Ferrari 849 Testarossa : Maranello revisite son passé avec une supercar rétrofuturiste

Testarossa

La F80 avait déjà annoncé la nouvelle tendance stylistique de Ferrari en 2024, et cela se confirme avec la nouvelle 849 Testarossa, qui prend la relève de la SF90 Stradale : Ferrari a cédé aux sirènes de la vague rétro-nostalgique qui gagne le monde de l’automobile, tout en inscrivant les codes et les références du passé dans une identité visuelle qui se veut résolument futuriste.

Le retour d’un nom emblématique

Après une SF-90 qui faisait référence aux 90 ans de la fondation de la Scuderia et à la monoplace SF90, la nouvelle supercar hybride rechargeable revient à une appellation numérique, 849 évoquant, comme la tradition le veut, le nombre de cylindres et la cylindrée en litres (4,9) du moteur. Mais évidemment, la mention Testarossa ne laisse pas indifférent. C’est la troisième fois dans son histoire que Ferrari utilise ce nom.

Certes, historiquement, le nom Testarossa fut employé sur la 500 TR en 1956 pour décrire la couleur des cache-culbuteurs, mais la 849  fait un clin d’œil appuyé à la Testarossa de 1984. La GT sportive aux phares escamotables (sur la première génération) a marqué toute une époque et même symbolisé les années 80, par ses performances, son énorme 12 cylindres boxer installé sur une poupe extra-large mais surtout son design extravagant. Icône pop immortalisée à la TV par la série Miami Vice, la Testarossa transpirait les années 80 avec son esthétique massive et anguleuse.

Une évolution du groupe mécanique de la SF90

Si la guerre des chiffres de puissance fait déjà rage dans le monde des hypercars électriques, Ferrari a vu Lamborghini venir la défier, avec des Revuleto et Temerario qui comptent bien voler la vedette aux bolides de Maranello. La 849 Testarossa est équipée d’un système hybride rechargeable (PHEV) composé d’un moteur V8 biturbo de 830 ch (208 chevaux par litre), associé à trois moteurs électriques, une batterie haute tension et un onduleur, pour une puissance totale de 220 ch. Ce système porte la puissance totale du groupe motopropulseur à 1 050 ch, un record absolu pour une Ferrari de série. Et de quoi repasser devant la Revuelto pour 35 unités.

Quasiment tous les composants ont été revus, et un nouveau turbocompresseur plus grand a été adopté, reprenant des optimisations des blocs de la F80 et de la 296 GT3, afin d’améliorer la gestion thermique du compartiment moteur. Le poids a été maîtrisé, en adoptant par exemple des vis en titane. Le collecteur d’échappement en Inconel voit le diamètre des conduits augmenter de 20 % et sa longueur de 10 % pour améliorer les performances et restituer le timbre typique de Ferrari, la marque promettant ainsi des vocalises encore plus pures et enivrantes.

Concernant les moteurs électriques, deux d’entre eux sont situés sur l’essieu avant et constituent le système RAC-e (régulateur électronique de configuration de virage), qui permet au système 4 roues motrices et à la vectorisation du couple d’optimiser la traction et l’efficacité en sortie de virage. Le troisième moteur électrique, le MGU-K (Motor Generator Unit, Kinetic), est positionné sur l’essieu arrière et s’inspire directement de l’expérience F1. Le moteur de la 849 Testarossa est donc une évolution d’un ensemble bien connu et éprouvé sur sa devancière.

Retour vers le futur

Venons-en maintenant au design, qui fait le plus couler d’encre. La rupture de style est assumée par le Centre de Style Ferrari, dirigé par Flavio Manzoni. Dans la lignée de la F80, la 849 Testarossa prend le contrepied de la SF90, qui proposait un jeu complexe de courbes, d’arêtes et de lignes. Loin des galbes de l’ère Pininfarina ou du style reptilien des années 2010, le langage stylistique de la 849 se veut « architectural et futuriste », dominé par des lignes verticales et transversales qui s’inspirent de l’aéronautique (allo, Lamborghini ?) et des prototypes sportifs des années 1970. Comme pour la F80, il flotte sur la 849 Testarossa un air d’années 70-80, de retour au cunéiforme, le tout mixé avec les canons épurés du design moderne.

C’est en la regardant de face que la filiation avec les Ferrari des années 80 est la plus évidente, en particulier les 512BB, 308 et Testarossa de 1984. On retrouve cet aspect monolithique, souligné par un mélange de lignes horizontales et d’épaulements de roues larges donnant  un aspect à la fois musclé et taillé dans un bloc. Un bouclier horizontal en forme de pont relie les phares, et fait office désormais de « marqueur » identitaire des nouvelles Ferrari, puisqu’il a déjà été utilisé sur les Ferrari 12Cilindri et F80, créant un effet de spoiler sur toute la largeur. Les museaux en flèche laissent place à une découpe du capot saillante plus anguleuse, en dessous de laquelle se déploie un spoiler oblique pleine largeur, qui, telle une langue, sert à générer un immense appui aéro.

Bel hommage aux sport-protos des années 70

Le flanc est dominé par la porte, dont le modelé tridimensionnel part du pli principal. La surface supérieure, profondément sculptée, présente une tridimensionnalité complexe. Le panneau est réalisé d’un seul tenant en alliage d’aluminium .Contrairement à la Testarossa de 1984, dont le flanc était célèbre pour ses immenses ouïes « griffes » latérales, la prise d’air latérale verticale noire contrastante répond à des impératifs aérodynamiques. Elle alimente l’échangeur d’air et intègre une prise d’air supplémentaire. Cette prise d’air fait une démarcation nette entre l’habitacle et les épaulements des roues arrière, qui se prolongent sous la forme d’un double empennage inspiré de la 512 S. Cela contribue à modifier la perception visuelle de l’habitacle, le rendant plus compact et plus avancé.

L’arrière mélange passé et présent. On retrouve des éléments de design aperçus sur les dernières Ferrari, avec un pare-chocs arrière sculpté, une partie centrale modelée autour des sorties d’échappement rondes, un diffuseur pleine largeur, très prononcé au centre, ou encore les feux à LED fins. Mais ce qui saute aux yeux, et qui est très réussi pour le coup, c’est la découpe de la poupe dominée par les deux queues, inspirées de la 512 S du Mans. Intégrées à l’aileron actif, ces queues forment une solution aérodynamique brevetée. La lunette arrière s’intègre visuellement aux deux sections arrière, soulignant encore l’effet cabine avancée. Les jantes forgées ont été développées en étroite collaboration avec le département aérodynamique, avec un traitement diamanté étendu, pour optimiser l’extraction d’air du passage de roue et contrôler le sillage. Là encore, l’expérience des F1 moderne se voit.

Un cockpit sportif et élégant, dans la continuité

L’intérieur allie l’agencement d’une berlinette avec son tableau de bord horizontal à celui d’une monoplace. La partie supérieure du tableau de bord présente un effet flottant, avec des bouches d’aération en forme de « C » encadrées d’aluminium. Entre les parties supérieure et inférieure, une bande horizontale contrastante intègre les commandes principales et l’écran passager. La partie inférieure du tableau de bord est caractérisée par deux motifs architecturaux en voile qui intègrent les commandes, la grille inspirée de la F80 étant intégrée en position flottante dans la voile côté volant.

Les sièges sont disponibles en deux versions : confort, avec un revêtement sculptural et un style qui épouse la géométrie du cockpit, et baquet de course en fibre de carbone, doté de renforts latéraux sportifs pour un maintien latéral optimal. Ces deux versions sont le fruit d’une étude combinée entre ergonomie et style.

Pour ceux qui en veulent encore plus, le pack Assetto Fiorano

La finition Assetto Fiorano est une configuration optionnelle, dotée d’équipements exclusifs non disponibles sur la version standard. Elle a été développée pour optimiser les performances dynamiques et aérodynamiques de la voiture. Elle permet une réduction de poids d’environ 30 kg, obtenue grâce à l’utilisation intensive de matériaux composites tels que la fibre de carbone et le titane. Parmi les composants spécifiques, on trouve le nouveau siège tubulaire léger revêtu d’Alcantara© noir, qui permet de gagner environ 18 kg par rapport aux sièges standard, et les jantes en fibre de carbone de 20 pouces qui réduisent la masse non suspendue et améliorent la réactivité à l’accélération et au freinage.

D’un point de vue aérodynamique, la spécification Assetto Fiorano introduit des modifications substantielles. L’avant se caractérise par des ailerons plus larges et le soubassement avant est équipé d’une paire supplémentaire de générateurs de tourbillons, augmentant l’aspiration et garantissant un équilibre aérodynamique accru. À l’arrière, deux ailerons jumelés remplacent les empennages : il s’agit de spoilers surmontés de profils aérodynamiques à forte incidence, placés entre deux plaques d’extrémité verticales. Cette solution, qui rappelle un peu les FXX, permet de tripler l’appui vertical par rapport aux empennages jumelés sans pénaliser significativement la traînée aérodynamique. On retrouve ici des artefacts directement issus du savoir-faire acquis en F1.

La dynamique du véhicule a été optimisée grâce à des amortisseurs Multimatic plus rigides, des ressorts allégés de 35 % et une pente de roulis réduite de 10 %, améliorant le contrôle de la caisse et l’efficacité aérodynamique. Pour la première fois, il est également possible d’équiper la version Assetto Fiorano du relevage avant, ce qui implique le maintien de la suspension semi-active Magneride.

La finition Assetto Fiorano peut être complétée par une livrée exclusive disponible en deux coloris – Bianco Cervino et Rosso Corsa – avec un fond dégradé qui réinterprète le thème classique de la double bande longitudinale. Ce motif débute à l’extrémité du capot, traverse le toit et se termine sur la plage arrière, générant une forte impression de dynamisme et de modernité.

La 849 Testarossa coûte 460 000€ en version coupé et 500 000€ en Spider, auxquels il faudra ajouter la bagatelle de 52 000€ si vous voulez le pack Assetto Fiorano. Elle poursuit le design de rupture entamé avec la 12 Cilindri et continuera sans doute d’alimenter la querelles des anciens et des modernes au sein des tifosis.

A vos chéquiers 

(14 commentaires)

  1. Quand je pense que je trouvais la SF90 moche, là on touche le fond.

    Vraiment en ce moment les design c’est une hécatombe chez tout le monde

    1. Alors le marché mondial de référence c’est le marché chinois. Les coréens ont commencé les autos patchworks… les chinois ont suivi. L’auto qui représente plus cet état d’esprit c’est la Xiamoi YU7. Les européens s’adaptent et suivent le mouvement pour ne crever.

      Elle est iconique cette nouvelle Ferrari!

    2. Etonnant comme avis, je la trouve pas si mal.
      Car comme le dit l’article, la ligne rappelle en effet pas mal les ferraris « de notre enfance » (ou même d’avant) si on fait abstraction des 2 bandeaux noirs.
      Alors on peut dire qu’ils jouent un peu la facilité en reposant le design sur ces 2 bandeaux, ou qu’ils ne se sont pas foulés (comparé aux lignes torturées/sculptées d’une lambo), mais du coup ça change.
      Ma critique serait donc qu’ils se reposent un peu trop sur ces 2 bandeaux pour structurer le design, ça fait des lignes bien droites qui influencent toute la perception (la ligne latérale « pince » la caisse comme un ruban de paquet cadeau), alors que si on en fait abstraction, on peut se dire que le design manque un peu de structure/précision, qu’on a un peu l’impression de voir une ébauche de style/maquette aéro à laquelle il manquerait encore des détails, les reflets dans la carrosserie ont un peu l’effet qu’aurait une mauvaise modélisation 3D.
      Sans la bande noire latérale il aurait justement fallu intégrer la double prise d’air dans le flanc qui aurait peut-être alors nécessité d’être beaucoup plus sculpté/creusé/plissé pour ne pas paraître trop plat, ou qui aurait eu des ouïes un peu façon F12tdf, je ne sais pas.
      A l’avant le bandeau semble permettre de placer des feux tous simples (des rectangles bien basiques) sans devoir faire une forme tarabiscotée remontant toute l’aile.

    3. C’est vrai qu’en re-regardant la SF90, elles ont un feeling différent, cette 849 fait très carré et « simpliste » en comparaison.
      La SF90 fait limite trop torturée, en version roadster elle est stylée, la version avec des appendices aéro en plus fait « too much » IMHO, et ce design fait penser à McLaren.

      Concernant cette 849, sur cette image (si le lien passe) elle fait très avion de chasse :
      https://servimg.com/view/20585326/834
      La zone noire ressemble à une verrière de chasseur (genre F16), la bande noire singe les entrées d’air souvent verticales et l’arrière suggère des stabilisateurs horizontaux.

  2. Ah pas de chance pour Ferrari … la nouvelle Clio a été dévoilée avant et sur le baromètre des autos les plus commentées sur internet ben aussi spectaculaire soit une Ferrari … elle s’est fait devancée.

  3. Entre la classe absolue d’une Bugatti Tourbillon et le design Jet Fighter d’une Lambo Revuelto, cette Ferrari donne dans le galet baroque. Rien que le TDB façon monoplace est tout à la fois fascinant et ridicule.
    1000 cv certes mais en V8 ont déjà dit certaines mauvaises langues.
    Un petit air de Hotwheels aussi.
    Bref, au fond qu’importe. Est-ce qu’une Ferrari doit forcément être belle/sublime ? Vaste sujet.
    Perso je préfère la Lambo.

  4. C’est limite une insulte au mythe que représente son patronyme là…la filiation est difficile à établir….et cet affreux bandeau noir….mais pourquoi?

    Je préférais la SF90 que ne portais pourtant pas spécialement dans mon coeur.

    1. Le bandeau noir ? Pour lui donner un air de Daytona. Il n’y a pas plu bel avant que celui de la Daytona – et c’est une figure de la culture pop (même si l’origine de tout ça est une réplique).

      1. En fait le designer à déclaré qu’il considère qu’une voiture ne doit pas avoir de visage, donc il met la bande noir pour être sur que ça n’arrive pas

  5. C’est propre et lisse, et le bandeau noir permet de cacher les feux au lieu d’avoir les « yeux » habituels.
    C’est plutôt joli même si pour une Testarossa, il manque les « lignes » sur la portière mais elles auraient quelque peu fait bizarres avec l’effet lisse du design.
    Pas très fan du design intérieur, c’est un peu du déjà vu, dommage.
    Je suis curieux de voir s’ils vont appliquer ce design des derniers modèles lors du restylage de leur SUV qui fait un peu trop Toyota actuellement. ça lui irait bien je pense.

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