Cette subvention n’avait pas encore été annoncée officiellement car l’Etat français et ProLogium attendait le feu vert formel de la Commission Européenne pour valider l’aide de la France. Le Taïwanais a décidé d’implanter sa première usine européenne de batteries en France et on se doutait qu’il y avait un investissement public conséquent pour aider à la décision. C’est la fameuse « réindustrialisation » vantée par le PR.
L’aide publique est officiellement une aide à la recherche, au développement et à l’innovation. Pourquoi la recherche et développement ? Car ProLogium doit y faire des batteries à électrolyte solide, solution prometteuse, mais encore en phase de recherche et de mise en production. L’usine qui doit produire 48 GWh de batterie par an (d’où le nom de gigafactory NDLA) représente un investissement de 5,2 milliards d’euros pour ProLogium.
125 000 € de subvention par emploi indirect créé
La subvention sera étalée dans le temps, jusqu’en 2029. Une façon de s’assurer que l’argent public ne soit pas simplement capté pour aucun résultat concret. Si on sait que « Dunkerque » est le point d’ancrage du projet, il reste encore à construire précisément l’usine. Cela devrait débuter à partir du second semestre 2024. La production de son côté devrait intervenir à la fin de 2026.
Pour le Dunkerquois, ce projet est d’importance. L’usine devrait créer à terme 3000 emplois directs et 12 000 indirects. Surtout, cela fait partie de la « vallée de la batterie ». Les usines Stellantis et Renault-Verkor sont implantées non loin de là. La France souhaite attirer des acteurs du véhicule électrique dans le nord de la France, grâce à un environnement financier favorable, des aides publiques, mais aussi une électricité nucléaire décarbonnée qui améliore le bilan écologique des batteries.
Une notion d’importance alors que la France va introduire un « score environnemental » pour les véhicules électriques qui permettra de déclencher ou non l’octroi du bonus électrique. ProLogium a indiqué qu’il recherchait également un emplacement pour son centre de recherche et développement. La France est là aussi sur les rangs.
Notre avis, par leblogauto.com
Les subventions publiques dans l’automobile ne sont pas une nouveauté. Il y a eu Toyota Onnaing par exemple, assez emblématique des aides étatiques et des collectivités pour attirer une usine. Mais les constructeurs français ont aussi régulièrement bénéficié d’aides pour « l’aménagement du territoire ». Souvent, c’était pour que la production d’un véhicule ne soit pas délocalisée à l’étranger, ou pour qu’une usine ne ferme pas définitivement.
Mais, les montants sont sans commune mesure avec celui annoncé aujourd’hui. En 2018, Toyota a reçu une aide de deux millions d’euros de la part de la Région pour aider Toyota à recruter 140 salariés pour développer l’usine d’Onnaing. De son côté, Toyota investissait 300 millions dans l’usine pour produire un nouveau modèle en plus de la Yaris, et recruter 700 personnes supplémentaires (pour 5000 au total).
Ces subventions permettent de « faire baisser le coût salarial » et souvent de remporter la mise quand un groupe industriel cherche à s’implanter. A la clé, ce sont des emplois directs et indirects, un tissu économique préservé ou dynamisé. Longtemps, on a considéré que l’Etat ne devait pas se mêler de la politique industrielle privée. Désormais, il semble que l’on cherche à attirer les industries, et c’est tant mieux. L’électricité nucléaire est aussi un argument qui parle aux industriels, mais le chemin est encore long pour la réindustrialisation.
Avec ses gigafactories, la France devrait produire des batteries pour plus de véhicules qu’elle n’en produit annuellement. Ces batteries seront soit exportées ailleurs en Europe, soit serviront à attirer de nouvelles productions automobiles sur notre sol.
Rapporter le montant des subventions au nombre d’emplois créés est un mauvais calcul il faudrait plutôt comparer au chiffre d’affaire envisagé et surtout voir le montant qui viendra de l’export.
Au passage même si c’est beaucoup quand on compare à d’autres projets d’envergure (Tesla ou Intel en Allemagne) c’est dans les cordes.
La Giga factory c’était annoncé avec un coût de 4 milliards (inférieure aux 5,2 milliards ??? Pour une ‘simple usine de batteries) et un investissement public de 300 millions.
Rapporter au nombre d’emplois directs me semble une bonne visualisation de l’ investissement sur le plan humain, local.
Ne boudons pas le plaisir, cette décision de subvention est bonne car il importe de favoriser les bassins d’emplois.
Quoique de toute manière, ces entreprises se seraient rapprochées des usines des constructeurs : personne n’a envie de produire à distance des batteries pénibles à transporter.
Demain si cette usine fait ‘faillite’ volontaire, je connais des Taiwanais qui auront fait une belle opération après revente de cet outil payé par l’Europe/France. Mais restons optimistes sur la volonté de tous des solutions win-win.
https://www.leblogauto.com/electrique/batterie-pour-ve-4eme-projet-en-france–94080
Dès le début c’était 5,2 M€.
Attention, le ratio est vis à vis des emplois indirects potentiellement créés.
Sur les emplois directs, c’est 500 000 €.
Le ratio ne vise évidemment pas et loin de là à dire « regardez on leur donne 125 000 € par salarié » mais à pouvoir comparer les investissements et surtout, surtout, montrer que la réindustrialisation vantée en ce moment a un coût, mais rapporte énormément.
Dans le Limousin, la fermeture des mines d’uranium a forcé l’état à forcer la Cogema à créer des ateliers/usines d’emboutissage, de fonderie, etc. Cela donne les ateliers locaux comme GM&S (creuse) ou d’autres.
Ces emplois ne sont plus aidés et on les laisse crever….soit…mais ce sont des territoires entiers qui meurent quand 100 emplois sont supprimés.
Ces ateliers mériteraient sans doute aussi un coup de pouce pour continuer d’innerver les territoires.
XX milliers d’euros pour sauvegarder un emploi vaut mieux, selon moi, que de verser des allocs.
Après, ProLogium est sérieux. Mais il y a un « risque » sur la batterie à électrolyte solide (minime normalement) donc on ne sait jamais.
Le montant est en effet énorme. Ça représente quand même 20% de l’investissement et pour des engagements à l’emploi sans même qu’il en résulte une participation dans l’entreprise!
Aider une implantation importante niveau infrastructures transport/énergétiques, OK c’est le rôle de l’état. Mais tout ce qui va au delà devrait se traduire en parts de l’entreprise et pour des montants pareils, une place au conseil d’administration.
Quand bien même je pense que cet investissement est une bonne chose, je suis étonné de n’entendre aucun politique nous parler d’assistanat…
125.000€ d’aide par salarié, ça parait énorme. C’est énorme…et peu à la fois
125.000€ sur 5 ans, ça fait 25.000€ par an, par salarié.
Supposons que le salaire moyen net serait de 2000€/mois, il faut savoir que les cotisations patronales et salariales (qui est donc aussi patronale!) grimpent à plus de 1600€, soit déjà 19.000€ par an.
-il faut des salaires attractifs pour attirer des gens, et donc autant de charges
-l’usine ne produit rien pendant un premier temps, puis monte peu à peu en puissance. Mais certains couts fixes sont toujours inchangés
Bref, cette formidable aide, si généreuse, étalée sur 5 ans, ça pourrait être sous la forme d’exonération totale des cotisations, ainsi que les diverses taxes et impositions (foncier, machines….).
Ou à l’inverse : si cette aide permet de ne pas verser 1500€/mois en chômage, les 1600€/mois de subvention ne sont pas si graves d’autant qu’avec leur salaire, les emplois indirects alentours vont mieux vivre et croître.
Puis vient la taxation administrative sur l’utilisation des sols ou tout le bidule des taxes et autres prélèvements sur l’usine et ses consommations.
C’est donc opération blanche à minima, opération win-win théorique.
Ok, c’est schématique, c’est pour expliciter le raisonnement.
Par contre, si ce 1,5 milliard disparaît après construction d’usine, ce n’est pas même grave tant que qu’elle tourne et produit avec des quidams
si au bout de 5 ans, (pour enfin avoir bénéficié de 1.5Mds d’aide), l’usine « disparait », alors ça voudrait dire les gens auraient « bossé au black », puisqu’ils ont eu des revenus, mais pas l’urssaf.
Et entre temps, les autres ont dû y injecter de l’argent, pour payer les salaires, pour payer la construction, pour les divers achats. Bref, l’urssaf et Bercy devront renoncer à ce manque à gagner, mais les autres ont quand même injecté quelques milliards € dans cette usine, qui devra « disparaitre » à la 6eme année… Et donc globalement pour la France, ce ne sera pas forcement une perte, malgré cette aide de 1.5Mds…