Bentley met la Continental GT au régime avec une Supersports plus authentique

Cent ans après la naissance de la première Bentley « Super Sport », ce nom fait son grand retour avec une Continental GT Super Sport axée sur le plaisir de conduite. Les constructeurs de luxe ont compris qu’une partie de leur clientèle demandait un retour à l’authenticité de la voiture de sport et que l’orgie de technologie ne pouvait suffire à procurer le plaisir de conduire. Lamborghini l’avait compris en proposant en 2020 une Huracan RWD, et Audi avait fait de même en 2022 pour faire partir la R8 en beauté avec une V10 RWD.

Projet Mildred 

La Continental GT, en entrant dans sa 4ème génération à partir de 2024, n’est pas vraiment devenue une ballerine. Devenue une PHEV, elle frôle les 2,5 tonnes ! Autant dire que, malgré sa grosse cavalerie et sa débauche de couple, ce n’est pas l’idéal de la sportivité. 

Des ingénieurs ont donc proposé de développer une Continental GT de “puriste” et sans concessions, qui basculerait sur la propulsion, avec à la clé un allégement grâce au retrait de l’hybride.  Le projet, baptisé “Mildred” pour conserver une certaine confidentialité, est une référence à Mildred Mary Petre, une pilote et aviatrice intrépide des années 20 (et oui, Les Bentley Boys ont eu des homologues féminines). 
 
Le terme Supersports renvoie à la première itération, introduite en 1925 sur la 3 Litre, avec un moteur amélioré et un châssis plus court, ce qui en faisait la première Bentley capable de dépasser les 160 km/h. La dernière en date, sortie en 2017, était propulsée par un W12 biturbo de 6,0 litres de 710 ch, ce qui en faisait alors la Bentley la plus puissante jamais produite. La réduction du poids a été l’une des priorités du groupe d’ingénieurs.  

Parée pour taquiner la Nordschleife

La nouvelle Supersports se dévergonde visuellement, avec un kit aérodynamique en fibre de carbone (splitter agrandi, ailerons de plongée, bas de caisse, les lames d’ailes, diffuseur arrière et aileron arrière fixe) , qui permet de gagner du poids tout en générant 300 kg d’appui aérodynamique supplémentaire par rapport à une Continental GT Speed. Cette recherche d’allègement s’étend au toit, désormais constitué d’un panneau en fibre de carbone afin d’abaisser le centre de gravité tout en préservant la rigidité structurelle. Deux paires de déflecteurs superposés sont placées aux coins du pare-chocs avant et fonctionnent de concert avec le splitter pour réduire la portance avant, tandis que derrière les roues avant, de nouveaux ailerons en forme de B gèrent le flux d’air provenant des passages de roues avant, facilitant à la fois l’extraction de l’air à haute pression et la gestion de son flux le long de la carrosserie. 

La Supersports est équipée de nouvelles jantes en alliage d’aluminium forgé et usiné de 22 pouces, développées en collaboration avec le spécialiste Manthey Racing et disponibles en deux finitions : peinture noire et peinture noire usinée (avec un insert métallique argenté). Ces jantes recoivent des Pirelli P-Zero de série et, en option, un nouveau pneu haute performance Trofeo RS. Bentley annonce avec cette monte des virages se négociant environ 30 % plus rapidement qu’une Continental GT Speed, avec une force latérale maximale de 1,3 g. 
 
À l’intérieur, l’habitacle se résume à deux places avec de nouveaux sièges sport à maintien latéral renforcé, positionnés plus bas dans la voiture, tandis que l’espace arrière est remplacé par une coque en fibre de carbone et cuir.  

Number of the beast


La nouvelle Supersports est équipée d’un moteur thermique non hybride. Son cœur est un nouveau V8 biturbo de 4,0 litres renforcé, doté d’un carter plus robuste, de culasses optimisées et de turbocompresseurs plus grands. Résultat ? La Continental propose, sans hybridation, une puissance démoniaque de…666 ch (166,5 ch par litre) et un couple de 800 Nm.

Ce moteur est associé à la boîte de vitesses à double embrayage ZF à huit rapports, spécialement repensée avec des embrayages renforcés et une nouvelle stratégie de passage des vitesses. Le moteur respire grâce à un échappement en titane sur toute la longueur, à la sonorité nettement plus affirmée, développé en collaboration avec Akrapovič. Au final, les performances donnent un 0 à 100 km/h abattu en 3,7 secondes, contre les 3″2 de l’hybride qui dispose de 782 CV, tandis que la vitesse de pointe atteint environ 310 km/h (les chiffres officiels seront communiqués ultérieurement).  Mais un plaisir de conduite décuplé vaut bien de perdre quelques dixièmes d’accélération à la sortie d’un péage…

La première Continental GT à propulsion

Les ingénieurs châssis de Bentley ont profité de l’occasion pour offrir une expérience de conduite inédite, faisant de la nouvelle Supersports la première Continental à propulsion arrière de l’histoire, exception faite des voitures de course Continental GT3. La puissance est transmise exclusivement aux roues arrière via un différentiel autobloquant électronique (eLSD), ces dernières bénéficiant d’une voie élargie de 16 mm par rapport à une Continental GT.  

Les paramètres de l’ESC permettent au conducteur de choisir le niveau d’assistance souhaité : assistance maximale, mode dynamique autorisant un certain degré de patinage et de survirage dans des limites de réactivité, ou assistance totalement désactivée, où le conducteur contrôle entièrement l’essieu arrière et peut provoquer un survirage important mais parfaitement maîtrisable. 

Belle cure minceur !

Le freinage est assuré par le plus grand système de freinage automobile au monde : des disques de 440 mm en carbure de silicium-carbone à l’avant, pincés par des étriers à 10 pistons, et des disques de 410 mm avec étriers à 4 pistons à l’arrière, de série. De quoi bien freiner le mastodonte: néanmoins, la nouvelle Supersports gagne une demi-tonne et pèse moins de 2 000 kg. Le gain de poids le plus significatif provient du groupe motopropulseur, allégé par le passage à une motorisation thermique et à la propulsion.  
 
Chaque Supersports sera numérotée individuellement avant sa sortie d’usine. Les clients peuvent demander un numéro spécifique parmi les 500 exemplaires qui seront fabriqués à la main à Crewe. Les commandes seront ouvertes en mars, la production débutant au quatrième trimestre 2026 et les premières livraisons étant prévues début 2027. 

(3 commentaires)

  1. Ah oui c’est bien une version sportive : 666 cv (sic) sur les roues arrière avec un couple de camion, il va falloir faire attention sous la pluie ! Les interventions de l’électronique vont être mémorables.
    Avec 500 kg de moins, la conduite doit être transfigurée. Elle est quand même bien jolie cette Bentley, et ça nous change des versions « taylor made » qui commencent à lasser tout le monde.

  2. Le côté pratique des 2 sièges arrière en moins sera très utile pour la ménagère encombrée des courses hebdomadaires sur le parking de SuperU.

  3. On pourra donc avoir le chiffre du diable en puissance, mais pas également en numéro de série: C’est à cela qu’on reconnaît les marques qui ont le souci égalitariste… Ainsi pas de jaloux chez les futurs acheteurs!

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