côté du col. Un lieu chargé d’histoire, puisque le Stelvio fut le théâtre d’intenses affrontements durant la Grande Guerre. Une randonnée permet de marcher sur les pas des vétérans de 14-18, avec de nombreux panneaux pédagogiques et des vestiges. On apprend ainsi avec stupéfaction que des canons furent hissés sur le Mont Ortler, le géant qui domine la région, à plus de 3900 mètres d’altitude !
Après l’effort, le réconfort avec un bon repas au Tibet Hütte, qui n’a de tibétain que la déco mais qui offre une vue plongeante sur la route du col. La nourriture est bien sud-tyrolienne, très copieuse mais savoureuse (une soupe avec des boulettes au speck, un burger monumental et un dessert impossible à terminer, même à deux) Un peu de marche s’imposait cependant après le festin ! La nuit se fait dans un hôtel du Stelvio, pour se reposer avant le passage en Suisse !
étape 3 : première journée en Suisse, avec escale à St-Moritz
Le départ du Stelvio se fait à la fraîche, vers 8 heures. A la descente en direction de Bormio, on bifurque vers l’Umbrail Pass (et son charmant poste de frontière désaffecté )qui permet de descendre vers la Suisse. Un premier col, Passa dal Fuorn, permet de descendre ensuite vers Saint-Moritz, station de ski huppée du canton des Grisons, qui n’est pas sans rappeler Monaco avec ses beaux hôtels de luxe et ses magasins de standing, mais avec les montagnes, les pistes de ski et les lacs en plus, et surtout moins de gratte-ciels. La ville a été hôte à deux reprises des JO d’Hiver, en 1928 et 1948. Cette halte nous permet de profiter du funiculaire, qui grimpe jusqu’à Corniglia. Au passage, on remarque l’énorme investissement publicitaire d’Audi, qui inonde toutes les stations du funiculaire et même le terminus, au sortir duquel on peut aller se restaurer au Quattro Bar : ça ne s’invente pas.
Bienvenue chez les Romanches
De là, on peut prendre un téléphérique jusqu’au Piz Nair, mais la route nous attendait : à la sortie de Saint-Moritz, nous prenons le Julier pass (assez sauvage et désert) pour redescendre en direction du village de Trun, et son petit “Campadi”. Et oui, nous entrons dans la région où l’on parle le Romanche, langue rhéto-latine parlée par quelques dizaines de milliers de Suisse. Le camping devient un “Campadi”, et l’on ne dit plus “buongiorno” ni “guten tag” mais “Bun di”. Le vocable, sur les panneaux, change aussi !
La 205 est un vrai plaisir à conduire sur les routes sinueuses et les enchaînements à travers les différentes vallées. On la place en virage comme une petite sportive, avec des trajectoires tendues qui permettent de bien placer le train avant. Hormis évidemment dans les grosses côtes, les reprises sont loin d’ être ridicules et, avec de l’anticipation, on double sans problème ! Une bonne nuit de repos ne sera pas de trop, avant d’attaquer une grosse journée de Montagne demain, sur les pas d’un héros mythique du cinéma !





Sympathique virée dans une ancienne qui semble en bel état… Et en effet, les conducteurs de grosses vaches qui en prime ne savent globalement pas conduire (il ne faut de toutes manières pas aimer le faire pour acheter ce type de traîne-couillon), sont pénibles sur ce type de route. Parfois pires qu’un camping car correctement mené.
Avec une ancienne qui a besoin de conserver en permanence un peu de vitesse pour refroidir convenablement (et conserve sans doute un indicateur de température précis pour se rendre compte de combien c’est nécessaire, un instrument ayant hélas quitté les tableaux de bord « modernes », sauf les motos), c’est sans doute aussi une source de chaleur pour les 2 à bord.
Merci de ce journal de route en tout cas, je trouve cela bien sympathique même si cela amène visiblement peu de commentaires.
Sympa
😃