Louis Schweitzer, ancien PDG de Renault, est mort, ce vendredi 7 novembre 2025. C’est sa famille qui en a fait l’annonce à l’Agence France-Presse (AFP). Durant 13 ans à la tête de Renault, il a opéré une profonde mutation industrielle de l’ancienne Régie Renault et noué l’alliance avec Nissan. C’est lui encore qui choisira son dauphin, Carlos Ghosn. Il avait 83 ans.
Un haut fonctionnaire devenu industriel
Né en juillet 1942 à Genève, Louis Schweitzer débute par une licence de droit puis l’IEP. Il fera ensuite l’ENA pour entrer dans la fonction publique. Il va rapidement intégrer des cabinets ministériels, auprès de Laurent Fabius. En 1986, la gauche est battue et Schweitzer intègre Renault comme contrôleur de gestion. On est sous Georges Besse à l’époque. Ce dernier est assassiné fin 1986 par Action Directe.
Schweitzer devient le Directeur Financier de Renault. Puis rapidement, il en devient le Directeur Général. Finalement, il est nommé Président Directeur Général en 1992. En quelques années, il a pris le pouvoir chez Renault.
Au sein du constructeur, il doit préparer la privatisation de 1996 (elle a débuté en 1990 avec le changement de statut). Il va aussi opérer de profonds changements chez Renault, belle endormie étatique. Il va tenter des rapprochements tous azimuts. C’est lui qui décide du rachat de Samsung Motors (devenu Renault Korea Motor). C’est lui également qui tente un rapprochement avec Volvo. Ce mariage capotera à cause d’une différence de culture.
L’échec fondateur du mariage avec Volvo
Sans cet échec, il n’y aurait peut être pas eu l’Alliance avec Nissan. Ayant appris du non mariage avec Volvo, Schweitzer, qui sait que Renault sauve Nissan de la faillite, va ménager les Japonais pour présenter cela comme un mariage et non une acquisition. Renault se transforme, grandit, se renforce. Schweitzer vise Skoda, un petit constructeur Tchèque, pour en faire des voitures pas chères.
Raté ! C’est Volkswagen qui lui souffle la marque de Mladá Boleslav. Renault se rabattra alors sur un partenaire de longue date : le Roumain Dacia (qui assemblait des Renault 12 sous licence). Il veut lancer la « voiture à 5 000 € ». Avec la Dacia Logan, Schweitzer ne croit pourtant pas à cette voiture, à l’ouest.
Selon lui les Français ne veulent pas d’une voiture « low cost ». Il faudra le convaincre pour que la Logan soit adaptée, arrive chez nous et défonce tout. Il faut dire qu’à 7500 € environ pour sa taille et son équipement, elle était imbattable.
Dernier coup de génie de Schweitzer, il recrute Carlos Ghosn qu’il a débauché chez Michelin. Il le place d’office comme Directeur Général Adjoint et dauphin désigné. Ghosn va devoir se salir les mains à la place de Schweitzer. C’est lui le « cost killer » et Renault va fermer pas mal d’usines. C’est encore Schweitzer qui envoie Ghosn piloter l’acquisition, pardon, l’Alliance, avec Nissan.
Un air bonhomme, un homme à poigne
À la fin de son mandat en 2005, il a profondément transformé Renault. Cela s’est fait avec pertes et fracas. Le fracas, ce sont les licenciements. Les effectifs en France ont fondu de moitié, à l’étranger, il reste le symbole de la fermeture Vilvorde en Belgique. C’est également l’homme des délocalisations à l’est et en Turquie. C’est également une modernisation des usines, obligatoire pour suivre les concurrents. La Régie Renault est morte, vive le groupe Renault peut-on dire.
Schweitzer va alors faire ce que tout bon haut fonctionnaire en fin de carrière fait : pantoufler et siéger dans des comités Théodule et des Conseils d’Administration. Il laisse l’image d’un patron bonhomme mais autoritaire qui a tranché dans le vif, quitte à négliger l’humain dans ses décisions. Ce fut également un des premiers patrons automobiles français critiqués pour leur rémunération. Alors que Renault licenciait à tour de bras, son salaire explosait. Idem alors que les délocalisations allaient bon train.
Louis Schweitzer a concrètement ouvert la voie en France à ces patrons aux supers-salaires. A la fin de son mandat chez Renault, il émargeait à plus de 2 millions d’euros. Ghosn en le suivant estimera valoir encore plus.

C’est article fait malheureusement l’impasse sur son implication et sa reussitte en F1. Domage.
Il est vrai qu’a son époque la F1 marchait bien pour Renault.
Quelle belle époque formidable !
… Quand l’on voit de ce que devient Alpine … Avec un avenir avec GMP Mercedes… La Honte ! 😩
Peut-être le moment opportun qu’Alpine arrête la F1 pour la Formule E !?
De l’échec de Volvo au succès de la gamme Mégane au Rachat de Nissan et lancement de Dacia. Renault lui doit énormément!
Un très grand Monsieur de l’Automobile et un serviteur de la France !
Effectivement, à part éventuellement le loupé de l’alliance avec Volvo, je ne me rappelle pas ce que lui pourrait lui reprocher ?
… Et encore ce n’est pas spécialement lui le coupable… Si coupable il y a.
Mais faire Dacia une marque moderne … C’était une idée de génie !
J’ai trouvé un autre petit bémol …
Tout le monde fait des erreurs dans sa carrière … Même les plus belles !
« C’est en outre sous sa présidence que la marque Alpine a été mise en sommeil, en 1995, au profit de Renault Sport après l’échec cuisant de l’A610. »
Automobile-magazine
le monde entier (!!!) a été stupéfait que les ptits français rachètent un constructeur majeur du Japon encore vu comme redoutable et conquérant. Très impressionnant. Malheureusement les synergies n’ont pas été la hauteur des espérances, les japonais n’ont jamais accepté la main mise de renault, Nissan n’a pas ouvert son réseau de distribution en amérique aux renault, les nissan ont vu leur qualité de fabrication reculer. Le rachat s’est transformé en alliance, qui a fini par faire pssiiiit , un beau gâchis ça aurait pu etre une bien plus belle histoire. Par contre il a réalisé un coup de maitre avec le rachat de Dacia, et transformé ce vieux constructeur en un constructeur encore inégalé aujourd’hui, le meilleur rapport qualité prix, aucun constructeur n’a trouvé la recette pour concurrencer dacia