Toyota Industries chute en bourse après l’annonce d’une privatisation jugée sous-évaluée, malgré l’implication d’Akio Toyoda. Le rachat originellement programmé culminait à 42 milliards de dollars avant de fondre à 33 milliards de dollars puis de baisser encore.
Un plan de rachat massif qui inquiète les marchés
Toyota Industries traverse une période turbulente après l’annonce de sa privatisation imminente par le groupe Toyota. Ce plan, évalué à 4,7 trillions de yens, soit environ 27,5 milliards d’euros, a suscité un tollé chez les investisseurs. L’offre publique d’achat (OPA) fixée à 16 300 yens par action représente une remise de 11 % par rapport au dernier cours de l’action, ce qui est inhabituel pour ce type d’opération. En réaction, le titre a chuté de 13 % à la Bourse de Tokyo, marquant sa plus forte baisse en neuf mois.
Une opération pilotée par Akio Toyoda
Ce rachat est orchestré par Akio Toyoda, président de Toyota Motor et petit-fils du fondateur de la marque. Il investira personnellement 1 milliard de yens (environ 5,85 millions d’euros) dans une nouvelle société holding qui supervisera la privatisation. Cette structure sera majoritairement financée par Toyota Fudosan (180 milliards de yens) et Toyota Motor (700 milliards de yens en actions privilégiées), tandis que les trois plus grandes banques japonaises apporteront 2,8 trillions de yens (16,4 milliards d’euros) de prêts.
Une offre qui fait débat : sous-évaluation et manque de transparence
Selon plusieurs analystes, cette offre représente une forte sous-évaluation de Toyota Industries, dont la valorisation boursière dépasse actuellement 6 trillions de yens (environ 35,1 milliards d’euros). Cette OPA est jugée défavorable aux actionnaires, car elle n’offre aucune prime, contrairement aux standards du marché. Des experts comme Masatoshi Kikuchi, de Mizuho Securities, dénoncent une démarche qui risque de heurter les investisseurs et de porter atteinte à la réputation du groupe.
Enjeux de gouvernance et pressions politiques
Le projet vise également à réduire les participations croisées au sein du groupe Toyota, une structure jugée peu transparente par les régulateurs et les marchés. Le gouvernement japonais encourage activement la dissolution de ces participations afin de renforcer la gouvernance et la confiance des investisseurs.
Cependant, certains experts, comme Tatsuo Yoshida de Bloomberg Intelligence, s’inquiètent de la possibilité que Toyota devienne une « boîte noire », réduisant la supervision externe et l’indépendance du conseil d’administration.
Réactions mitigées et calendrier
La nouvelle n’a pas seulement provoqué des réactions négatives sur les marchés : les analystes s’interrogent également sur les motivations profondes d’Akio Toyoda. Le groupe affirme que son engagement vise à renforcer la stabilité de l’entreprise et à appuyer la restructuration. Toutefois, la baisse de l’offre publique par rapport au cours de l’action apparait comme une manœuvre opportuniste.
La prochaine assemblée générale de Toyota Industries, prévue demain, s’annonce décisive. Celle de Toyota Motor aura lieu deux jours plus tard, avec des enjeux similaires autour de la gouvernance.
Un contexte délicat pour Toyota
Cette annonce intervient alors que Toyota Motor tente de restaurer sa crédibilité, suite à plusieurs scandales réglementaires dans ses filiales, dont Toyota Industries. La firme cherche à moderniser ses pratiques et à renforcer ses performances face à une concurrence chinoise de plus en plus agressive.
Enfin, ce plan de rachat vise aussi à réduire l’influence des investisseurs étrangers et à concentrer le pouvoir de décision entre les mains des membres historiques de la famille Toyoda.
Notre avis par leblogauto.com
Le projet de rachat de Toyota Industries, mené par Akio Toyoda, constitue une stratégie ambitieuse mais risquée, tant pour la gouvernance que pour la perception du groupe sur les marchés internationaux. En misant sur une centralisation du pouvoir, Toyota pourrait renforcer sa cohésion… mais au prix d’une perte de transparence et d’une relation fragilisée avec les actionnaires.
Avec : Bloomberg. Crédit illustration : Toyota Industries.
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