Cette nouvelle taxe sur les transports routiers n’est pas encore entrée en vigueur qu’elle est déjà vivement contestée et que différents amendements proposent sa suppression. Le Premier-Ministre lui-même évoque « un aménagement ». Histoire d’une gabegie bien française ?
L’Ecotaxe, le retour de l’Octroi
L’écotaxe c’est quoi ? C’est un système hérité du Grenelle de l’Environnement et prévu pour appliquer le principe du « pollueur payeur » aux transports de marchandise. Lorsqu’un camion emprunte une autoroute, il est facile de lui appliquer une taxe pour l’entretien des infrastructures. Oui mais lorsqu’il emprunte une nationale ou une départementale ? Comment le taxer ?
Pourquoi taxer tout d’abord ? Avec une plus grande décentralisation, les collectivités locales ont de plus en plus la responsabilité des infrastructures qui étaient gérées avant par l’Etat Parisien. Très bien sur le papier sauf que les budgets n’ont pas suivis. Après des hausses d’impôts locaux subies par tout le monde, il a donc été décidé d’appliquer une taxe aux véhicules qui usent le plus les routes, les camions.
Une mise en place coûteuse et compliquée
Pour cela, des centaines de portiques ou des bornes de détections de boîtiers spéciaux et de lecture de plaques ont été déployés un peu partout en France. Ces dispositifs détectent le gabarit du véhicule, lisent la plaque et interroge le boitier d’identification du véhicule. Ainsi les déplacements de ces camions sont tracés et la facture peut être envoyée par la société Ecomouv’, filiale d' »Autostrade per Italia »…
Sauf que l’Ecotaxe qui doit entrer en vigueur l’an prochain ne réjouit personne, les agriculteurs en premier lieu. En effet certaines régions comme la Bretagne sont en première ligne de la contestation contre cette nouvelle taxe qui va pénaliser l’agriculture française. L’exemple pris est parlant : un poulet breton pourra être taxé jusqu’à 5 ou 6 fois lors de ses différents transports avant d’arriver dans les rayons des grandes surfaces. Tandis qu’un poulet congelé importé par avion ne le sera qu’une ou deux fois.
Et cela c’est évidemment sans évoquer les camions étrangers, non munis de boîtiers qui devront donc s’en équiper en entrant en France. Dans le cas contraire, comment leurs envoyer tout de même la facture ? Bref une nouvelle « usine à gaz ».
Une taxe malvenue
En pleine crise économique qui touche de plein fouet l’agriculture française et toute la filière agroalimentaire, ajouter une taxe qui rend encore moins compétitifs nos produits locaux n’est vraiment pas le bienvenu. De plus, est-ce vraiment la faute des agriculteurs si les transports de fret en France se font majoritairement par la route ? Et si les politiques depuis la dernière guerre mondiale ont décidé de répartir par régions les grandes productions agricoles ?
Bref la contestation prend de l’ampleur avec de nombreuses manifestations qui vont jusqu’au démontage sauvage de portique ou même l’affrontement avec les forces de l’ordre. Aujourd’hui un manifestant a eu la main arrachée et de nombreux blessés sont à déplorer. Tant et si bien que certains députés ont déposé une proposition de loi pour supprimer purement et simplement l’écotaxe avant même son entrée en vigueur.
Un recul en vue de 2014 ?
Le Premier Ministre lui-même est monté au créneau pour expliquer la nécessité de cette taxe : « L’écotaxe est indispensable pour nos infrastructures, pour l’ensemble du pays, y compris la Bretagne. Dès le départ, on a arrêté un taux plus bas pour les régions dites périphériques. Je veux que nous soyons capables de coproduire des solutions intelligentes. J’ai confiance dans la capacité de dialogue des Bretons ».
Sauf que devant la grogne de plus en plus manifeste et devant l’année électorale qui s’annonce, l’écotaxe ne va-t-elle être purement et simplement repoussée ou annulée ? Quid du coût de ces nombreux portiques et de la mise en place de l’administration Ecomouv’ ? Ne pouvant pas appliquer uniquement une taxe sur les camions étrangers (cela serait une distorsion de la concurrence pour l’Union Européenne), c’est tout ou rien.
Une seule chose est sur, c’est qu’au final c’est le consommateur/contribuable qui y sera de sa poche. Soit par le prix des marchandises qui augmentera sous le poids d’une nouvelle taxe, soit par une hausse d’impôts locaux pour financer la gestion des infrastructures.
Source et photo : Ecomouv’
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37 Commentaires sur "L’Ecotaxe abandonnée avant même son entrée en vigueur ?"
« c’est le consommateur/contribuable qui y sera de sa poche. »
Sans parler de l’écotaxe (qui est sûrement une mesure mal pensée) sur ce point précis je dirais : et alors ? Il serait peut-être temps de se rendre compte que ce qu’on consomme a un coût et vient parfois de très loin. Et quand j’entends les gens chouiner, je rappelle que la part consacrée à se nourrir ne compte plus que pour 10% du budget des ménages. Ce qui est ridiculement bas, surtout quand on pense à ce que les idiots de français sont prêts à engloutir dans l’immobilier.
Je laisse passer le mot répété moult fois parce que le propos est intéressant et constructif. Mais svp Wizz « veaux » c’est tout aussi explicite et historique 🙂
Au final, le mieux c’est d’attendre et de laisser faire… Jusqu’a ce que la rarefaction des ressources d’hydrocarbure soit telle que le prix du baril dissuade les entreprises de delocaliser leurs productions. Ou alors… des aujourd’hui surtaxer les carburants pour tout le monde et developper le transport en commun local pour le quotidien du citoyen avec toutes les consequences que cela entraine.
De toute maniere, l’histoire montre que les lois pensees par nos dirigeants ont toujours pu etre detournees, pire creees des situations contre ecolo-logique.
Bof, parfois faut appeler un chat un chat aussi !
tu en fait parti alors car ca commence par les routier puis sa aurez été le tours des automobilistes si tu veux payer ben paye mais n’obligent pas tous le monde a le faire
Le mot utilise plusieurs fois tu peux te l’appliquer a toi meme, cette taxe signe la mort des petits transporteurs, et donc du fret national, au profit du fret de l’est qui ne paieras jamais cette taxe, et au passage plutot que de venir de chez eux a vide, ils viendront avec leur produits.
Imbecile.
Quelle usine à gaz en effet. Alors qu’ils suffisait d’augmenter la TIPP sur le gasoil, voire de supprimer l’exonération partielle de celle-ci s’il ne s’agissait de viser que les poids lourds.
Je suis d’accord avec vous sur tout le raisonnement mais je ne pensais pas qu’un PL puisse traverser la France sans faire le plein. Cela dit il reste les péages même s’il est possible de les éviter. D’ailleurs une autre solution aurait été d’interdire le réseau secondaire au transport international et de renchérir le tarif des péages pour les PL.
Merci pour l’illustration et vous avez fini par me convaincre que les portiques, sont peut-être compliqués à mettre en oeuvre mais qu’il n’y a pas tellement de solutions de rechange. Sur le problème posé par le transport routier en France je vous rejoint et il n’est pas nouveau. Une illustration : la SNCF, via Géodis, qui est un acteur de premier plan du transport routier (autrefois le premier mais je ne sais pas si c’est encore le cas). Il faut vraiment que les dés soient pipés au profit du transport routier pour en arriver là.
Le pire dans tout ça, c’est d’avoir dépenser des millions dans des portiques pour rien… Agir puis réfléchir pourtant on dit souvent le contraire..
Le mot qui explique tout en France s’appelle « corruption ».
Toutes ces mesures à priori débiles peuvent être expliquées par les pots de vin sur les comptes offshore.
Quand les tribunaux et les commissariats ont été rénovés il y a quelques années, il y a un même eu des pots de vin sur la fourniture des chiottes.