Nissan fermera son usine d’Oppama d’ici 2027, transférant la production à Kyushu pour renforcer sa compétitivité et réduire ses coûts.
Une page se tourne : Nissan annonce la fermeture de son usine d’Oppama
Nissan, géant de l’automobile japonaise, a annoncé qu’il mettra fin à la production dans son usine d’Oppama (2400 salariés), située au sud de Tokyo. Cette décision prendra effet à la fin de l’exercice fiscal 2027. L’usine, emblématique de l’histoire industrielle de Nissan ouverte en 1961, était l’une des plus anciennes du constructeur. Elle sera remplacée par un transfert de la production vers une autre installation plus moderne à Kyushu, dans le sud du Japon.
Cette décision stratégique, bien que difficile sur le plan humain et symbolique, s’inscrit dans une démarche de restructuration globale entreprise par la marque afin de s’adapter à un environnement économique et industriel en pleine mutation.
Un site emblématique de l’innovation automobile
L’usine d’Oppama, située dans la préfecture de Kanagawa au Japon, est bien plus qu’un simple site de production pour Nissan. Elle représente un pan essentiel de l’histoire du constructeur. C’est en effet dans cette usine que la Nissan Leaf, premier véhicule électrique produit en masse au monde, a vu le jour en 2010. Ce modèle, pionnier de l’électrification automobile, a marqué un tournant dans l’industrie mondiale et symbolise l’engagement précoce de Nissan en faveur de la mobilité durable.
Initialement dédiée à la Leaf, l’usine d’Oppama s’est par la suite recentrée sur la production de véhicules plus compacts, notamment la Nissan Note et sa déclinaison haut de gamme, la Nissan Aura.
Un impact économique régional considérable
La fermeture annoncée de l’usine aura des conséquences majeures sur l’économie locale. Oppama est un acteur industriel de poids dans les préfectures de Yokosuka et de Kanagawa. Elle emploie des milliers de salariés et contribue de manière significative aux recettes fiscales régionales.
L’écosystème économique autour de l’usine est également concerné : plusieurs centaines de sous-traitants — fournisseurs de pièces détachées, entreprises logistiques, prestataires de services — dépendent de son activité. De plus, la présence quotidienne des travailleurs soutient la vie commerciale locale, notamment les restaurants, commerces et services situés autour de la gare d’Oppama.
La fin d’un autre modèle : le NV200
Parallèlement à cette annonce, Nissan a également confirmé l’arrêt de la production de son fourgon NV200, actuellement assemblé par Nissan Shatai Co., une filiale détenue à 50 %. Cette production prendra fin au cours de l’exercice fiscal se terminant en mars 2027.
Un repositionnement industriel dicté par la réalité économique
L’annonce de la fermeture de l’usine d’Oppama ne tombe pas du ciel. Depuis plusieurs mois, des sources internes avaient évoqué la possibilité de rationaliser les capacités de production du constructeur, dans le cadre d’un programme plus large de réduction des coûts. Cette usine figurait déjà sur une liste confidentielle de sites potentiels à fermer.
Dans un contexte où l’industrie automobile mondiale est en pleine transformation — électrification massive, nouvelles normes environnementales, concurrence mondiale accrue —, Nissan cherche à optimiser ses ressources pour assurer sa rentabilité. La direction, dirigée par le directeur général Ivan Espinosa, fait face à des défis importants liés à une situation financière fragile, et à une performance opérationnelle jugée préoccupante.
Kyushu : un nouveau pôle de production plus compétitif
Le transfert des lignes d’assemblage vers l’usine de Kyushu répond à plusieurs objectifs. Cette usine, plus récente et mieux équipée pour intégrer des technologies de pointe, permettra à Nissan de gagner en efficacité, de réduire ses coûts logistiques et de mieux répondre aux nouvelles exigences du marché, notamment en matière de véhicules électriques.
En regroupant ses capacités industrielles dans des sites plus performants, Nissan cherche à bâtir une structure de production plus agile, mieux adaptée aux volumes fluctuants et à la forte pression concurrentielle mondiale.
Ivan Espinosa : « Une décision difficile mais vitale »
Dans le communiqué officiel, le directeur général Ivan Espinosa a qualifié la décision de « difficile mais nécessaire ». Il a reconnu le poids symbolique et humain de la fermeture d’un site aussi ancien, soulignant que ce choix n’avait pas été fait à la légère. Toutefois, il l’a justifié comme une étape essentielle dans la stratégie de redressement de l’entreprise.
« Ce n’était pas facile —ni pour moi ni pour l’entreprise— mais je crois que c’est une étape vitale pour surmonter nos défis actuels et construire un avenir durable. »
Cette déclaration reflète l’engagement de la direction à sortir Nissan de ses difficultés en modernisant ses opérations et en investissant dans les technologies du futur.
Une restructuration en profondeur pour un avenir durable
La fermeture programmée de l’usine d’Oppama s’inscrit dans une tendance plus large de rationalisation industrielle au sein du secteur automobile japonais et international. D’autres grands constructeurs, confrontés à des défis similaires, prennent également des mesures drastiques pour rester compétitifs.
En misant sur une production centralisée, modernisée et axée sur les véhicules du futur, Nissan cherche à se repositionner durablement sur le marché. L’entreprise affirme vouloir tirer les leçons du passé pour construire une organisation plus résiliente et adaptée aux enjeux environnementaux, économiques et technologiques des prochaines décennies.
Une nouvelle ère s’ouvre pour Nissan
Alors que la fin de la production à Oppama est prévue pour 2027, l’entreprise devra également gérer la transition pour les employés et les partenaires locaux. Le défi social est réel, mais Nissan espère que cette décision permettra de préserver l’ensemble de son écosystème industriel à plus long terme.
Le constructeur japonais joue ici une carte audacieuse, mais potentiellement salvatrice. Il ne s’agit pas seulement de fermer une usine, mais de redéfinir le modèle industriel d’un groupe confronté à une transformation mondiale inévitable.
Source et crédit illustration : Nissan.
