Auteur/autrice : Pierre-Laurent Ribault

La super Mini Cooper S qui doit fermer le ban de la génération actuelle avant une refonte en profondeur, faisait l’objet de spéculations considérables sur le Web depuis longtemps, et le manque d’informations vérifiables rendait certains nerveux et prêts à se jeter sur le premier Photoshoppage venu. Malgré tous les mini-ologues aux aguets, BMW avait remarquablement réussi à contenir les fuites dans l’attente de ce week-end où la redoutable petite Anglaise doit être dévoilée lors du grand raout italien Mini United.

BMW n’abandonne pas la mal aimée Z4 à son triste sort. En attendant le joli coupé dévoilé à Francfort et Tokyo, le roadster munichois reçoit un subtil restylage à l’extérieur comme à l’intérieur et une toute nouvelle gamme de moteurs, culminant avec une version portant un M annonciateur de tempête sous le capot. Et effectivement, la Z4 M reçoit le six cylindres 3,2l de la M3 actuelle (la prochaine passe au V8) avec 343 ch et un couple de 365 N.m à 4900 tr/mn. Ainsi harnachée la Z4 couvre le 0-100 km/h en 5 secondes et la vitesse maxi est bridée comme sur les voitures allemandes récentes à 250 km/h, ce qui signifie qu’elle peut aller en fait beaucoup plus vite.

On conçoit classiquement la voiture haut de gamme en terme de grosse berline. Le concept Nissan Amenio est une alternative intéressante, qui ajoute la notion d’espace à celle de confort. Amenio (évocateur de Amenity, agrément) utilise une forme de monospace pour 6 personnes mais dans une interprétation différente des standards habituels: pas d’enfants à transporter, d’intérieur transformable à volonté ou de considération particulière pour le volume du coffre. Le but ici est de rendre le séjour d’un groupe de grandes personnes le plus agréable possible à l’intérieur du véhicule. L’expérience du voyage compte autant que la destination, que le designer monsieur Kenji Matsuo imagine être un concert de jazz, un week-end dans un hôtel cosy, ou autre distraction d’adultes mûrs à fort pouvoir d’achat et plus d’enfants dans les jambes.

Pour faire une petite pause au milieu des concept cars et des nouveautés, voici le post obligatoire sur les demoiselles de Tokyo. Les Japonais, qui mal y pensent sans être particulièrement honnis, question de culture, ne se posent pas de questions métaphysiques sur la longueur des uniformes, surtout les équipementiers qui n’ont pas de concept fumeux ou de V10 surpuissant pour attirer le chaland. Je voudrais souligner cependant que ces belles de stand font preuve, en tout cas pour leur début de mission pendant les journées presse, d’une fraîcheur et d’une gentillesse qui contraste agréablement avec les airs importants des aéropages de PDG en escadrons dans les allées et les battle dress fatigués de photographes qui semblent tout droit débarqués de quelque zone de guerre.

Après plusieurs années de pertes à répétition et de problèmes divers, Mitsubishi Motors est dans les cordes, et la Lancer Evolution est dans ce contexte un phare dans la tempête. Autrefois comptant pour environ 10% des ventes de la Lancer, elle représente maintenant 50% de ces ventes au Japon car contrairement aux autres modèles, la Lancer Evo n’a pas souffert de la dégradation de l’image de la marque. L’Evolution X a donc un rôle très important à jouer dans le rétablissement de Mitsubishi.

Chez Audi, maison sérieuse s’il en est, on a une approche méthodique du marché. Alors quand quelqu’un à Ingolstadt s’est aperçu du trou béant dans la gamme entre l’A8 équipée d’un V8 et l’A8 équipée d’un W12, ce fut la panique. « Il y a sûrement dans cet abîme des millions de clients potentiels qui partent chez les concurrents, il faut faire quelque chose ! » entendait-on dans les réunions immédiatement organisées pour traiter du problème. Heureusement, un cerveau perspicace s’est souvenu qu’il y avait un V10 dans la succursalle de Sant’Agata, plus précisement dans la Lamborghini Gallardo alors tout le monde s’est mis au travail, fini à temps pour présenter la S8 à Tokyo. Ouf, le trou est bouché.

La voilà donc, la voiture la plus chère du monde, ex devrais-je écrire puisque celle qui lui subtilise la couronne, la Bugatti Veyron, trône à quelques dizaines de mètres de là, dans le hall principal. La Saleen S7, elle, est reléguée dans l’annexe, avec les petits constructeurs locaux, en face des savants cosinus de l’université de Keio venus exposer l’Eliica. Saleen débarque au Japon par la petite porte via la société Blue Flame, distributeur de pièces hautes performances pour les américaines. Et finalement c’est mieux ainsi, car on peut plus facilement s’en approcher et examiner le soin apporté à la fabrication, qui rappelle le sur mesure des Hot Rodders, comme d’ailleurs le rouge Candy Apple et les jantes chromées typiquement US.

Parmi la myriade de concept cars du salon, un des plus réussis est la Mazda Senku, un sublime coupé quatre places à ligne extrêmement tendue, dont j’ai décrit les principales caractéristiques dans une note précédente. Particulièrement séduit par cette auto, j’ai voulu en apprendre un peu plus et j’ai eu la possibilité d’échanger quelques mots avec le jeune homme de la photo, designer en chef du projet, Norihito Iwao, qui travaille au centre de recherche de Mazda à Yokohama.

La Fiat Panda a le vent en poupe, et cela devrait se confirmer avec la version de production de la Panda Alessi que Fiat vient de dévoiler à Tokyo. Apparue à plusieurs reprises sous forme de concept depuis l’année dernière, la voiture est cette fois mise en vente au début 2006 en Europe, au tarif de 12,500 euros à peu près, et un peu plus tard au Japon. Les changements apportés par le designer portent sur la couleur, verte, noire ou orange, les enjoliveurs de roues spécifiques, et à l’intérieur la sellerie verte ou orange et la sérigraphie des compteurs. La console a également fait l’objet de retouches pour coller au style distinctif du designer italien, qui montre qu’avec quelques modifications somme toutes mineures, on peut créer une voiture intéressante. Il est vrai que la Panda est une bonne base. Le choix de Tokyo pour présenter la Panda Alessi est intéressant et cette dernière colle bien à l’image de Fiat au Japon.

Avant de lever le voile sur la GT-R proto et les autres concepts Nissan, c’est dans la Pivo que Carlos Ghosn a fait son entrée sur le Salon. Ce concept intriguant a plus d’un tour dans son sac, et l’impression de gros jouet qu’il dégage, un peu trop peut-être, ne doit pas cacher que Pivo est plein à ras bord de technologies intéressantes qui n’ont rien à envier aux réalisations de Toyota. Le détail de ces merveilles techniques est à la page suivante, et en introduction voici une petite vidéo démontrant la fameuse cabine qui donne le tournis.