Akio Toyoda réélu chez Toyota

Akio Toyoda est réélu président de Toyota et ce, malgré les tensions autour de la privatisation de Toyota Industries et les critiques sur la gouvernance.

Toyota : Akio Toyoda reconduit malgré les controverses

Lors de l’assemblée générale annuelle de Toyota Motor Corp., les actionnaires ont voté en faveur de la réélection d’Akio Toyoda au conseil d’administration. Malgré des polémiques persistantes autour de la privatisation de Toyota Industries Corp. et des préoccupations sur la gouvernance d’entreprise, Toyoda conserve sa place aux côtés de cinq autres dirigeants, dont le directeur général Koji Sato.

Le climat détendu de la réunion — marqué par des anecdotes personnelles et même des demandes de selfies — a fortement contrasté avec les vives tensions qui entourent la stratégie actuelle du groupe.

Une AG déconnectée des sujets brûlants

Étonnamment, la privatisation controversée de Toyota Industries n’a pas été abordée lors de l’assemblée. Cette omission a surpris de nombreux observateurs, d’autant plus que cette opération est au cœur des critiques visant Akio Toyoda.

En effet, le groupe Toyota a lancé une offre de 4,7 trillions de yens (32,4 milliards de dollars) pour racheter Toyota Industries Corp., un pilier historique de l’empire industriel fondé par la famille Toyoda. Cette démarche s’inscrit dans la volonté du gouvernement japonais de simplifier les structures capitalistiques, mais certains investisseurs y voient surtout une tentative de renforcer le contrôle familial à moindre coût.

Une stratégie de contrôle via une structure opaque

L’opération de rachat implique Toyota Fudosan Co., une entité non cotée appartenant à Toyota et à 15 autres entreprises du groupe. Cette structure détiendra la majorité de Toyota Industries via une holding, renforçant ainsi le pouvoir d’Akio Toyoda, également président de Toyota Fudosan. Ce dernier investira personnellement 1 milliard de yens dans l’opération.

Malgré cela, l’offre publique d’achat à 16 300 yens par action reste inférieure aux pics atteints récemment par le titre, qui avait grimpé à 18 400 yens, ce qui alimente la grogne des investisseurs minoritaires.

Une gouvernance sous surveillance

Les réserves exprimées par les actionnaires ne sont pas nouvelles. Depuis plusieurs années, le soutien à Toyoda s’effrite : sa part de votes affirmatifs est passée de 96 % en 2022 à 72 % en 2024, un record à la baisse. Cette évolution reflète les doutes croissants sur la gouvernance d’entreprise, notamment après une série de scandales de sécurité liés à des tests de certification falsifiés impliquant Toyota Motor, Daihatsu et Toyota Industries.

L’année dernière, deux cabinets influents — Glass Lewis & Co. et Institutional Shareholder Services (ISS) — s’étaient opposés à sa réélection. Cependant, en 2025, ces deux entités ont étonnamment changé d’avis. ISS a déclaré en mai qu’il n’existait « pas de préoccupations particulières concernant le candidat ».

Une communication bien rodée, des enjeux bien réels

Plutôt que de traiter les sujets controversés, Akio Toyoda a choisi de miser sur une communication plus légère lors de l’assemblée, évoquant par exemple son amitié avec un lutteur de sumo et répondant avec humour à une demande de photo. Cette mise en scène a semblé détourner l’attention des problèmes structurels que traverse le groupe.

Dans une interview sur le site interne de Toyota, Toyoda a défendu la privatisation comme un moyen de « restaurer l’identité de l’entreprise » et de « protéger son avenir ». Il réfute l’idée selon laquelle il chercherait à renforcer le contrôle de sa famille sur le groupe.

Un leadership maintenu, mais fragilisé

La réélection d’Akio Toyoda témoigne de sa capacité à maintenir le soutien des principaux investisseurs, malgré les controverses et les critiques. Toutefois, le déclin régulier de sa popularité auprès des actionnaires indique une érosion de la confiance.

Entre gouvernance contestée, opérations financières opaques et gestion de crises, l’avenir du leadership de Toyoda semble de plus en plus dépendre de sa capacité à répondre clairement aux attentes en matière de transparence et d’éthique.

Crédit illustration : Toyota.

(2 commentaires)

  1. Si Toyota conserve son extraordinaire culture perfectionniste, il ne peut rien lui arriver de grave (vendre des voitures dont on ne craint pas qu’elle tombe en panne est un atout commercial majeur).

    1. Certes, mais la vigilance reste particulièrement de mise… Exemple : Le lancement du LC250 ! Electronique embarquée totalement à la ramasse, étriers de frein fantaisistes, accastillage plastique de la carrosserie particulièrement fragile et toit vitré qui prend l’eau… Le réseau botte en touche (comme souvent chez eux quand un – vrai – problème surgit… « car il n’y a jamais de vrais problèmes chez nous ! ») et aucunes solutions en vue… Et ce n’est qu’un bilan de quelques semaines !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *