Samuel Le Bihan soutient le diesel de plastique (pyrolyse)

Earthwake, c’est une association fondée par Benoït Miribel et Samuel Le Bihan. Son but ? Développer l’économie circulaire et la mettre à disposition des populations vulnérables. Le plastique est une pollution majeure des océans mais aussi des terres. Earthwake finance des programmes de « recycleries » équitables en Afrique de l’Ouest. Mais, pour ce qui nous intéresse ici, aussi des programmes de recherche et développement pour la pyrolyse du plastique.

Le plastique, c’est du pétrole. Le principe de la pyrolyse du plastique est de le chauffer à plus de 400° de façon anaérobique (sans oxygène pour éviter que cela brûle). Le gaz obtenu est condensé et fractionné. Il en résulte en gros trois produits : un gaz combustible, un mélange d’hydrocarbures, et du « coke » (ou biochar). Chacun des produits est valorisable. Le biochar sert à amender les sols appauvris. Le gaz peut servir comme du gaz naturel. Enfin, le mélange d’hydrocarbure est un « diesel ». Il peut être raffiné par la suite pour séparer le diesel d’une essence.

Evidemment, il faut de l’énergie pour chauffer le plastique. Mais cette énergie peut être obtenue de façon renouvelable (ou « propre »). Ici, le prototype est alimenté par des panneaux photovoltaïques. Earthwake a donc financé Chrysalis, capable de transformer 1 kg de plastique par heure et d’obtenir 500 à 600 grammes de diesel. Des prototypes plus gros et plus complexes permettent de monter à 75% de transformation.

« La vraie solution à ce problème des déchets sera économique »

Samuel Le Bihan fait la « retape » du prototype :  « Le but de l’association, c’est de développer des technologies pour revaloriser les déchets plastiques et stimuler le ramassage, et donc de valoriser les déchets pour créer une économie, car selon moi la vraie solution à ce problème des déchets sera économique ».

Evidemment, 1 kg par heure, c’est peu. Mais, d’ici « 3 à 6 mois » selon Le Bihan, un deuxième prototype, plus gros (un demi-container) sera assemblé. Là, ce devrait être 70 kg par heure de traités. De quoi le transporter sur une zone polluée et valoriser le plastique. Une autre piste est de fournir ce « pyrolyseur » aux recycleries équitables, ce qui donne un nouveau débouché à leur plastique récolté.

Plusieurs projets

La pyrolyse du plastique est « à la mode » en ce moment. Un bateau expérimental, Ulysse, a été mis à l’eau cet été par les Français de « Plastic Odyssey ». Son principe est de collecter du plastique dans les océans, et de le transformer en carburant. Il utilise une partie de ce carburant pour avancer, et récolter plus de plastique. Ulysse, c’est 5 kg traités par heure avec 3 litres de diesel et 2 d’essence. Le raffinage est en effet plus poussé qu’avec le prototype d’Earthwake. Un modèle plus grand est prévu pour dans deux ans.

Mais, il n’y a pas que des associations ou des entreprises « écologiques » comme Blest qui s’y mettent. On citera Suez qui a lancé en 2010 (déjà !) un projet industriel avec sa filiale Sita UK et Cynar Plc Green Fuel.

Les professionnels industriels qui utilisent massivement du plastique, tentent aussi de « verdir » leur image en investissant dans la filière. Pour ceux qui s’intéressent à la pyrolyse du plastique, Arte a consacré un sujet à Cynar, il y a bientôt 3 ans. On citera aussi PlasticEnergy.

Illustration : Earthwake (installation du démonstrateur au Port Vauban, Antibes)

(21 commentaires)

    1. Ah mais si fait.
      Le truc, c’est qu’il y a déjà des millions de tonnes de plastique dans la nature.
      Limiter la production de plastique ne fera pas disparaître ces montagnes de plastique 😉

    2. C’est un peu de l’hypocrisie, si on supprime le plastique il faudra bien le remplacer par autre chose, les sacs ce sera par des modèles en papier, les bouteilles par des briques en carton ou des modèles en verre. Ce qui me choque un peu c’est qu’on accuse les producteurs mais pas trop les consommateurs, tu auras beau remplacer la matière mais la personne qui jette sa bouteille dans la nature au lieu de la mettre dans une poubelle elle continuera à faire la même chose.

      1. Il est dit que 80% des plastiques viennent de 10 grands fleuves !?
        Les récupérer aux embouchures ne serait pas la meilleure des solutions ?

      2. C’est marrant mais tu as exactement le même discours que les lobbyistes du reportage : ce n’est pas la faute des gentils producteurs mais c’elle des méchants consommateurs. Je ne sait pas si tu as vu le reportage, mais en Tanzanie Coca Cola, vendait leurs différents produits en bouteilles en verre consignées, avec toute la filaire qui va avec, récupération des bouteilles vide, lavage, réutilisation, et l’a remplacé par des bouteilles en PET, qui termine dans la nature, où de petites mains les ramasses pour quelques centimes. Et comble de l’hypocrisie de cette « grande compagnie » explique qu’elle pense, d’ici quelques années, mettre sur pied un circuit de recyclage, circuit qu’elle avait avec les bouteilles en verre !!!!!!
        Avant dans chaque grande surface il y avait une reprise des vides pour les bouteilles en verre consigné, où sont elles passé ?
        Et contrairement au plastique qui n’est pas recyclable à l’infini, le verre l’est.

  1. Bon ok pour la récupération du plastique.
    Mais est-ce qu’a un moment ce qui est consommé et utilisé pour construire la machine, la faire fonctionner, la recycler et récupérer le plastique cela devient positif pour l’environnement ?

    1. Le pyrolyseur, c’est un « four », cela ne demande pas énormément de choses pour le faire.
      L’énergie est fournie ici par des panneaux photovoltaïques. Mais on peut envisager une éolienne, un mix des deux, etc.

      L’énergie demandée pour fabriquer du diesel par pyrolyse est moindre que celle demandée pour un raffinage de pétrole…

      1. Et vu que le four produit de l’énergie (sous forme de gaz et de « diesel », est ce que celle ci ne peut pas être utilisée pour chauffer le four (et dans ce cas quel est le rendement global ? et quels sont les impacts GES et polluants )

        1. On n’a pas le fonctionnement exact de ce prototype.
          Mais oui, on peut réutiliser la chaleur produite et les gaz pour améliorer le rendement global.

          C’est par exemple ce qu’utilise le CEA (commissariat à l’énergie atomique) pour son réacteur à H2 :
          https://www.industrie-techno.com/90-de-rendement-pour-un-systeme-d-electrolyse-du-cea.34969

          Ici, on ne brûle pas le plastique. Donc pas (ou très peu) de CO2 émis.
          Les éléments que l’on récupère dépendent des plastiques à l’entrée.
          Mais globalement, on récupère un gaz qui peut être utilisé en cuisson, voiture, industrie, etc.
          Du diesel et de l’essence, des huiles de synthèse.
          Du biochar. En gros le biochar ce sont les résidus à la fin de la réaction. Il est fixateur d’humus. En clair, il permet d’amender des sols appauvris sans avoir recours aux engrais chimiques (pétroliers).
          Il est lui aussi issu de pétrole, mais n’amende pas directement le sol, il permet de fixer le carbone, l’azote, l’eau, etc. Bon sur cette partie, on est aux « balbutiements » de son utilisation mais pas mal de pépiniéristes l’utilisent.
          http://www.csf-desertification.org/combattre-la-desertification/item/le-biochar-est-il-vert

  2. Ouais puis l’autre jour il y avait un docu TV montrant une décharge à ciel ouvert sur la plage dans je ne sais plus quel pays, des tonnes et des tonnes de plastiques qui vont dans la mer à chaque marée, alors on pourra se prendre la tête à recycler on ne va pas aller loin.

    @Polo, si c’est remplacé par du biodégradable (emballage à base de maïs ? d’algues ?) c’est toujours mieux que le plastique (à condition de ne pas faire spéculer des céréales ou autre qui servent d’habitude à se nourrir)

    1. Justement, ke principe est de montrer que ce ne sont pas des déchêts mais des ressources. Ainsi une grande partie peut être collectée au lieu de finir en décharge.

      Pour les emballages, le durable c’edt bien aussi. Bocaux de verre, sacs de toile, etc. Sans pousser à la « mode » des waste, riz, pâtes, lentilles, noix, cereales, etc. Bcp de choses peuvent s’acheter en vrac. Pour le reste, des sacs coton par exzmple permettent de prendre des legumes sans sac…
      Les « faux » plastiques sont un pis-aller.

      1. @Thibaud, oui ce que je voulais dire aussi c’est qu’en attendant que ce soit en place on peut recycler nos 3-4 bouteilles, si dans d’autres pays les décharges se vident dans la mer c’est un coup d’épée dans l’eau.
        Donc ouais si ça fonctionne ces fours à terme ça peut être top.

  3. Le consigne des bouteilles en verre impose un trajet de retour. Le transport coute aussi cher au retour qu’à l’aller. Ceci a un cout que quelqu’un doit accepter de payer (le consommateur?).

    Ensuite, le trajet de retour n’est pas très planifiable

    Et puis aussi, chaque marque tient à sa forme de bouteille (et les clients aussi, plus ou moins), rendant la filière consigne encore plus cher.

    Notre société de consommation dans sa diversité, rend difficile la filière de réutilisation (retour à l’usine) des emballages, des contenants…

    1. Ah ben c’est là qu’il faut légiférer. Vu l’urgence climatique on risque de devoir prendre quelques lois « restreignant » nos libertés individuelles.
      Je pense que contraindre les industriels à quelques formats de bouteilles prédéfinis rendant le recyclage ou la consigne aisé et « rentable » serait supportable, comme les boîtes de conserve.
      Quand ce seront les éléments qui restreindront nos libertés individuelles, ils ne vont pas faire dans le détail :D.

      1. Si on regarde du coté des canettes, il existe 3 ou 4 modèles standardisés, c’est l’étiquetage qui fait la différence, pourquoi pas pour les bouteilles en verre

  4. En fait, les consignes des bouteilles verre, cela existe encore dans beaucoup de pays en Europe (l’Allemagne par exemple).

    Chez nous, on a mis en place…une taxe 🙂
    Vous savez la double flèche façon ying-yang….cela ne veut pas dire que c’est recyclable, ou recyclé.
    Cela veut dire qu’on paie une taxe pour la mise en place de la filière recyclage.
    Il y a aussi une taxe « indolore » sur les appareils électroménagers (éco-participation). Là aussi, c’est la mise en place de la filière recyclage.

    Donc, pourquoi les industriels s’embêteraient à garder la consigne qui coûte de l’argent (on fait payer la bouteille, que l’on rembourse quand on la ramène, mais le camion qui vient chercher les caisses, le recyclage, etc. tout cela coûte…) alors qu’on peut laisser les filières recyclage, payées avec la taxe, faire le boulot.
    Bon ok, les industriels en paient aussi une partie…mais ça les arrange bien. Ils paient, intègre cela dans le prix du produit, et s’en lave les mains 😉

    Rassurez-vous, s’il y a de l’argent à se faire, ils se jetteront dessus sans sourciller.

  5. « Mais globalement, on récupère un gaz qui peut être utilisé en cuisson, voiture, industrie, etc.
    Du diesel et de l’essence, des huiles de synthèse. »

    Oui, donc lorsque l’on va brûler ces carburants (pour faire fonctionner ce four ou pour d’autres utilisations), cela va bien émettre des trucs, non ?

    1. Bien entendu. Mais sauf à considérer le plastique comme une réserve de CO2 et non comme un polluant, ce n’est pas un pbm si ?

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