Essai Mitsubishi i-Miev : la Toujours Contente
par Cedric Pinatel

Essai Mitsubishi i-Miev : la Toujours Contente

Il y a plus d’un siècle, les records de vitesse automobile passaient par un étrange véhicule en forme de suppositoire, cette chose pointue et phallique restée dans le Guinness Book et répondant à un curieux sobriquet. Jamais Contente certes, mais toujours à la pointe de la technologie en prouvant à des scientifiques médusés qu’il était physiquement possible de dépasser la barre des 100 km/h dans un véhicule sans provoquer pour autant la mort de ses occupants. Puis les engins électriques ont progressivement disparu de la circulation mondiale au profit de véhicules thermiques souvent bruyants, parfois même très excitants, mais devenus largement impuissants ces dernières années face aux nouvelles tendances green ( washing ) et au besoin impératif de reboucher le trou de la couche d’ozone au dessus des ours blancs. Mieux encore, la gentille petite Peugeot 106 électrique n’est plus qu’une vieille blague dont on rit encore et certains constructeurs américains sont désormais capables de battre une vraie voiture de sport à l’exercice de la drag race sans moteur à essence. Logiquement, il doit donc être possible de faire quelque chose de décent pour simplement déplacer des passagers dans un milieu urbain avec une automobile électrique. Et si Mitsubishi détenait la solution ?

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Il y a plus d’un siècle, les records de vitesse automobile passaient par un étrange véhicule en forme de suppositoire, cette chose pointue et phallique restée dans le Guinness Book et répondant à un curieux sobriquet. Jamais Contente certes, mais toujours à la pointe de la technologie en prouvant à des scientifiques médusés qu’il était physiquement possible de dépasser la barre des 100 km/h dans un véhicule sans provoquer pour autant la mort de ses occupants. Puis les engins électriques ont progressivement disparu de la circulation mondiale au profit de véhicules thermiques souvent bruyants, parfois même très excitants, mais devenus largement impuissants ces dernières années face aux nouvelles tendances green ( washing ) et au besoin impératif de reboucher le trou de la couche d’ozone au dessus des ours blancs. Mieux encore, la gentille petite Peugeot 106 électrique n’est plus qu’une vieille blague dont on rit encore et certains constructeurs américains sont désormais capables de battre une vraie voiture de sport à l’exercice de la drag race sans moteur à essence. Logiquement, il doit donc être possible de faire quelque chose de décent pour simplement déplacer des passagers dans un milieu urbain avec une automobile électrique. Et si Mitsubishi détenait la solution ?

Tokyo Draft

Fini le temps des travers de porc en Lancer EVO aux quatre coins du globe pour la beauté du sport. Désormais, l’une des plus grandes priorités pour Mitsubishi est de négocier le passage au tout électrique. La marque aux diamants décidait ainsi au milieu des années 2000 de proposer une réalisation crédible pour un véhicule électrique à vocation urbaine.

Pour cela, il fallait choisir une base adaptée et c’est la silhouette ovoïde de l’amusante petite Mitsubishi i ( précédemment essayée dans nos colonnes ) qui fut retenue pour la conversion. Exit donc l’habituel moteur thermique, remplacé par un générateur électrique développant une puissance de 64 chevaux, chiffre décent pour une petite citadine. L’alimentation se fait grâce aux batteries lithium-ion, devenues incontournables pour ce mode de propulsion en remplacement des vieux systèmes à base de nickel et de plomb. Malgré cela, le poids grimpe tout de même à quelques 1100 kilos, soit à peu près la masse d’une Renault Clio ou d’une Peugeot 207.

Elle n’est pourtant pas bien grosse, cette  étonnante petite chose. Son gabarit reste complètement inédit par nos contrées, elle la Kei-car conçue originellement pour se faufiler dans la jungle tokyoïte. Extérieurement, elle est identique à la i et ressemble à une Smart Forfour, en plus compact et en beaucoup plus fun.

De ce coté là, les trois ans d’ancienneté du modèle qui lui sert de base sont vraiment loin d’en faire un véhicule ringard, bien au contraire : intégrée à la circulation dans la ville de Marseille, pas sûr qu’elle paraisse moins hype qu’une Toyota iQ ou qu’une Smart Fortwo. Un peu plus longue que ces dernières, elle surprend par son étroitesse ( moins d’un mètre et demi ) et possède une dégaine absolument craquante.

Une bouille adorable oui c’est indéniable, mais l’installation à son bord ternit un peu la très bonne impression laissée par l’extérieur : après s’être trompé de coté en rentrant ( pour l’instant, les modèles de développement sont uniquement équipés d’une conduite à droite ! ), on se retrouve au milieu d’une ambiance grisâtre, terne et nettement moins chaleureuse que son plumage externe. L’ensemble est plutôt dépouillé, la finition n’est pas spécialement flatteuse et le tout petit écran vert en haut de la console centrale semble dater d’une autre époque.

Du fait des dimensions de l’auto, l’habitabilité se révèle également intimiste surtout au niveau de la largeur, avec un espace individuel à peine plus généreux que dans une Tesla Roadster. Tant mieux puisque l’hôtesse dépêchée par Mitsubishi pour m’accompagner durant cet essai était tout à fait charmante et qu’un tel gabarit rend les manœuvres de l’engin vraiment très simples en ville.

"Qu'a vist Paris, se noun a vist Cassis, pou dire: n'ai rèn vist"

Pour tester cette Mitsubishi i-Miev, j’ai décidé d’élaborer un trajet mêlant circulation urbaine et routes nationales, en partant du Rond Point du Prado à Marseille pour rejoindre Cassis par la Gineste, la célèbre route empruntée par Jean-Louis Schlesser dans Taxi 2.

Comme d’habitude sur une voiture électrique, on reste bête pendant quelques secondes après avoir mis le contact en réalisant que le moteur est déjà en marche malgré le silence total. La transmission ressemble à celle d’une boite automatique, avec un levier qu’il faut guider jusqu’à la position « D » pour avancer. La première poussée sur l’accélérateur annonce tout de suite la couleur : cette chose risque d’être absolument parfaite en conditions urbaines.

En fait, le seul défaut que j’ai trouvé à dire quant à son utilisation en ville fait également partie de ses qualités : son silence de fonctionnement en fait un objet difficilement détectable pour les piétons distraits qui ont cette fâcheuse tendance à se jeter sous les roues de l’auto avant de réaliser la présence du véhicule.

Urban Legend

A part ça, tout est parfait. La i-Miev se conduit comme une citadine thermique à boite automatique, mais sans le temps de réponse inévitablement lié à ce mode de transmission : alors que le pied gauche végète tranquillement à coté du pédalier, le pied droit est en contact direct avec le moteur. La moindre poussée sur l’accélérateur est retranscrite de façon instantanée sur le comportement de l’auto et sitôt le pied relevé, le frein moteur la ralentit immédiatement. C’est simplement stupéfiant à expérimenter, mais 64 chevaux et 180 Nm d’un moteur électrique n’ont rien à voir avec les mêmes données fournies par un bloc thermique. Cette chose fonctionne vraiment comme une Tesla Roadster, mais en beaucoup moins violent. Dans une grande ville comme Marseille, c’est idéal. Idéal pour humilier n’importe qui sitôt le feu vert arrivé, idéal pour circuler doubler, déboîter… Même pour ralentir, c’est super pratique et il suffit presque de lâcher l’accélérateur pour immobiliser le véhicule à l’approche d’un feu rouge. Le tout évidemment assorti d’un silence absolu de fonctionnement, seulement contrarié par un sifflement typiquement électrique en phase d’accélération.

Vient ensuite la Gineste et ses virages tortueux mêlés à quelques lignes droites intéressantes. Pour l’occasion, je pousse le levier en position « B », sensée donnée un tout petit surplus de puissance moteur ( il existe aussi une position « Eco », utile pour consommer légèrement moins en jouant sur la sollicitation du moteur ). Et dans ces nouvelles conditions de roulage, la petite i-Miev se montre étonnamment aussi à l’aise qu’un morceau de saumon sur le riz d’un sushi. L’auto est donnée pour 130 km/h en vitesse de pointe. Mais il est extrêmement facile d’approcher ce chiffre, seulement générateur de quelques bruits d’air qu’on remarque bien plus facilement que dans un véhicule normal à cause du silence du bloc électrique. Dans les virages, l’auto semble saine de comportement sans inviter tout de suite à l’amusement : même avec les batteries disposées sous le châssis pour garantir un centre de gravité très bas, ça fait quand même tout drôle de rouler fort avec une auto plus haute que large.

Mais oui, sur une route nationale aussi, l’i-Miev est dans son élément. En fait, je pense qu’elle s’adaptera facilement à toutes les situations de roulage, excepté pour le chauffard de la file de gauche de l’autoroute, forcement frustré par la vitesse de pointe en retrait par rapport à un véhicule thermique.

Game over

Bref, l’i-Miev est tout simplement géniale à l’utilisation mais il faut malheureusement composer avec deux gros points négatifs majeurs. Le premier est relatif à son autonomie, inévitablement très en retrait par rapport à ses homologues thermiques puisque Mitsubishi annonce 160 kilomètres d’autonomie maximum. Le trajet que j’ai effectué mesurait environ 60 kilomètres aller / retour et sur la Gineste, le rythme était plutôt soutenu et loin d’une conduite économe. Du coup lorsque je suis revenu au point de départ, la réserve d’électricité était tombée à environ 60%. La peur panique du coup de la panne sèche arrive très vite à l’esprit quand on se remémore qu’il faut tout de même plus de sept heures pour faire un plein d’électricité avec l’i-Miev sur une prise standard ( 30 minutes pour recharger presque complètement si vous disposez d‘un équipement en triphasé ). Une durée affreusement longue compensée par le prix d’un plein complet qui se chiffre à un peu moins de deux euros. Forcement, ça redonne presque le sourire…qui se retransforme tout de suite en grimace dès qu’on prend connaissance du second défaut majeur de l’auto.

Car même si faire un plein de carburant ne coûte quasiment rien, le prix de l’auto est toujours dissuasif. Pour l’instant, Mitsubishi n’a pas définitivement réglé tous les détails quant à sa commercialisation européenne mais on parle d’un tarif situé à plus de 25 000 euros une fois les aides publiques allouées aux véhicules électriques déduites. Soit un tarif qui serait légèrement supérieur à celui d’une Toyota Prius 3 bien plus logeable et infiniment mieux équipée.

Vraiment tentante

Oui, le tarif reste vraiment très élevé par rapport au gabarit de l’auto et à son niveau de finition. Mais l’i-Miev se présente tout simplement comme le véhicule parfait en ville. Vraiment parfait. Et sans rechigner à prendre la route ou l’autoroute dans la limite d’une autonomie de toute façon bien supérieure aux besoins quotidiens de la majorité des Français, et seulement incompatible avec des trajets longues distances. Les véhicules électriques à vocation grand public peinaient à paraître crédibles jusqu’ici et cette chose est sans doute l’objet le plus convainquant de tous pour l’instant. Pas étonnant dans ces conditions que PSA se contente d’économiser un gros budget de développement en rebadgeant l’i-Miev pour ses C-Zero et autres Ion. Une paresse qui constitue tout de même une belle preuve de reconnaissance pour le travail de Mitsubishi dont la copie est réellement prometteuse.

Et une petite pensée pour ce petit constructeur de la Silicon Valley qui vent depuis déjà plusieurs années une auto en forme de Lotus Elise déposant silencieusement bon nombre de ses concurrentes sportives à l’accélération…

Galerie : Essai Mitsubishi i-Miev

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Pour résumer

Il y a plus d’un siècle, les records de vitesse automobile passaient par un étrange véhicule en forme de suppositoire, cette chose pointue et phallique restée dans le Guinness Book et répondant à un curieux sobriquet. Jamais Contente certes, mais toujours à la pointe de la technologie en prouvant à des scientifiques médusés qu’il était physiquement possible de dépasser la barre des 100 km/h dans un véhicule sans provoquer pour autant la mort de ses occupants. Puis les engins électriques ont progressivement disparu de la circulation mondiale au profit de véhicules thermiques souvent bruyants, parfois même très excitants, mais devenus largement impuissants ces dernières années face aux nouvelles tendances green ( washing ) et au besoin impératif de reboucher le trou de la couche d’ozone au dessus des ours blancs. Mieux encore, la gentille petite Peugeot 106 électrique n’est plus qu’une vieille blague dont on rit encore et certains constructeurs américains sont désormais capables de battre une vraie voiture de sport à l’exercice de la drag race sans moteur à essence. Logiquement, il doit donc être possible de faire quelque chose de décent pour simplement déplacer des passagers dans un milieu urbain avec une automobile électrique. Et si Mitsubishi détenait la solution ?

Cedric Pinatel
Rédacteur
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