Continental : un démantèlement stratégique pour faire face à la nouvelle donne mondiale
La multinationale allemande Continental, connue pour ses pneus et équipements automobiles, a annoncé un plan de scission en trois entités distinctes. Cette décision, présentée aux investisseurs le 24 juin, marque la fin d’un modèle industriel historique basé sur la diversification. À travers cette restructuration, Continental cherche à gagner en agilité, dans un contexte économique allemand en pleine mutation et une concurrence internationale de plus en plus féroce.
Cette transformation est loin d’être un cas isolé. Elle illustre un tournant structurel profond du modèle économique allemand, autrefois basé sur de grandes entreprises intégrées, aux branches multiples. Désormais, la tendance s’oriente vers des entités plus légères, flexibles et spécialisées.
Retour aux fondamentaux : pneus, caoutchouc, et pièces automobiles
Fondée à la fin du XIXe siècle à Hanovre, Continental a commencé par fabriquer des tampons en caoutchouc pour sabots de chevaux. Aujourd’hui, l’entreprise prévoit de se recentrer autour de trois pôles distincts :
- Les pneus, cœur historique de l’activité
- Les composants en caoutchouc
- Les pièces automobiles électroniques et mécaniques
Ce choix de segmenter les activités vise à améliorer la lisibilité stratégique de chaque division et à permettre une meilleure réactivité aux évolutions du marché, tant sur le plan technologique que géopolitique.
Une réponse aux limites du modèle industriel allemand traditionnel
Le cas de Continental est emblématique des difficultés structurelles auxquelles sont confrontées les entreprises allemandes. Le pays, longtemps considéré comme un modèle de stabilité industrielle, voit aujourd’hui ses fondations économiques remises en question. La mondialisation, la transition énergétique, les disruptions technologiques et la montée en puissance de nouveaux acteurs — notamment chinois — bouleversent les règles du jeu.
Selon Stefan Bratzel, directeur du Centre de gestion automobile de Bergisch Gladbach, la transformation de Continental illustre bien la fin du « guichet unique » — un modèle où une entreprise centralise toutes ses activités. Ce format, autrefois synonyme d’efficacité, apparaît désormais comme un frein à la compétitivité dans un environnement en mutation rapide.
Des exemples qui se multiplient : Siemens, Thyssenkrupp, Daimler…
Continental n’est pas un cas isolé. D’autres grands groupes allemands ont amorcé leur transformation :
- Siemens, autrefois symbole de la diversification industrielle, a scindé plusieurs de ses activités pour se recentrer sur ses pôles les plus rentables.
- Thyssenkrupp, mastodonte de la sidérurgie, a lui aussi engagé un démantèlement stratégique.
- Dans l’automobile, Daimler a séparé ses divisions voitures particulières et camions.
- Volkswagen a partiellement détaché Porsche, tout en scindant son unité de véhicules utilitaires.
Ces mouvements visent à accroître la spécialisation, renforcer la capacité d’innovation, et améliorer la réactivité face à des marchés de plus en plus dynamiques, notamment dans les domaines de la mobilité électrique et des technologies embarquées.
Notre avis par leblogauto.com
La scission de Continental n’est donc pas un simple ajustement interne, mais bien le symbole d’un tournant national. Elle reflète un repositionnement stratégique nécessaire pour faire face aux défis économiques et technologiques du XXIe siècle.
Cette dynamique souligne que la force industrielle allemande repose désormais sur l’agilité, la spécialisation, et la capacité à s’adapter rapidement aux transformations mondiales. L’ère des conglomérats centralisés semble toucher à sa fin, au profit de structures plus souples, mieux armées pour affronter les mutations du marché globalisé.

Crédit graphique : Bloomberg.
Crédit illustration : Continental.

Si on fait le lien avec l’article parlant de Toyota qui rachète du Toyota (je n’ai pas le nom exact des structures en tête ^^), c’est peut-être un mouvement mondial et non pas spécifique aux japonnais ou aux allemands?
Ben non là pour le coup c’est l’inverse : chez Toyota on rement dans le même paquet des entités différentes au départ
Pas sur que ça soit efficace, il y a plein d’exemples qui prouvent le contraire.