Le gouvernement britannique de Keir Starmer soutient Nissan pour préserver l’usine de Sunderland et les emplois industriels, face aux tensions mondiales.
Un soutien stratégique pour la base industrielle britannique
Le gouvernement britannique, sous la direction de Keir Starmer, envisage de garantir un prêt syndiqué de 1 milliard de livres sterling pour Nissan, via l’agence UK Export Finance. Ce soutien illustre l’engagement du nouveau Premier ministre à préserver la base industrielle du pays. Et c’est d’autant plus vrai face à la montée du parti populiste Reform UK dirigé par Nigel Farage.
L’usine de Sunderland, fleuron industriel situé dans une région économiquement sensible, emploie plus de 6 000 personnes. Cette intervention gouvernementale vise à sécuriser l’avenir de cette structure emblématique. En outre, cela envoie un signal fort aux électeurs ouvriers : le gouvernement protège les emplois industriels.
Répondre à la guerre des tarifs et à la pression économique mondiale
Cette aide arrive à un moment critique, alors que les tarifs protectionnistes de Donald Trump aux États-Unis mettent en péril des secteurs clés comme l’acier et l’automobile. Pour y faire face, Keir Starmer a allégé le mandat britannique sur les véhicules zéro émission et a clairement affiché son soutien à l’industrie automobile : « Nous vous soutenons », a-t-il déclaré récemment aux constructeurs.
Ce n’est pas la première fois que Nissan bénéficie du soutien public. En 2023, le gouvernement conservateur avait déjà injecté 100 millions de livres pour aider à construire une usine de batteries à Sunderland, et avait garanti plusieurs centaines de millions supplémentaires en investissements privés.
L’industrie automobile : un enjeu économique et symbolique
Même si l’automobile représente moins de 1 % de l’économie britannique, ce secteur reste hautement symbolique. Il reflète le passé industriel de l’Angleterre et continue d’offrir des emplois qualifiés dans des régions souvent délaissées.
Selon Praful Nargund, directeur de la Good Growth Foundation, l’industrie automobile est « totémique des perspectives de croissance du Royaume-Uni ». Il appelle le gouvernement à intervenir davantage pour maintenir en vie cet écosystème industriel clé.
Un plan industriel attendu pour clarifier la stratégie de soutien
La stratégie industrielle complète du gouvernement Starmer, très attendue, n’a pas encore été rendue publique. Elle devrait voir le jour ces jours-ci, dans la cadre de l’examen des dépenses publiques. Elle précisera les secteurs soutenus par l’État et les modalités d’aides financières.
En attendant, des actions concrètes comme l’aide à Nissan, ou la reprise en main de British Steel pour éviter la fermeture de hauts fourneaux, marquent un tournant interventionniste assumé du gouvernement britannique en matière industrielle.
Nissan en pleine restructuration mondiale
Pour Nissan, ce financement s’inscrit dans une vaste stratégie de restructuration mondiale, rendue nécessaire par la chute des ventes en Chine et aux États-Unis. Le constructeur prévoit de supprimer 20 000 emplois et de fermer 7 usines d’ici 2028.
La tentative avortée de fusion avec Honda cette année n’a fait que renforcer les difficultés. Néanmoins, l’usine de Sunderland est décrite par Kim McGuinness, maire du Nord-Est de l’Angleterre, comme « l’une des plus productives au monde ». Elle souligne l’importance du cluster industriel régional autour de Nissan, qui fournit d’autres constructeurs britanniques et européens.
Notre avis par leblogauto.com
À travers le cas de Nissan, le Royaume-Uni redéfinit son rôle industriel à l’ère de la transition énergétique et des tensions commerciales mondiales. Starmer fait le pari du soutien stratégique ciblé, combinant attractivité économique et protection des travailleurs. Ce positionnement pourrait bien devenir un pilier de sa politique industrielle dans les années à venir.
Crédit illustration : Nissan.