Auteur/autrice : Pierre-Laurent Ribault

Les Anglais ont toujours été très bons pour faire des petites autos poids plume qui filent comme le vent. Dernier exemple en date, l’idée géniale de Hartham, un constructeur de barquettes et préparateur de Lotus, qui a décidé de se pencher sur la bonne vieille Fiat 500 pour en faire la F500, un nom qui sonne comme une Ferrari, et ce n’est pas par hasard. La Fiat 500 était motorisée à l’origine par un tout petit moteur, d’une quinzaine de chevaux. De nos jours, un tout petit moteur, on en tire 150 chevaux, comme celui qu’on trouve sur une autre Italienne, la Ducati 999R. Vous voyez où je veux en venir: coque et carrosserie de Fiat 500 en fibre de carbone et aluminium, le moteur Ducati, une boîte séquentielle 6 vitesses, 4 gros freins Brembo et des harnais 6 points pour éviter au conducteur et au passager de s’envoler, passez le tout au rouge Ferrari et servez chaud: 486 cv/tonne, le 0-100 sous les 4 secondes et 195 km/h pour les courageux qui voudront tenter l’expérience. Allegro vivace indeed.

On ne l’arrête plus. Prenant exemple sur son homonyme rallyman, Sébastien Bourdais enfile les victoires comme des perles, la dernière ce week-end à Denver, où il avait déjà gagné l’an dernier. Celle-ci semblait pourtant promise à Paul Tracy, qui s’envolait depuis la pole position et faisait petit à petit le trou, mais une erreur de jugement lors du dépassement d’un attardé le mettait dans le mur, et Bourdais héritait de la première place qu’il ne quittera plus jusqu’au drapeau à damiers. Derrière, la situation avait été clarifiée dès le départ par Cristiano Da Matta qui avait tenté sans succès de passer Justin Wilson par le dessus, mettant hors jeu outre lui-même et le pauvre Justin, Vasser et Tagliani qui avaient le tort de se trouver là. En l’absence de ces habitués des gros points, c’est Mario Dominguez et Allmendinger, pour une fois à l’arrivée, qui complètent le podium. Le très constant Oriol Servia est comme d’habitude dans le haut du tableau à la quatrième position et en profite pour passer troisième au championnat, pas mal pour quelqu’un qui est arrivé après le début du film. Nelson Philippe finit à nouveau dans le top 10.

Ferrari F430 Hamann, Cayenne Gemballa truc, Hummer Fisher Price: enfantillages. Voici du brutal, du « âmes sensibles s’abstenir », qui étire, tronçonne et refonde avec brio. Voici l’oeuvre de Mark Gerisch von Genaddi, flamboyant fondateur de la société Genaddi Design Group, qui trouvait la Bentley Continental GT pas assez… Bentley-esque, probablement. Il a donc booté son système CAD/CAM et en a sorti la GT/LM. Sa recette: jeter par dessus bord tout ce qui ne sert a rien pour gagner 450 kilos (il reste tout de même pas loin de 2 tonnes), revoir certains éléments du moteur qui passe à 585 cv, refaire la carrosserie en long et en large et peindre le tout en British Racing Green. Et voilà! Pour 170.000 dollars en plus de la voiture, quelques 50 audacieux pourront essayer d’invoquer les esprits des Bentley boys des années 20.

Avec la nouvelle Mitsubishi Lancer, Vincent pensait tenir la nouvelle voiture la plus insipide de la semaine. Erreur ! Je relève le challenge avec la nouvelle Kia Magentis. Le style de cette voiture mondiale est calculé pour plaire à tout le monde, ou plus exactement pour ne déplaire à personne, et vise les gens qui ont besoin d’une voiture pour les transporter en se faisant oublier le plus possible, ce qui après tout est un marché conséquent. Ce qui explique pourquoi la photo de presse est grise sur fond gris, surtout ne pas se faire remarquer. La Magentis sera équipée au choix avec un 4 cylindres 2l, un V6 2,7l ou un 2,0l diesel. Plus spacieuse que l’actuelle version, elle boxe en catégorie D contre les Laguna, 407, Mondeo, Vectra, etc. où elle misera sur son prix et son équipement très complet (ESP, airbags partout, radar de recul, etc.) pour faire son trou. Celles et ceux qui ont le coup de foudre pour cette voiture pourront prendre le chemin de Francfort où elle sera une des vedettes du Salon (ah ah ah). Mais ne rions pas trop vite, les Japonais étaient pareils il y a 20 ans, on a vu le résultat.

La Jaguar S Type avait fait partie en 1999 de la tendance rétro-moderne qui consiste à puiser des éléments de style dans la gloire passée d’un constructeur pour un nouveau modèle. A moitié réussie, à mon humble avis. D’après Autoweek, Jaguar travaille maintenant à sa remplaçante pour 2008 et va s’accrocher aux wagons d’une autre tendance lourde, celle des coupés quatre portes de luxe lancée par Mercedes avec la CLS et bientôt suivie par Porsche et VW. Curieux, cette tendance de Jag à vouloir faire tout comme les allemands (X Type, diesel, etc), quand ceux-ci veulent faire british (Mini, Rolls Royce, Bentley, etc.). Toujours est-il que la future S Type aura une carrosserie en aluminium, et le style sera (très bonne nouvelle) largement inspiré par le concept car RD6 de 2003, superbe auto signée Ian Callum, qui a depuis dessiné la nouvelle XK. Tout ça c’est très bien, Jaguar, mais essayez de penser un peu moins autobahn et un peu plus Silverstone, sinon on ne s’y retrouvera plus. Please.

La tâche assez simple du monospace commun (monospacus vulgaris) est de transporter de 5 à 7 personnes plus les bagages sans avoir trop l’air d’une camionnette. Honda, qui connaît bien le problème, a décidé fin 2003 de contribuer à l’amélioration de l’espèce avec la troisième génération de l’Odyssey, malheureusement réservée jusqu’à présent et pour des raisons qui m’échappent au marché japonais, quelques autres pays d’Asie et l’Australie. La première différence avec un monoplace ordinaire est la ligne basse (1,55 m) et tendue très réussie avec une face avant qui a un certain air de famille avec la nouvelle Civic. Outre les roues alliage couleur canon de fusil, les optiques bleutées et la double sortie d’échappement font passer le message « Ce ne sont pas les enfants qui ont choisi » qui rend jaloux le conducteur du « people carrier » de la file d’à côté. Ce qui n’empêche pas l’Odyssey de proposer un intérieur plutôt haut de gamme en trois rangées modulables tout à fait satisfaisant pour la catégorie. Entre autres trouvailles, la dernière rangée de sièges se replie électriquement…