1 – Jaminet, Campbell et Porsche titrés
Drôle de semaine pour l’équipe Porsche-Penske. Mais semaine victorieuse tout de même, puisque la marque allemande s’adjuge les six couronnes du championnat IMSA et de la Michelin Endurance Cup à l’issue de la dernière manche de la saison, Petit Le Mans 2025, disputée sur le tracé de Road Atlanta (Etats-Unis).
Mardi, la marque annonçait la fin de son engagement en Championnat du monde d’endurance (WEC). Si deux exemplaires de la 963 seront bien alignés en IMSA l’an prochain, la nouvelle avait de quoi semer le trouble au sein des équipages.
« Nous avons été contactés deux heures avant la parution du communiqué », a révélé Laurens Vanthoor à nos confrères de La DH. Le Belge était présent en Géorgie pour épauler Felipe Nasr et Nick Tandy à bord de la Porsche n°7.
Samedi matin, stress autour de la Porsche n°6, favorite pour le titre. D’abord, ses pilotes, Mathieu Jaminet et Matt Campbell furent bloqués dans un embouteillage monstre, ratant presque les tours de reconnaissance.
Ensuite, Julien Andlauer a déclaré forfait à deux heures du départ, se plaignant auprès des médecins de l’équipe de violentes douleurs dorsales. Le Français était dépêché aux Etats-Unis pour assister Campbell et Jaminet dans leur quête de leur première couronne en GTP.
Vanthoor dans deux voitures
Heureusement pour l’Australien et le Lorrain, le règlement de l’IMSA a autorisé Vanthoor à piloter… les deux Porsche pendant l’épreuve. On a donc vu le champion du monde 2024 au volant de la n°7 de 14h59 (locales) à 16h15. Puis à bord de la n°6 de 17h13 à 19h11. Dans les deux cas, il fut excellent.
En tête à la mi-course, la Porsche n°6 renonça à chasser la victoire pour valider le titre. « A partir d’un certain moment, nous avons décidé de suivre la n°31 et de réduire les risques, expliqua Mathieu Jaminet après l’arrivée. Gagner la course n’était pas l’objectif principal et nous nous sommes concentrés sur celui de ramener la voiture à bon port ».
La troisième place de la Porsche n°6 sous le damier était suffisante pour permettre à Matt Campbell et Mathieu Jaminet de remporter les titres pilote et équipe. En terminant devant la meilleure Acura, le trio ramène aussi la couronne « constructeurs » à Porsche. C’est le deuxième consécutif. Même quand c’est compliqué, Porsche-Penske est au rendez-vous.
2 – Cadillac revient au sommet
La campagne IMSA 2025 a été un peu décevante pour la marque de Détroit. Mais elle se clôture en beauté avec une deuxième victoire consécutive pour l’équipe Action Express, après son succès il y a un mois à Indianapolis. C’est le cinquième succès de Cadillac en 28 éditions de Petit Le Mans.
La V-Series.R n°31 l’a emporté après avoir mené 217 des 436 tours parcourus ce samedi, soit 49,7 % du total. La Cadillac écarlate n’a d’ailleurs plus quitté le commandement pendant les quatre dernières heures de course, dépourvues de neutralisation.
Les trois pilotes méritent des louanges. Pour sa troisième saison en Caddy, Jack Aitken apparaît désormais comme un pilote d’endurance accompli : il a notamment pris le commandement avec autorité en dépassant l’Acura de Tom Blomqvist dans le trafic.
Toujours solide, Earl Bamber a également brillé. Après une crevaison dans la quatrième heure, il est parvenu à regagner 9 positions en soixante minutes : « Les gars ont fait un super boulot en me gardant au courant et nous avons parfaitement établi notre stratégie en fin de course », réagissait-il après l’arrivée.

Enfin, notons la performance de Frederik Vesti. A 23 ans et novice en GTP/Hypercar en début d’année, il remporte sa première victoire dans l’une des classiques de l’endurance mondiale. Son relais en soirée lui permet d’afficher la meilleure moyenne de tout le plateau sur ses 50 % de boucles les plus rapides. Pour le Danois, cette victoire pourrait n’être qu’un début.
3 – Le podium d’Aston Martin
Voilà un trophée qui récompense l’application. L’Aston Martin Valkyrie n°23 pilotée par Ross Gunn, Roman de Angelis et Alex Riberas a terminé Petit Le Mans à la deuxième place, à 5 secondes à peine de la Cadillac victorieuse. Un résultat remarquable pour une voiture ayant effectué ses débuts en compétition il y a six mois à peine.
Régulièrement pointée dans le top 5 pendant l’épreuve, la LMH britannique semblait même en mesure de jouer la gagne dans les dernières heures. C’était le fruit d’un excellent relais de Ross Gunn et d’une stratégie de ravitaillement décalée.
Bien que classés « gold » et non « platinum » dans la hiérarchie des pilotes, de Angelis et Riberas ont profité de la nature très amicale de la GTP. « Nous sommes très bien en entrée de virage, nous expliquait au printemps Harry Tincknell, qui pilote habituellement la voiture en WEC. Nous avons un arrière très stable et nous pouvons vraiment entrer très fort dans des virages plutôt lents »
Après les points décrochés aux 24 Heures du Mans, une remarquable 5e place engrangée en Championnat du monde à Fuji (Japon), ce podium démontre le sérieux du projet mené par l’équipe Heart of Racing.
Gommes neuves l’an prochain
Le paysage pourrait être très différent lors de la prochaine campagne. Michelin lancera en effet sa nouvelle gamme Pilot Sport Endurance à destination de l’IMSA et du Championnat du monde d’endurance (WEC). La modification la plus visible est l’introduction d’un habillage façon « alvéoles », signalant une gomme toute neuve.
Mais c’est surtout le fond qui change. Les nouveaux pneus intègrent « 50 % de matériaux durables, tout en augmentant l’ensemble des performances », expliquait Mathieu Bonardel, directeur de Michelin Motorsport lors de la présentation de la gamme 2026. Autre sujet important : une mise en température facilitée, permettant aux pilotes d’attaquer davantage dès la sortie des stands.
Bibendum fabrique en ce moment les premiers exemplaires dans son usine de Cataroux, à Clermont-Ferrand. Les équipes de l’IMSA se familiariseront avec la nouvelle gamme à l’occasion des sessions d’essais privés qui se tiennent traditionnellement à Daytona en fin d’année. Le tracé floridien accueillera d’ailleurs la traditionnelle manche d’ouverture de 24 Heures, fin-janvier. Cette épreuve marquera les débuts officiels en compétition des nouveaux Michelin.
4 – La perf’ de Grosjean (et de Lamborghini)
La Lamborghini SC63 effectuait ce samedi sa dernière sortie en compétition avant la mise en « pause » du programme, faute de partenaire technique et financier solide.
Et la prestation de la GTP transalpine donne des regrets. La 4e place finale du trio Grosjean-Kvyat-Mortara permet de mesurer les progrès effectués ces derniers mois.
Confirmant la pertinence des évolutions portées cet été sur la fiche d’homologation (nouvelles suspensions arrières), la SC63 occupait même la deuxième place à une dizaine de minutes du drapeau à damier avant d’être contrainte à un ultime ravitaillement.
Au-delà, cette performance est surtout à mettre au crédit de Romain Grosjean. Le Français a passé près de six heures au volant de l’anguleuse GTP, sur un total de dix heures d’épreuve.
« J’ai conduit la voiture en donnant absolument tout » a-t-il commenté samedi soir. Et sur ses 50 % de tours les plus rapides, il affiche une moyenne de 1:13.626, à deux dixièmes à peine de la meilleure marque signée par Frederik Vesti à bord de la Cadillac victorieuse. Romain Grosjean demeure un pilote au talent rare.
Classement de Petit Le Mans 2025 :
1 – Cadillac n°31 (Aitken / Bamber / Vesti) – 436 tours
2 – Aston Martin n°23 (de Angelis / Gunn / Riberas) + 5,2 s.
3 – Porsche n°6 (Campbell / Jaminet / Vanthoor) + 12,7 s.
4 – Lamborghini n°63 (Grosjean / Kvyat / Mortara) + 34,4 s.
5 – Acura n°60 (Blomqvist / Braun / Dixon) + 41,1 s.

Champions IMSA (après Petit Le Mans 2025) :
Pilotes : Matt Campbell (AUS) et Mathieu Jaminet (FRA)
Equipes : Porsche n°6 (Campbell/Jaminet)
Constructeur : Porsche
Michelin Endurance Cup (Daytona, Sebring, Watkins Glen, Indianapolis et Petit Le Mans 2025) :
Pilotes : Felipe Nasr (BRE) et Nick Tandy (R-U.)
Equipes : Porsche n°7 (Nasr/Tandy)
Constructeur : Porsche
A lire sur Le Blog Auto. Pourquoi Petit Le Mans 2025 n’est pas une course comme les autres.

Le début et la fin de cette course étaient vraiment à l’opposé l’un de l’autre: un FCY au bout de 53s, puis un autre au restart, il fallut attendre près de 45min avant le premier tour complet sous drapeau vert.
Par contre la dernière 1h30 où se demande si ça va vraiment se jouer entre Lambo et Aston pour la victoire, là y avait du suspens