Il était une fois un vœu que les plus fervents amateurs d’automobile devraient adresser au Père Noël dès à présent. Plonger dans l’univers d’une marque japonaise, et comprendre comment le rêve se matérialise. Pour mieux saisir ce mystère, on a jeté un coup d’œil à l’histoire du constructeur dans son musée, et pris le volant d’un cadeau de l’homme à la barbe blanche. Joyeux Noël!
Un tour dans la machine à remonter le temps

Le musée, nous l’avions découvert en gravissant ses étages comme on monte vers le grenier merveilleux du Père Noël. Ses trois niveaux sont autant d’histoires racontées. Le rez-de-chaussée accueille une petite boutique charmante où scintillent les souvenirs Suzuki . On y trouve notamment une moto de compétition qui a fait la gloire de la marque. Mais ce n’était que le prélude. En montant, nous avons découvert l’histoire quasi complète de Suzuki.
À un étage supérieur brillent des expositions de modèles présentés dans leur contexte d’époque, recréé sous les lumières de la modernité, tandis qu’un autre nous plonge dans les tréfonds du temps. Là s’étalent, restaurées avec l’amour d’un collectionneur obsessionnel, les générations successives de véhicules et de machines . Les premiers métiers à tisser qui ont donné naissance à la marque, les modèles pionniers de l’après-guerre, et cette incroyable diversité de deux et quatre-roues qui témoignent d’un siècle de passion créatrice.
Les icônes

En nous perdant dans ce temple du temps, nous avons rencontré des voitures qui portaient la foi de Suzuki dans chaque rivet. La Suzulight d’abord, cette extraordinaire première-née de 1955 Minuscule, à peine plus de trois mètres de long, pesant moins de cinq cents kilos, et pourtant révolutionnaire. Quand on la regarde, on comprend déjà la philosophie Suzuki , c’est à dire faire des autos de taille modeste, avec de l’espace à bord et bien motorisées. Puis vinrent les générations de Fronte, ces petites créatures qui ont peuplé les routes japonaises pendant des décennies. La Fronte 800 apparue en 1965, puis ses copines des années 1970 et 1980, des modèles aux formes arrondies, aux proportions charmantes. Chacune raconte une époque de l’industrie automobile. Ces voitures respiraient l’ingéniosité, la volonté de faire beaucoup avec peu.
Et puis, il y a le Jimny. Le Jimny, c’est presque un personnage à lui seul. Nous l’avons vu sous toutes ses incarnations . Le premier, le LJ20 des années 1970, ce petit baroudeur utilitaire aux lignes naïves et au cœur de guerrier . Puis le SJ, plus moderne mais toujours fidèle à l’esprit de ceux qui voulaient aller là où les autres voitures ne pouvaient pas poser une roue. Les générations suivantes, chacune apportant ses progrès tout en gardant cette allure carrée, cette silhouette qu’on reconnaît entre mille. Le Jimny d’aujourd’hui, celui de 2018 et au-delà, a gardé l’âme de ses prédécesseurs, avec un petit truc en plus côté look !
Là où l’on commande les cadeaux

Après ça, nous nous attendions à ce qu’il ne reste plus d’émerveillement possible. Nous nous trompions. Chez un concessionnaire de la banlieue de Tokyo, dans ce temple blanc et cliniquement immaculé où chaque mètre carré brille comme une perle au fond d’une huître, le service japonais opérait sa propre magie . Cette courtoisie qui frôle la poésie, cet art de faire sentir à chaque client qu’il est le ciel même pour qui l’on se met à l’écoute. Nous avions compris que dans ce pays merveilleux, on ne vend pas une voiture , mais on offre une relation, une promesse, une histoire.
Plus tard, à Yokohama, à quelques kilomètres de là, c’est ici qu’attendait notre Lapin . Celle que nous allions enfin pouvoir étreindre, emmener sur les routes avec la permission du Père Noël lui-même. Comment traduire l’émotion du moment où nous la démarrions pour la première fois ? Cette voiture était infiniment petite. Et pourtant, dès que nous avons senti le volant sous nos mains, dès que les vitres se sont baissées sur la douceur du climat nippon, tout a pris sens. Tous ces secrets du musée, tous ces mystères de l’usine invisible, c’était pour ce moment-là , sentir le cœur mécanique battre sous nos doigts.
Déballage du cadeau!

Conduire une Lapin avec le volant à droite, au cœur du Japon, est une expérience que seuls les vrais passionnés d’automobile peuvent comprendre. C’est déstabilisant, folklorique assurément, mais c’est aussi magique. Naviguer dans les petites ruelles où l’on côtoie les temples et les rues marchandes, sentir chaque respiration du trois-cylindres qui pulse sous le capot minuscule, c’est vivre un conte qui ne s’écrit que sur quatre roues. Et plus on roulait, plus on comprenait. L’espace à bord, cette générosité surprenante pour des lignes extérieures si sobres, chaque centimètre pensé, chaque gramme économisé avec sagesse. Tout cela, c’était le travail des mains invisibles d’un atelier connu du seul Père Noël.
Et maintenant, cette petite créature nous entourait de tendresse automobile. Nous pensions à ce que nous avions vu plus tôt, témoins de ceux qui œuvrent à la naissance, à Sagara, d’autres modèles de la marque, qui s’appliquent bien sûr à l’assemblage de la Lapin dans son atelier gardé secret par le Père Noël. Tous ces processus de fabrication, cette obsession japonaise pour la perfection, tout cela convergait ici, dans cette petite Lapin qui épousait chacun de nos mouvements, chacune de nos envies. En fait, ce cadeau, l’homme à la barbe blanche nous avait confié que nous en perdrions le souvenir si nous la ramenions en Europe… Car oui, c’est notre secret le plus doux, notre vœu le plus fou , ramener cette Lapin jusqu’à chez nous. Cette voiture que nous conduisions, nous l’avons vue comme une capsule temporelle d’une aventure que peu peuvent raconter, une histoire qui a commencé sur les routes du Japon et s’achève…
Etait-ce un rêve?
Le Père Noël, celui que l’on rencontre à Hamamatsu, celui qui œuvre dans les usines secrètes comme celle de Sagara, celui qui emplit les concessionnaires tokyoïtes de grâce, celui qui scintille à Yokohama, savait ce qu’il faisait. Il savait que certains cadeaux ne se déballent pas, mais se vivent. Il savait que Suzuki, avec ses petites Lapin mystérieuses, ses histoires murmurées dans les murs du musée, ses services d’une gentillesse infinie, était le cadeau le plus tangible qu’on puisse offrir à celui qui rêve vraiment. Joyeux Noël !













































































































C’est marrant d’avoir un modèle répondant au patronyme de Hustler 🙂 mais bon les Japonais sont nullissimes en anglais !!
Suzuki est une marque automobile réputée pour son sérieux – et son savoir faire en motorisations sportives. Mais ça reste une toute petite entreprise : ils n’ont pas les moyne de suivre le train des grands groupes mondiaux.
C’est devenu la deuxième marque la plus vendue au Japon après Toyota et devant Honda et Nissan. Suzuki est le premier acteur industriel automobile indien et il y réalise des bénéfices importants d’où le fait que VW souhaitait racheter ce groupe car le germanique savait le miracle chinois non éternel.
Un très joli p’tit reportage!