Le pickup Slate est l’anti-Tesla Cybertruck ! Bezos a-t-il raison ?

Slate Auto est une « jeune pousse » (start up) dans le véhicule électrique. Une de plus nous direz-nous. Oui. Mais cette dernière a reçu le soutien de Jeff Bezos créateur et patron d’Amazon qui « fait tout comme Elon Musk » ou presque. Ici, le pickup Slate est rustique et modulable. Bezos croit plus en un pickup pour l’Américain « moyen » que pour les riches. A-t-il raison ?

Déjà le look. Si le Cybertruck est une DeLorean MC12 version pickup, ce Slate pourrait très bien avoir un moteur thermique, cela ne choquerait pas. Il a des airs de Land Rover, ou d’anciens pickups des années 80/90. Ce pickup ne fait pas envie et c’est sans doute ce qui le rend attirant au final.

Il propose deux capacités de batterie avec 57,2 kWh et 84,3 kWh. Là encore, il se différencie de Tesla qui ne propose pas de « petite batterie » sur son pickup. Pour le Slate, cela donne une petite autonomie de 241 km pour la 57,2 kWh et 386 km pour la 84,3 kWh. Le Cybertruck c’est plus de 560 km ! La motorisation fait 201 chevaux et la vmax est limitée à 145 km/h. Point pour le Tesla.

Sauf que cette sobriété est voulue. En effet, les performances, des moteurs complexes et efficients, le plein de kWh, cela a un prix. Et ce n’est pas le positionnement du Slate. Non, pour Slate auto, il faut un pickup « populaire ». Pour cela, la start up mise sur une simplicité dans l’équipement et dans une unique configuration disponible.

Du basique et de l’essentiel

A l’intérieur, pas d’écran tactile, pas de haut-parleurs, pas de vitres électriques (vive les manivelles). Vous revoilà plongés dans les années 80/90 à l’époque des Fiat Punto et Renault Clio 1 « basiques ». Il n’y a pas non plus de roues en alliage, elles sont en tôle, à l’ancienne. Le véhicule n’est pas peint mais reçoit un « covering ». En contrepartie d’un véhicule un peu rustre, Slate propose une personnalisation poussée.

Ainsi, le pickup peut se transformer en un véhicule façon Range Rover avec l’ajout d’un arceau, d’une banquette, d’airbags, etc. On peut l’avoir en version sans portière à l’avant, et sans le toit à l’arrière comme un bon vieux Jeep. On peut même lui donne le look d’un Land Rover 110.

Le prix de base est annonées sous les 20 000 $, incitations gouvernementales déduites. C’est à comparer avec les 62 490 $ pour un Cybertruck Long Range (le moins onéreux). Pour trois Slate on a un Cybertruck…

Le véhicule est prévu pour être « un pur produit américain » avec un assemblage dans le Midwest (on évoque Troy dans le Michigan). Sauf que beaucoup de composants viendront de Chine. Les droits de douanes trumpiens doivent donner des sueurs froides à Slate et mettre à mal son business model.

Alors en soutenant ce projet, Bezos va-t-il à la chasse au Musk ?

Jeff Bezos fait de l’espace (touristique) car Musk en fait. Bezos fait de la bagnole électrique car Musk en fait… Bon, il est surtout un business man et fait de l’argent là où il y en a à faire. Et le VE est un exemple. Sauf qu’il choisit de ne pas courir après Musk et Tesla en changeant de créneau.

Pour autant, tout n’est pas rose avec ce Slate. En effet, on a du mal à imaginer les « kits » pour changer le véhicule a posteriori. Les USA sont souples en matière d’homologation mais tout de même. De plus, Slate Auto parle de fin 2026 pour ce pickup. C’est très court et à moins d’avoir déjà bien avancé le projet sans en parler, on imagine difficilement une chaîne d’assemblage complète être montée en plus du développement du véhicule. Mais on peut se tromper.

Ce qui est intéressant, c’est le positionnement du véhicule. L’image d’Epinal du pickup américain, c’est lui. Basique, pas beau, pas luxueux, mais pratique et increvable. Sauf que les gros pickup bien équipés et luxueux se vendent aussi très bien. Convaincre quelqu’un de riche/aisé de devenir un « early adopter » est souvent plus simple que de le faire avec quelqu’un de très rationnel et qui compte ses sous. Les smartphones ont par exemple infusé les personnes aisés avant de toucher tout le monde.

Pour le côté pratique, Slate annonce une charge rapide niveau 3 sous 480 volts avec 30 minutes pour un 20 à 80 %, mais aussi un câble pour se brancher chez soi sur du 120 V. De quoi charger suffisamment pour les trajets du quotidien. S’il est basique, il est tout de même connecté pour connaître à distance la charge. L’application sert également de « trip planer ».

Notre avis, par leblogauto.com

Les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent…enfin surtout ceux qui les croient. Avec un VE à moins de 20 000 dollars, Slate s’engage là où Tesla se refuse d’aller pour le moment. Mais comme Saint Thomas, on ne croit que ce que l’on voit et on attendra donc de voir les premiers modèles sortir pour être certains que Slate ne va pas être un énième « vaporware ».

Le soutien de Bezos est important pour entrainer dans son sillage des investisseurs, nerfs de la guerre pour Slate. Reste une question : ceux qui prennent un Ford Maverick à 24 000 dollars, largement mieux équipés, mais plus cher à l’usage, sont-ils prêt à passer au Slate ? Et ceux qui ont des vieux F-150, ou autres, râpés y passeront-ils ?

Slate pourrait séduire certains « bobos » qui ont acheté du Tesla et cherchent désormais à s’en débarrasser après les frasques de Musk. Mais fin 2026 c’est dans longtemps…