Rétro 30 ans : Colin McRae écrit sa légende au RAC Rally 1995

1995 World Rally Championship. Lombard RAC Rally, Great Britain. 19-22 November 1995. Colin McRae/Derek Ringer (Subaru Impreza 555), 1st position. World Copyright: LAT Photographic Ref: 35mm transparency 95RALLY19

Le feu et la glace

En 1995, Subaru domine le WRC comme aucune autre équipe. Elle dispose d’un duo de choc, aux personnalités contrastées.  D’un côté, Carlos Sainz, expérimenté double champion du monde 1990 et 1992, incarnation de la rigueur et de la régularité. De l’autre, Colin McRae, nouvelle coqueluche des fans, incarnation du pilotage « full attack », déjà icône en devenir. Deux champions qui déjouent les stéréotypes : la froideur et le calcul sont du côté latin, tandis que l’anglo-saxon n’a rien du flegmatique.  

Dans une saison qui ne compte que 8 rallyes (!), la moindre erreur peut se payer très cher. A la mi-saison, l’affaire semble déjà presque pliée : avec deux victoires au Monte-Carlo et au Portugal, Sainz dispose de 50 points, contre seulement 20 à McRae qui a abandonné au Monte-Carlo et en Suède. La situation pourtant se retourne subitement : Sainz subit un double zéro en Nouvelle-Zélande et en Australie, tandis que McRae aligne une victoire et une seconde place. Ainsi, en arrivant en Catalogne, l’écossais dispose de 55 points contre 50 à l’espagnol. 

Toyota mis au ban !

Tout bascule au rallye de Catalogne. Les Toyota Celica de Juha Kankkunen et Didier Auriol sont saisies par les commissaires techniques. Après démontage complet et vérification, les turbos sont déclarés non conformes et les deux pilotes sont déclassés. La FIA se réunit peu après lors d’un conseil mondial, et la sanction tombe, violemment : l’écurie Toyota est disqualifiée du championnat 1995, avec interdiction de disputer la dernière épreuve et surtout suspension de licence pour une durée d’un an ! Toyota hors course, c’est donc entre les deux pilotes Subaru que tout se joue. Et c’est à ce même rallye de Catalogne que la pression est montée.  

Les deux hommes étaient séparés par huit secondes au soir de la seconde étape. David Richards, le directeur de l’écurie Subaru, décide de geler les positions, bien conscient que le titre constructeur est en train de leur revenir. Cette décision pourrait également servir afin de convaincre Sainz de rester chez Subaru, son départ chez Toyota étant attendu (la sanction contre Toyota n’était pas encore tombée). 

Catalogne 1995 : McRae se rebiffe

Seulement, Colin McRae ne montre aucune intention de respecter les ordres. Auteur des deux premiers scratchs, le britannique s’empare de la tête, 1s devant Sainz. Avant l’ultime chrono, McRae fait grimper à 8s son avance. Dans la spéciale 23, Subaru envoie trois hommes en bord de route pour tenter de freiner l’ardeur de l’écossais. Ce trio a beau faire signe à Colin de ralentir, cela ne marche pas. On frôle même le drame, la Subaru de McRae passant dangereusement très près des membres du staff ! A l’arrivée, il devance encore Sainz et termine cette dernière spéciale avec 9s de marge ! Sainz voit la situation lui échapper alors que Subaru, sur le plan sportif comme politique, semble incapable de maîtriser son pilote star.  

Sur la liaison suivante, McRae va finalement s’incliner face aux demandes de son équipe, écopant volontairement d’une pénalité d’une minute pour donner la victoire à Sainz. Le comportement de McRae divise l’équipe : Sainz se sent trahi par un coéquipier qui devait jouer en équipe, McRae se sent humilié, convaincu que Subaru l’empêche de s’exprimer. Du côté du public, le panache de l’écossais a naturellement les faveurs ! Les deux rivaux arriveront au RAC à égalité. Toyota étant hors-jeu, il n’y aura donc pas de consignes : que le meilleur gagne ! 

If in doubt, flat out !*

La Grande-Bretagne offre un décor hostile : pluie froide, brume, forêts glissantes. Le terrain idéal pour McRae qui, dès les premières spéciales, impose son rythme. Il attaque avec une confiance impressionnante, semblant voler entre les arbres. Sainz tient le rythme au départ, mais le pilotage propre de l’Espagnol n’est pas suffisant face au style explosif de McRae, parfaitement adapté aux chemins humides britanniques. Subaru ne donne aucune consigne. La course se jouera à la régulière. 

Sur ses terres, l’écossais survole la spéciale 8, Hamsterley, longue de 27,22 km, où il colle une seconde au kilomètre à Sainz ! Mais patatras, dans la spéciale suivante, l’écossais tape une pierre et arrache une roue, perdant près de deux minutes face à Sainz, nouveau leader avec une marge dépassant la minute !  Arrivé à l’assistance sur 3 roues, McRae doit cravacher pour revenir. A la reprise, l’écossais se déchaîne. Il reprend à Sainz 11s dans l’ES10, et même 15s dans l’ES13. Si les performances de McRae sont remarquables, celles de Sainz sont à saluer car l’espagnol doit composer avec des problèmes de surchauffe et doit réduire la pression du turbo . Au soir de cette deuxième journée, Sainz est donc dominateur, 39s devant son coéquipier.

La légende en marche

Le lendemain matin, McRae impressionne et reprend sa remontée infernale. Sainz fait son possible mais prend une sacrée claque dans la spéciale de Sweet Lamb. Il encaisse 22s en 28 kilomètres et doit céder sa place de leader à son coéquipier. McRae repart avec une position lui permettant d’être titré à la fin de cette journée. Solide jusqu’à l’arrivée, il est alors sacré champion du monde, 5 points devant son coéquipier, tombé sur bien plus fort que lui sur cette épreuve. Le RAC Rally ne lui réussira décidément pas…

Auteur d’une folle remontée, Colin McRae remporte le RAC Rally et devient le premier représentant du Royaume-Uni et le plus jeune champion de l’Histoire du championnat à cette époque.

  • « dans le doute, à fond ! » la célèbre devise de Colin McRae.

(2 commentaires)

  1. à l’époque où les bagnoles japonaises faisaient rever. Nostalgie… Le Japon, un pays en auto destruction…
    j’ai eu une impreza gt turbo

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