Auteur/autrice : Pierre-Laurent Ribault

Mitsuoka, constructeur japonais atypique dont je vous avais déjà présenté une réalisation, vient de lancer la nouvelle mouture de son best-seller viewt (prononcer viouti). Vos yeux ne vous trompent pas, il s’agit bien d’une évocation cartoonesque de la Jaguar MK2, sur la base d’une Nissan March (Micra), dont la carrosserie est lourdement transformée pour un résultat kitchissime mais assez fûté. La nouvelle génération de la Micra, avec son habitacle tout en rondeur, se prête encore mieux que la génération précédente à la ViewT-fication et devrait être à nouveau un succès, malgré un prix élevé (autour de 2.500.000 yens, 18.400 euros selon les versions) compte tenu du fait que la mécanique et l’intérieur ne sont quasiment pas modifiés. Etonnamment pour nous autres européens, cette niche nostalgique est suffisamment importante pour que les constructeurs généralistes eux-mêmes y aillent de leur modèles. Nissan par exemple promeut sa March dans une version « Rafeet » (orthographe imaginative de « Lafite », comme le château) où grille chromée, baguettes latérales et force détails rétros sont plaqués sur la petite citadine du 21ème siecle. Une panoplie qui attirerait les quolibets sous nos latitudes, mais dont le troisième âge nippon fait ses délices. Pour en revenir a Mitsuoka, la ViewT (une construction linguistique typique jonglant avec orthographe et phonétique pour évoquer le mot Beauty) n’est que la création la plus raisonnable d’une gamme, qui comporte nombre de modèles où l’extravagance des formes le dispute à l’étrangeté des appellations. Pour vous construire une réputation d’excentrique à moindre coût, oubliez Fisker et adressez vous à Mitsuoka !

Sir Franck a finalement trouvé le mode d’emploi pour déchirer le contrat en béton armé qui liait Jenson Button à l’écurie Williams pour 2006, bien aidé il est vrai par une compensation financière dont le montant atteindrait la coquette somme de 18 millions de livres. Williams était jusque là décidé à faire respecter les termes du contrat au jeune Jenson, mais après avoir refait les comptes de la saison prochaine en y faisant apparaitre la perte de son sponsor Hewlett Packard, l’écurie de Grove avait sûrement plus besoin de cash que d’un pilote retenu contre son gré. Selon l’histoire officielle c’est Button qui paye lui-même son dédit, sans aucun doute avec l’aide de BAR Honda chez qui il renouvelle son contrat de pilote.

Toyota a le don pour démoraliser la concurrence. Que ce soit par les annonces régulières de résultats faramineux, le succès là ou personne n’y croyait, l’implantation là où tout le monde s’en va… En annonçant viser la barre des douze mois pour le délai entre le « design freeze » (fin de la conception) et la production par la voix de son président monsieur Watanabe lors d’une conférence à New York en début de semaine, la société de Nagoya vient de déclencher des achats massifs d’aspirine et/ou d’alcools forts dans les bureaux d’études de l’industrie automobile à travers le monde: cela donnerait un avantage considérable au constructeur japonais.

Je ne vois pas pourquoi il faudrait laisser aux Allemands le monopole des berlines bouleversifiantes. Ni d’ailleurs pourquoi l’Alfa 156 devrait tirer sa révérence sans faire de bruit. Pour ces deux bonnes raisons entre autres, le tuner anglais Autodelta a détourné quelques exemplaires en route pour la maison de retraite et créé la 156 GTA AM Super, appelant à la rescousse tout ce qu’Alfa Romeo compte comme suffixes évocateurs pour un chant du cygne assez speed metal. La 156, qui suit une réalisation du même tonneau sur base 147, accueille une version aux hormones du V6 3,7l affublée d’un compresseur qui délivre 400 bhp et un couple de 425Nm. Le chassis reçoit pour l’occasion un différentiel autobloquant et de nouveaux combinés amortisseurs pour tenter de garder toute l’écurie et le cavalier sur la route. Le 0-100 est avalé en 4,8 secondes tandis que la vitesse maxi est de 287 km/h.

Contrairement à Peugeot, Toyota n’attendra pas la fin de carrière de la Yaris 2 pour lui donner une version 3 volumes puisqu’elle se profile déjà à l’horizon dans les pages du site Autogallery.net. Comme pour la 206, la greffe s’est relativement bien passée, prouvant que ce type de chirurgie est mieux maîtrisée de nos jours qu’au siècle dernier. La voiture perd de sa compacité mais gagne un peu en habitabilité avec une longueur totale de 4300 mm, pour un empattement de 2550 mm (3750 et 2460 pour la Vitz, version japonaise de la Yaris 2).

Rinspeed, le tuner/constructeur/inventeur suisse est-il sous calmants ? La nouvelle Porsche Rinspeed Indy présentée à Francfort est en tout cas d’une sobriété exemplaire si on la compare aux créations habituellement délirantes de l’helvètique fantastique. Inspirée par les couleurs traditionnelles de l’ovale américain qui lui donne son nom, la dernière Porsche Carrera S qui sert de base est peinte en « Blanc Métal », une nouveauté de la marque de peinture auto Lesonal qui ressort nettement en… blanc sur les photos. Admettons. Le kit carrosserie remodèle subtilement la voiture, le plus voyant étant l’aileron arrière en queue de canard qui évoque, avec le lettrage latéral, la Carrera RS du début des années 70, LA 911 mythique s’il en est. Les suspensions réglables, les roues de 19 pouces et les gros freins à étriers 8 pistons qui vont avec, l’intérieur allégé de ses éléments non indispensables et les nouveaux baquets sont dans la lignée des RS et autres Clubsport pures et dures de la marque de Stuttgart.