Prime à la conversion doublée pour les plus modestes
par Thibaut Emme

Prime à la conversion doublée pour les plus modestes

Juste avant le weekend de "grogne" des gilets jaunes, le 17 novembre 2018, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé plusieurs mesures en faveur des plus modestes et des plus touchés par la hausse des carburants. La prime de conversion sera par exemple doublée dans certains cas.

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Edouard Philippe a confirmé mercredi que le gouvernement voulait désormais financer un million de primes d'ici 2022, "pour accompagner un maximum de Français". Ce dispositif a rencontré un grand succès, avec 280.000 primes demandées depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, sur un objectif affiché jusqu'ici de 500.000 primes. "Nous allons faire en sorte que pour les 20% des Français les plus modestes, une super prime soit créée, qui permettra de passer à 4.000 euros", a déclaré Edouard Philippe sur RTL. "Cette mesure sera financée par le budget de l'Etat", a-t-il précisé.

Actuellement, un acheteur qui met au rebut un vieux véhicule polluant, peut bénéficier de cette prime allant jusqu'à 2.500 euros, accessible sous certaines conditions pour l'achat d'un véhicule d'occasion. Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy avait annoncé l'intention du gouvernement de doubler cette prime à partir de 2019, à l'aide d'une contribution des constructeurs automobiles. Des discussions sont en cours avec les acteurs.

Et concrètement ? Cela donne quoi ?

Si on prend l'annonce du PM, la super prime pourrait donc aller jusqu'à 4000 euros. Sur l'achat d'un véhicule électrique neuf, la baisse est intéressante, mais il reste tout de même un sacré montant à mettre. Ce que ne pourront pas faire les plus modestes. Si on va sur un célèbre site de petites annonces gratuites, et que l'on cherche dans les véhicules électriques d'occasion, une Nissan Leaf se trouve à partir de 8900 euros pour un modèle de 2012 à 92 000 km et surtout avec une batterie 24 kWh. Reste 4 900 euros tout de même !

Visons plus petit avec une Peugeot iOn. Il y en a une (avec un joli damier) pour 6 500 euros et ses 80 km d'autonomie réelle. Reste 2 500 euros. C'est mieux. Mais, pour 2 500 euros, on trouve sur ce même site de très nombreux véhicules thermiques capables de faire encore 100 000 km sans souci majeur. Comment rivaliser avec cela ? Et si on ne regarde pas les véhicules électriques mais des véhicules plus modernes et théoriquement moins polluants, la somme à mettre pour acheter le véhicule reste bien souvent importante.

Surtout, mettre à la casse un véhicule qui fonctionne et qui ne coûte souvent que son entretien et une réparation de temps en temps est une gabegie financière pour beaucoup de ménages.

Des réactions mitigées

Evidemment, suite aux propositions du Premier Ministre, les réactions ne se sont pas faites attendre. Les uns et les autres oubliant bien vite, soit d'avoir appelé à un rééquilibrage des taxes diesel/essence, soit à appeler de leurs voeux une transition écologique.

Laurent Wauquiez, président des Républicains (BFMTV) : "Il y a une seule solution pour répondre (à la colère des Français), c'est d'arrêter les hausses de taxes, tout le reste c'est de la micro-rustine qui n'est pas à la hauteur du sujet. Toutes ces petites mesurettes, est-ce qu'elles compensent l'explosion de la facture sur l'essence et le diesel? Non.

Il y a eu des hausses considérables supplémentaires qui viennent d'être décidées par ce gouvernement, 15 milliards d'euros qu'ils vont prendre dans la poche des Français et le Premier ministre nous annonce ce matin 500 millions d'euros, c'est-à-dire qu'il va rendre même pas 3% de ce qu'on va prendre aux Français. Comme d'habitude, ce dispositif laisse de côté les classes moyennes."

François Bayrou, président du Modem (Radio classique) : "Je ne dis pas que c'est un équilibre parfait, parce qu'il est très difficile de trouver l'équilibre parfait, mais vous voyez en tout cas qu'il y a la recherche de quelque chose qui est juste du point de vue de l'orientation du pays, notamment face au changement climatique, faire attention à ce genre de dépenses énergétiques, et deuxièmement l'équilibrer pour ceux qui ont le plus besoin. En tout cas il y a une ligne et un équilibre".

Louis Aliot, député RN des Pyrénées-Orientales (Franceinfo) : Le gouvernement "n'a rien entendu. C'est un geste, il faut le reconnaître, mais ça reste encore de l'ordre de la proposition un peu fantaisiste dans la mesure où même si vous doublez la prime il faut acheter un véhicule. Entre la décote des véhicules diesel et cette prime qui est augmentée, ça revient au même.

C'est une goutte d'eau dans un océan de dépenses qui sont occasionnées par la voiture en France. Augmentation des péages, des assurances, des contrôles techniques, etc. La voiture est la vache à lait du gouvernement et les Français sont pris à la gorge."

Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis (LCI) : "Edouard Philippe a été flou ce matin sur les mesures annoncées. On sent la fébrilité du gouvernement. Les Français ne se mobilisent pas que pour le carburant, c'est un ras-le-bol général qui s'exprime. Les annonces d'Edouard Philippe sont un formidable appel à la mobilisation. C'est la preuve que se mobiliser paie et que le gouvernement est fébrile par rapport au 17 (novembre)".

Ian Brossat, tête de liste du PCF pour les européennes (sur Twitter): "Pas d'annulation de la hausse des taxes sur le carburant, rien pour améliorer le pouvoir d'achat exsangue des Français modestes. Avec ça, Edouard Philippe aura bien du mal à convaincre quiconque... On résume l'intervention : Les taxes sur les carburants sont maintenues, rien sur la taxation du kérosène, en revanche, rien sur le maintien des petites lignes de train menacées, des menaces contre ceux qui voudraient bloquer... Étrange stratégie".

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (Twitter): "Si j'ai bien tout compris, le Premier Ministre Édouard Philippe va verser quelques subventions payées avec l'argent de nos impôts et taxes pour compenser les hausses d'impôts et de taxes, tout en continuant à augmenter massivement, dans l'avenir, les impôts et les taxes... La taxe carbone actuellement de 44,60 euros par tonne atteindra 65,40 euros en 2020 et 86,20 euros en 2022. Cette trajectoire est intenable pour le budget des ménages! Cette punition est injuste!"

Yannick Jadot, tête de liste EELV pour les élections européennes de 2019 (Twitter) "Édouard Philippe reprend notre proposition d'une prime à la conversion à 4.000 euros. Mais où est l'ambition ? Rien sur une mobilité non polluante et accessible à tous. Et les constructeurs sont tranquilles : aucun compte ne leur sera demandé concernant leurs fraudes à la pollution !"

Bruno Bonnell, député LREM (BFMTV) "Les mesures qui ont été annoncées ne sont pas comme j'ai entendu des microrustines, elles sont un effort considérable de l'État, des régions et également des employeurs. Cette conversion à la nouvelle énergie est quelque chose d'essentiel pour notre pays, parfois il faut avoir le courage de le dire, l'audace de le mettre en place et en tout cas de proposer des idées, au lieu de dire comme je l'ai entendu qu'il faut supprimer les taxes, comme si les responsables politiques de l'opposition n'avaient jamais été au pouvoir".

Philippe Vigier, coprésident du groupe "Libertés et territoires" de l'Assemblée nationale (devant l'Association des journalistes parlementaires) "Ce plan n'est pas à la hauteur des enjeux. Deux tiers de ceux qui pourraient par exemple déclarer des indemnités kilométriques ne paient pas d'impôts. Sur la prime à la conversion, l'État prendra de la TVA lors de la vente des véhicules, donc la rentrée pour l'État sera au moins identique au coût de la mesure. Pour des véhicules propres et un vrai accompagnement, nous proposons un prêt à taux zéro pour l'achat de véhicules électriques".

Avec AFP

Illustration : T. Emme/Leblogauto.com

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Pour résumer

Juste avant le weekend de "grogne" des gilets jaunes, le 17 novembre 2018, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé plusieurs mesures en faveur des plus modestes et des plus touchés par la hausse des carburants. La prime de conversion sera par exemple doublée dans certains cas.

Thibaut Emme
Rédacteur
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