#Cars Story 12 : l’indestructible Mercedes-Benz W123

Mercedes-Benz W123
La W123 prend la pose devant une C123 et une S123 - (C) Mercedes-Benz AG

Amateur de panzers germaniques, cet épisode de cars story vous est dédié ! Installez-vous confortablement sur votre canapé préféré et allumez votre radio-cassette. En parlant de cassette, nous vous conseillons d’écouter Cheri, Cheri Lady de Modern Talking pour une immersion totale ! Oui, aujourd’hui nous allons parler de Mercedes-Benz et plus précisément, de la W123 et de ses dérivés.

Mercedes-Benz soigne la conception de sa petite berline

Mercedes-Benz W123 en phase de test
Le constructeur Allemand a pris le temps de soigner la mise au point de la W123 – (C) Mercedes-Benz AG

Dans le Stuttgart des années 70, le constructeur à l’étoile était en plein renouvellement de sa gamme. Après le lancement parfaitement orchestré de son nouveau vaisseau amiral en 1972, le constructeur allemand avait concentré ses efforts sur le renouvellement de sa berline familiale d’entrée de gamme. A vrai dire, la conception de la remplaçante des types 114 et 115 avait déjà commencé mais elle a été fortement influencée par le style et les solutions techniques déployées sur la nouvelle W116

Fiabilité, confort et sécurité ont été au cœur d’une phase de conception qui a utilisé les outils les plus sophistiqués de l’époque. Comme pour la W116, la « petite » Mercedes-Benz a bénéficié d’une étude des zones de déformations en cas de choc. Il en a été de même pour les mouvements de la colonne de direction en cas d’accident. Le soin apporté à la conception de ce projet était tel que la firme de Stuttgart a fait le choix de repousser le lancement de son nouveau modèle d’un an. L’auto était pourtant prête dès le début de l’année1975. Outre les habituels essais sur route et sur circuit, les Allemands ont soumis les prototypes à toutes une série de tortures infligées par des machines destinées à mettre les éléments mécaniques à rude épreuve !

Les débuts français de la Mercedes-Benz W123

Mercedes-Benz W123 280
La W123 a débuté sa carrière avec les 280 et 280E – (C) Mercedes-Benz AG

La première sortie publique de la remplaçante des W114 et W115 s’est faite en décembre 1975 à Bandol! Le choix de la commune Varoise n’était pas innocent. Il s’agissait d’un lieu de villégiature très apprécié par les touristes allemands. La présentation officielle à la presse s’est faite dans la foulée sur le circuit Paul Ricard !

Le design de cette petite nouvelle était le fruit des coups de crayon de Friedrich Geiger. Elle abordait à la fois un style très classique, assez typique des Mercedes-Benz de cette époque, tout en se démarquant de ses devancières. La Mercedes-Benz W123, plus connue sous son appellation commerciale 2×0, arborait des phares horizontaux. Elle avait aussi des feux arrière et des clignotants striés (dit antisalissure) des Mercedes des années 70 et 80. Longue et étirée, elle transposait avec bonheur le style de la W116 au niveau inférieur.

La commercialisation ne s’est pas fait attendre en Allemagne où il était possible d’acquérir les 280 et les 280E dès la fin d’année 1975. Le 2746cm3 disposait d’un carburateur à double corps sur la première de ces versions, tandis que la seconde, il profitait d’une injection K-Jetronic. Les 280 et 280E affichaient des puissances respectives de 156 et 177 ch. Elles pouvaient s’associer à une boîte mécanique à 4 rapports ou à une boite automatique qui comptait également 4 vitesses.

Une gamme qui s’est élargie

Mercedes-Benz W123
Les 280 (à gauche) se reconnaissaient à leurs phares spécifiques – (C) Mercedes-Benz AG

La diffusion s’est élargie au reste de l’Europe (puis au reste du monde) dès le début de l’année 1976. A cette occasion, la gamme W123 s’est étoffée par le bas avec le lancement de la 200 (1988cm3 de 94 ch), de la 230 (2307cm3 de 109 ch) et de la 250 (6 cylindres en ligne de 2525cm3 pour 129 ch). Les fameuses versions diesel ont fait leur début en mars. L’offre « mazout » débutait par la 200D (1988cm3 de 55 ch), suivi de la 220D (2197cm3 de 60 ch). Il y avait aussi la mythique 240D (2404cm3 pour 65 ch) et enfin la 300D qui tirait 80 ch de son 5 cylindres de 3005cm3. Les moteurs essence et diesel provenaient des défuntes w114 et 115 ce qui était un gage de fiabilité.

Sur le plan stylistique, ces nouvelles versions se distinguaient des 280 et 280E par quelques détails. Elles avaient des phares avec deux paraboles circulaires séparés par des barres striées tandis que les versions 280 avaient des phares « pleins » avec deux paraboles rectangulaires. Les deux motorisations lancées en décembre 1975 avait également les parechocs entièrement chromés !

Coupé, Break et limousine, la 123 était sur tous les fronts

Mercedes-Benz C123
La Mercedes-Benz C123 était la version coupée de la W123 – (C) Hatem BEN AYED

Le succès a été rapidement au rendez-vous, ce qui donna jusqu’à 1 an d’attente entre l’achat et la livraison d’une Mercedes-Benz W123 ! Cela n’empêcha pas Mercedes d’apporter des améliorations à sa 123 dès la fin de l’année 1976. Le train arrière a subi quelques modifications et le régulateur de vitesse était désormais de série sur les versions à 5 ou à 6 cylindres équipées d’une boîte automatique.
En mars 1977, la 123 s’est déclinée, à l’occasion du Salon de Genève, dans une élégante version coupé ! Si le style général était assez proche de celui de la berline, cette C123 a marqué les esprits avec ses portes dépourvues de montant central. Sous le capot, on retrouvait le 2.3 de 109 ch ainsi que le 2.7 dans ses déclinaisons à carburateur (156 ch) et injection (177 ch). L’appellation commerciale de ces 3 modèles était 230C, 280C et 280CE.

Mercedes-Benz V123
La V123 était la version limousine – (C) Mercedes-Benz

Au cœur du mois d’août, la V123 a fait ses débuts. Cette nouvelle déclinaison allongée était la version limousine de la W123. Elle a été suivie, le mois suivant, par la S123 qui s’est déclinée en 240 TD, 300 TD, 230 T, 250T et 280 TE. Contrairement à une idée reçue, le T ne faisait pas référence à la présence d’un quelconque Turbo. Elle utilisait donc les mêmes blocs atmosphériques que sur la W123. Signifiant « Tourismus und Transport », ce T était l’apanage des versions Break. Cette S123 a d’ailleurs été une première pour son constructeur puisque jusqu’à présent, l’étoile de Stuttgart n’avait jamais assuré la fabrication de ce type de carrosserie.

Hausses de puissances et un premier million pour la 123

Mercedes-Benz 200
Le volant des premières 123 comportaient des stries latérales – (C) Hatem BEN AYED

L’année 78 a été relativement calme avec néanmoins quelques petites évolutions. Ainsi, les jantes en aluminium ont fait leur arrivée dans le catalogue des options tandis que les puissances de certains moteurs ont augmenté. Le 2,7 injection est passé à 185ch en avril tandis que les 240D et 240TD ont gagné 7 ch afin d’atteindre les 72 ch.

En février 1979, ce fut au tour de la 200D d’accueillir quelques percherons supplémentaires dans ses écuries. La poussive diesel d’entrée de gamme a vu sa puissance passer à 60 ch ! Ces 5 canassons supplémentaires ont rendu la 220D superflue. Fort logiquement, Mercedes-Benz décida alors de la retirer du catalogue en mars de la même année.

Malgré le succès de sa 123, qui a passé le cap du 1 000 000 d’exemplaires produits en juillet 1979, la marque à l’étoile ne s’est pas endormie sur ses lauriers. En septembre 1979, la série 123 a reçu son premier lifting. Les changements ont été mineurs et se sont limités à quelques détails comme la disparition des stries latérales du volant, une instrumentation modifiée ou encore des plastiques plus agréables à l’œil sur la planche de bord. L’équipement s’est également enrichi d’un accoudoir central (sauf pour les 200 et 200D) et de la ceinture de sécurité à enrouleur à l’arrière.

La S123 : la diesel la plus puissante du monde.

Mercedes-Benz S123
La S123 a été la première à recevoir un 5 cylindres turbo-diesel de 129 ch – (C) Mercedes-Benz

Sur le plan mécanique, c’est le 5 cylindres diesel qui a été au centre des attentions. Sa cylindrée a perdu 7cm3 tandis que sa puissance est passée de 80 à 88 ch. Et ce n’était pas tout ! Mercedes a utilisé ce moteur pour faire de la S123, le Break le plus puissant du monde ! Pour ce faire, les ingénieurs de Stuttgart ont eu la lumineuse idée d’y greffer un turbo. Cela permettait ainsi à la 300TD TURBODIESEL de sortir 125 ch !

En mars 1980, la 280 à carburateur a été purement et simplement retirée du catalogue. Même punition en avril pour la 230T céda sa place à une 230TE (à injection donc) de 136ch. Ce changement s’appliqua également à la berline en juillet 1980. A cette occasion, la 200 a accueilli un nouveau moteur « M102 » en remplacement de son « M115 ». Ce nouveau moteur de 1997cm3 était gavé par un carburateur et offrait une puissance de 109ch. Outre ces évolutions mécaniques, la W123 pouvait s’équiper, comme la W116 2 ans plus tôt, d’un ABS.
Le break le plus puissant du monde, qui avait été présenté un an plus tôt, a été commercialisé en octobre 1980. A noter que cette, S123 TURBODIESEL n’était disponible qu’avec la boîte automatique à convertisseur de couple dotée de 4 rapports. Elle offrait un niveau de performances qui était assez rare, voire inédit pour une voiture carburant au gazole.

Un ultime lifting pour la Mercedes-Benz W123

Mercedes-Benz W123
Les optiques carrées ont été généralisées en fin de carrières – (C) Mercedes-Benz

Les dernières 280 à carburateur ont quitté les chaines de montage en juillet 1981. Si cette motorisation n’était plus disponible sur le coupé, la berline et le break depuis plus d’un an, elle avait subsisté sur la V123 ! Pour la rentrée 1981, la « 123 » s’est offert une boîte mécanique à 5 rapports ! A vrai dire, « offert » n’est pas le bon qualificatif car, dans un premier temps, cette unité était une option disponible uniquement sur les versions fonctionnant au carburant noble ! Elle a finalement été associable aux versions diesel en février 1982.

l'Airbag de la Mercedes W123
Non vous ne rêvez pas ! La type 123 pouvait recevoir un airbag depuis Septembre 1982! – (C) Mercedes-Benz

La Mercedes « 123 », qui a passé le cap des 2 000 000 d’unités produites, s’est offert un dernier restylage en septembre 1982. A cette occasion, l’ensemble de la gamme a adopté les optiques des versions les plus huppées. L’équipement a également été revu à la hausse afin de permettre à la vénérable Mercedes de rester attractive. Un économètre a fait son apparition au niveau d’une instrumentation dont les pastilles de compteurs sont devenues noires. La planche de bord, quant à elle, a adopté de nouvelles commandes de chauffage et les sièges se sont drapés d’une nouvelle sellerie. La grande nouveauté était la disponibilité d’un cousin gonflable de sécurité pour le conducteur en échange d’un supplément assez coquet. Enfin, si le 2525cm3 ne pouvait plus équiper la version Break, ce restylage n’a pas apporté d’évolutions majeures sur le plan mécanique

Une production record pour la génération 123

C115 - C123 - C124
La série 123 a pris la place des 114/115 et a été remplacée par la 124. Ces 3 séries ont été déclinés en coupé – (C) Mercedes-Benz

La suite ? Elle est simple ! En novembre 1984, Mercedes a levé le voile sur la W124 sonnant ainsi le glas de la légendaire 123. Mais avant de déserter les chaines d’assemblage, cette dernière a eu la lumineuse idée de proposer la climatisation de série, pour son ultime millésime. L’oraison funèbre des W123 et C123 a été prononcée en novembre 1985. La S123 a fini par les rejoindre dans l’au-delà en janvier 1986. Toutes carrosseries confondues, la série 123 a été produite à 2 696 915 unités. C’était alors une production record pour le constructeur allemand !

Les petites histoires de la grande Histoire

Des W123 à perte de vue – (C) Mercedes-Benz

Une légende comme la Mercedes-Benz W123 ne manque pas de petites histoires intéressantes et on ne va pas se priver pour les partager avec vous.

Un moteur diesel dans un coupé est-ce une hérésie !? Oui ! Sachez qu’aux Etat-Unis, Mercedes a commis ce crime en proposant une 300CD et ainsi qu’un 300 CD TURBO.

La 300 CD ou la C123 diesel américaine… – (C) Mercedes-Benz

Sa fiabilité, lui a également permis de s’illustrer sur des épreuves d’endurance. Elle a notamment pris la 3ème place du Rallye Vuelta qui se disputait en Amérique du Sud durant 38 jours. Après plus de 30 000 km, la 280E de l’équipage Tony Fowkes – Klaus Kaiser, s’est classé derrière les deux 450 SLC mais devant celle de l’équipage de Timo Mäkinen – Jean Todt.

Outre son volume de chargement impressionnant, la S123 pouvait se targuer d’offrir une meilleure tenue de route que la berline dont elle découle ! On notera aussi que cette carrosserie n’a jamais reçu le moteur M115 dans sa version 2.0. La 200T n’a fait son apparition qu’avec le moteur M102.

La F123 accompagnait les morts vers leur ultime demeure – (C) Mercedes-Benz

C, S, V, W. Si 123 désigne la génération de l’auto, la lettre qui la précède désigne la carrosserie. C pour le Coupé, S pour le break, V pour la limousine et W pour la berline. Au fait on vous a dit qu’il existait aussi du F123 ? Kesako ? C’est en quelque sorte la V123 qui accompagne les morts dans leur dernière demeure… (ou les malades à l’hôpital).

L’infatigable Mercedes-Benz W123

La fiabilité de la W123 en a fait une auto très prisée

Réputée pour sa fiabilité légendaire, il n’est pas rare de croiser des W/S123 ayant parcouru plus d’un million de kilomètres. On comprend mieux l’engouement des chauffeurs de taxi du monde entier pour ce modèle!

On ne peut pas parler de Mercedes sans toucher un mot sur le préparateur AMG ! Fraichement installé à Affalterbach, les ingénieurs d’AMG ont porté la puissance de la 280E à 220ch. Ils ont aussi et surtout eu l’idée folle de placer un V8 32 soupapes de 320ch sous le capot de la W123. La placide berline devenait ainsi un monstre de puissance. Les préparations d’AMG, qui bénéficiaient de la garantie du constructeur, s’accompagnaient également, souvent de modification sur le plan esthétique…

La type 123 est bien l’ancêtre de la classe E – (C) Mercedes-Benz

Bien qu’elle fût la berline d’entrée de gamme de son constructeur, la série 123 était l’ancêtre de la classe E. La W124 adopta ce patronyme sur la fin de sa carrière. L’ancêtre de la C, la Mercedes W201 (plus connue sous 190E ou 190D) n’est apparue qu’en décembre 1982 !

(2 commentaires)

  1. Ah oui c’est une légende. Mais les volumes se sont fait sur les poussives 200 et 200D. Les breaks étaient très chics tout autant que les coupés, hors de prix.
    Les Volvo 240 étaient les seules voitures en concurrence frontale (fiabilité confort durabilité) pour les particuliers. Car en ce qui concerne les taxis c’est bien simple il n’y avait que des W123. Petit, je n’ai jamais vu un taxi autre que cette voiture, c’est dire.
    On en croise encore de temps en temps sur la route. Cette voiture a plus fait pour la réputation de Mercedes que toutes les victoires en course.

  2. Jeunettes! Mon père a eu une W115 jusqu’en 2009. Le touché/douceur des commandes (direction/transmission) sont jusqu’à la revente (très rapide!) resté proches du neuf, vraiment surprenant quand on sortait d’une PSA de 5 ans ou tout se déglinguait encore plus vite qu’une Renault des années 80 (avant que Louis Schweitzer, vraiment un grand patron comme on n’en fait plus, ne démarre la reprise en main): Souvenez vous du dicton « Renault, tous les jours un bruit nouveau »!

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