Plafond budgétaire : Red Bull a conclu un accord contraignant avec la FIA
par Nicolas Anderbegani
tempête dans un verre d'eau ?

Plafond budgétaire : Red Bull a conclu un accord contraignant avec la FIA

C’était très attendu, eut égard aux enjeux qui étaient posés par le sujet. Red Bull a conclu un accord avec la FIA suite à une violation du règlement financier 2021 qui a été constatée pour l’équipe championne du monde.


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Red Bull s'est donnée des ailes avec le budget ?

Rappelons que, pour la première fois dans l'histoire de la F1, les 10 équipes devaient soumettre des comptes de leurs dépenses annuelles par rapport au plafond des coûts pour 2021 au mois de mars 2022. Après les rumeurs de Suzuka et les bruits de couloirs d'Austin, la FIA a annoncé, vendredi au Mexique, que Red Bull était en infraction, soulignant néanmoins « qu'il n'y a Il n'y a aucune accusation ou preuve que RBR (Red Bull Racing) ait cherché à tout moment à agir de mauvaise foi, de manière malhonnête ou frauduleuse, ni n'a délibérément dissimulé des informations à l'Administration du plafonnement des coûts », a déclaré la FIA.

La question était en effet de savoir si la violation du plafond avait pu influer sur la performance de Red Bull en 2021 et donc in fine « fausser » le championnat du monde, qui s’était déjà conclu de manière controversée sur la piste. Plusieurs équipes, Mercedes et McLaren en tête, avaient haussé le ton ces dernières semaines, laissant suggérer que ce dépassement budgétaire était grave et qu’il méritait une sanction appropriée, surtout sportive, au risque, dans le cas contraire, de rendre ce plafond inutile et d’inciter d’autres équipes à l’enfreindre. Il va de soi aussi que, dans cette affaire, c’est aussi la crédibilité de la FIA, déjà passablement pointée du doigt d’un point de vue du règlement sportif, qui était dans la balance.

Quelles sanctions ?

Selon le rapport de la FIA, Red Bull a dépassé le plafond des coûts de 2021 de 1 864 000 de £ ou 1,6 %, ce qui est, selon le règlement financier, une « infraction mineure » en dessous des 5% (5% de 145 millions, ça fait une somme tout de même). La FIA reconnaît de surcroît que si Red Bull avait appliqué "le traitement correct dans sa documentation de rapport pour l'année complète de leur crédit d'impôt notionnel dans sa soumission 2021 d'une valeur de 1 431 438 £" ils n’auraient donc dépassé le plafond de seulement 432 652 $ ou 0,37%.

Concernant les sanctions, Red Bull doit payer 7 millions de dollars à la FIA dans les 30 jours suivant la date d'exécution de l'accord,  qui contraint l’équipe en question à reconnaître sa culpabilité vis-à-vis de l’instance, à accepter la sanction (probablement moins sévère qu’en cas de présentation devant un jury) et à ne pas faire appel. Ils reçoivent également une pénalité sportive « mineure » sous la forme d'une réduction de 10 % de leurs limites d'essais en soufflerie restreints et de dynamique des fluides (CFD) restreinte.

Pour rappel, en qualité de champion Constructeurs, Red Bull était censé avoir droit en 2023 à 70% de la valeur référence du temps total de soufflerie prévu par le règlement. En retranchant ces 10% de pénalité, Red Bull n’aura donc plus droit qu’à 63% de la valeur référence, tandis que le deuxième du championnat aura la possibilité d’utiliser la soufflerie à hauteur de 75% de la valeur de référence édictée préalablement, 80% pour le 3e, jusqu’à 115% pour le dernier du championnat. L'objectif est de favoriser le resserement des performances et de permettre aux "derniers" de rattraper leur retard.

Les réactions

Le directeur de l’équipe Red Bull, Christian Horner, a pris la parole hier lors d’une conférence de presse. Egratignant au passage, sans les citer, les équipes qui ont crié au loup et laissé s’installer une suspicion de tricherie sur Red Bull, Horner fait valoir que la pénalité reçue pour le dépassement de budget était « draconienne » et  aurait un effet énorme sur les performances l’an prochain, annonçant une perte pouvant aller jusqu’à une demi-seconde. On connaît néanmoins la propension de Red Bull à tout dramatiser et à se victimiser, on se souvient encore de leur "chantage" au départ de la F1 dans l'affaire du gel de développement des moteurs...

Considérant les dépenses excessives de Red Bull  négligeables, il a suggéré que les futures pénalités – y compris celles pour les budgets 2022 – seraient probablement plus sévères car les infractions pourraient être plus importantes à cause de l'inflation.

 "Ce que nous avons eu crée un précédent. Et cela crée un précédent avant 2022 (...)Et le danger pour les budgets 2022, qui seront à déposer en mars 2023, c’est qu’il pourrait y avoir six équipes qui dépassent le plafond. Surtout en Grande-Bretagne. Les prix de l’énergie ont été exponentiels (...) Heureusement, nous avons été protégés. Mais il y a cette possibilité que plusieurs équipes, et beaucoup l’ont déclaré lors des réunions de la commission F1, dépassent le budget alloué cette année. L’inflation galope toujours !"

"Nous ne pensons pas que nous briserons la limite en 2022. Mais ces pénalités créent un précédent pour l’avenir. Donc, si vous obtenez 10 % d’aéro en moins et 7 millions de dollars d’amende pour une violation finale de 0,37 %, qu’en sera-t-il pour 5 % ? Quinze fois plus ?" "Le plafond des coûts est une partie importante de la Formule 1. C’est une partie importante de son avenir, mais il doit être cohérent, applicable et développé. Les conditions extérieures comme l’inflation, des crises non prévues, doivent être prises en compte."

Du côté des adversaires, on s’estime satisfait, même si la sanction sportive est jugée peu « sévère ». Le directeur de Mercedes AMG, Toto Wolff, a déclaré : " L’amende, ils s’en foutent clairement à mon avis. Ils ont les moyens. Ce qui les embête ce sont les 10% de tests aéros en moins (…) Globalement, c’est bien de voir qu’il y a une pénalité, qu’on la juge trop basse ou trop haute. Pour nous ce sera toujours trop bas, pour eux toujours trop haut."

Toto Wolff, admet que Red Bull souffrira un peu plus avec 10% de tests en moins. "Toute réduction du temps de soufflerie aura un impact sur les performances. Nous avons eu la chance de remporter le championnat, donc pendant 18 mois, nous avons eu sept pour cent de moins que Red Bull pendant plus d’un an et demi." Alpine F1 au contraire ne pense pas que les 10% de temps de soufflerie et de CFD en moins auront un réel impact sur la performance de Red Bull…

Conclusion

A chacun de juger si ces sanctions sont trop ou pas assez sévères. Sportivement, Red Bull échappe à des retraits de points qui auraient pu remettre en cause leurs titres et les 10% d'essais en moins ne semblent pas, d'après les autres équipes, être très sévères Dans le détail, les dépassements et erreurs concernent surtout des frais de fonctionnement annexes ou des paiements de taxes, mais on peut noter l’infraction n° 8 (sur 13 !) :  La sous-estimation des dépenses relatives aux dispositions énoncées par l'Article 4.1(a)(i) du Règlement Financier concernant le coût d'utilisation des unités de puissance. Cette règle stipule que toute "transaction d'unité de puissance en rapport avec une activité F1 doit être incluse dans les dépenses pertinentes sans être inférieure à la juste valeur". En 2021, Honda fournissait à Red Bull des moteurs d'usine gratuits, rappelons-le.

Mais on sait que les jeux d’écritures et les tours de passe-passe comptables sont un art à part entière, plus difficile à déceler qu’un aileron trop flexible ou qu’un fond plat trop bas !

 

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Pour résumer

Red Bull a passé un accord avec la FIA pour la violation du plafond budgétaire et accepte ainsi les sanctions : elles sont financières, avec une amende de 7 millions de dollars, et sportives, avec une réduction de 10% du temps de soufflerie et de développement CFD sur la monoplace 2023.

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