Nissan en turbulence : pertes colossales, restructuration massive et impact des droits de douane

Nissan prévoit des pertes importantes face à une restructuration coûteuse et aux effets des tarifs douaniers américains.

Nissan face à de lourdes pertes financières malgré sa restructuration

Nissan Motor Co. traverse une période critique de son histoire. Le constructeur automobile japonais a annoncé des pertes d’exploitation s’élevant à 180 milliards de yens (environ 1,08 milliard d’euros) pour la période d’avril à septembre. Cette annonce s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de restructuration qui vise à redresser une entreprise en perte de vitesse, tout en subissant de plein fouet les conséquences des politiques commerciales de l’administration Trump.

Malgré une perte trimestrielle moins importante que prévu — 79 milliards de yens (environ 474 millions d’euros) contre une estimation de 119 milliards — la situation reste préoccupante. Nissan avait déjà affiché une perte nette de 671 milliards de yens (environ 4,03 milliards d’euros) sur l’exercice précédent, l’une des plus importantes en 25 ans. La marque n’a d’ailleurs pas fourni de prévision pour l’ensemble de l’exercice fiscal se terminant en mars 2026, bien que les analystes tablent sur un déficit de 234 milliards de yens (environ 1,4 milliard d’euros).

Un plan de restructuration ambitieux mais douloureux

Sous la direction du PDG Ivan Espinosa, Nissan a lancé un plan de redressement audacieux. L’objectif : améliorer la compétitivité de ses produits, restaurer l’image de marque, et rationaliser ses coûts de production. Mais ce plan s’accompagne de décisions difficiles : la suppression de 20 000 emplois et la fermeture de plusieurs sites de production.

L’usine historique d’Oppama, qui emploie environ 2 400 personnes, cessera de produire des véhicules d’ici mars 2028. Sa production sera transférée à Kyushu. Autre conséquence de la restructuration : l’arrêt de la production du fourgon NV200 dans l’usine de Shonan d’ici mars 2027. Nissan prévoit également de transférer la production de son usine de Civac au Mexique vers le complexe d’Aguascalientes.

Dans l’ensemble, la marque souhaite réduire sa capacité de production annuelle de 3,5 millions à 2,5 millions de véhicules, une mesure visant à endiguer une surcapacité devenue structurelle.

Des obstacles externes : les droits de douane américains

Outre les défis internes, Nissan doit composer avec des pressions géopolitiques. Les tarifs douaniers imposés par les États-Unis dans le cadre de la guerre commerciale initiée par Donald Trump représentent un autre coup dur. Bien que le Japon ait obtenu un accord plus favorable avec un tarif de 15 % — contre 25 % pour d’autres pays — cela reste un fardeau pour Nissan.

Le constructeur estime à 300 milliards de yens (environ 1,8 milliard d’euros) l’impact potentiel de ces droits de douane, une révision à la baisse par rapport aux 450 milliards de yens précédemment estimés (environ 2,7 milliards d’euros). Cependant, Espinosa insiste : « 15 % reste 15 % », soulignant que même une réduction tarifaire ne résout pas les problèmes fondamentaux de rentabilité.

Une marque en quête de renouveau

Pour les analystes, les difficultés de Nissan illustrent un manque de force produit, une image de marque affaiblie et une capacité de vente en déclin. Selon Tatsuo Yoshida de Bloomberg Intelligence, « reconstruire la marque et la compétitivité produit ne se fait pas du jour au lendemain. » La restructuration est donc un premier pas, mais loin d’être suffisant.

L’un des axes explorés par Nissan est l’exportation de véhicules fabriqués en Chine vers d’autres marchés. Cette stratégie pourrait offrir un nouveau levier de croissance, mais dépend fortement de l’évolution des relations commerciales internationales.

Un avenir encore incertain

Le plan de redressement de Nissan marque une volonté claire de transformation, mais les défis restent nombreux. Entre restructuration coûteuse, incertitudes réglementaires et concurrence féroce, le constructeur nippon joue une partie à haut risque. Les mois à venir seront décisifs pour mesurer l’efficacité de sa stratégie et sa capacité à redorer son blason sur la scène automobile mondiale.

Crédit illustration : Nissan.

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