Nissan pourrait importer au Japon les Murano et Pathfinder produits aux États-Unis pour relancer ses ventes et optimiser sa production.
Nissan étudie une importation inversée de ses SUV américains vers le Japon
Le constructeur automobile Nissan Motor Co. envisage d’importer au Japon deux de ses modèles phares, le Murano et le Pathfinder, tous deux fabriqués aux États-Unis, afin de stimuler ses ventes domestiques et optimiser la capacité de production de ses usines nord-américaines. Cette stratégie, encore à l’étude, s’inscrit dans un contexte économique et politique délicat, marqué par des tensions commerciales entre Washington et Tokyo et la nécessité pour Nissan de redresser sa rentabilité.
Dans un communiqué publié le 25 octobre, la marque a confirmé qu’elle évaluait « les besoins des clients japonais » et explorait la possibilité d’introduire ces modèles sur son marché intérieur. Cette décision pourrait aussi répondre à la volonté du gouvernement japonais de renforcer les liens commerciaux avec les États-Unis, à la veille d’une visite diplomatique cruciale du président Donald Trump.
Une manœuvre industrielle et politique
L’importation de véhicules produits aux États-Unis permettrait à Nissan d’absorber une partie de la capacité inutilisée de ses sites américains, tout en donnant un nouveau souffle à son offre sur le marché japonais. Le constructeur, en difficulté ces dernières années, cherche à améliorer ses taux de production, optimiser l’utilisation de ses usines et retrouver la rentabilité.
Le directeur technique Eiichi Akashi a confirmé au journal japonais Nikkei que les modèles Murano et Pathfinder faisaient l’objet d’une évaluation interne. Toutefois, Nissan doit encore réaliser une étude de faisabilité avant de lancer le projet. Cette analyse portera sur plusieurs paramètres :
- la demande réelle pour ces SUV sur le marché japonais,
- l’adéquation aux réglementations nationales en matière de sécurité et de certification,
- et surtout, le taux de change yen-dollar, un élément déterminant dans la rentabilité d’une telle opération.
Le yen faible face au dollar fort rend l’importation de véhicules depuis les États-Unis plus coûteuse, limitant ainsi l’attractivité de cette stratégie, malgré ses avantages industriels.
Les Murano et Pathfinder : deux SUV stratégiques
Les deux modèles concernés sont produits à l’usine Nissan de Smyrna, dans le Tennessee, l’un des principaux pôles de production du constructeur en Amérique du Nord. Le Murano, récemment restylé, connaît une forte progression sur le marché américain : sa production a presque triplé pour atteindre environ 53 000 unités jusqu’en septembre, tandis que ses ventes ont plus que doublé, atteignant 32 400 véhicules selon les données de l’Automotive News Data Center.
Le Pathfinder, également populaire aux États-Unis, affiche une hausse de 23 % de ses ventes, soit 72 283 unités, bien que sa production ait légèrement reculé de 3 % à environ 75 000 véhicules. Ces chiffres illustrent la solidité du marché américain pour Nissan, mais aussi la surcapacité industrielle de ses usines, que l’exportation vers le Japon pourrait partiellement absorber.
Sur les neuf premiers mois de l’année, les ventes combinées des marques Nissan et Infiniti aux États-Unis ont progressé de 1,5 %, atteignant 785 303 véhicules. Cependant, la production américaine de camions a reculé de 7,2 % (286 742 unités), tandis que celle des voitures particulières a chuté de 30 % à 73 172 unités, un déséquilibre que Nissan cherche à corriger.
Un contexte commercial favorable mais incertain
Le projet de Nissan s’inscrit dans un contexte diplomatique et économique particulier. Le Japon, soucieux d’apaiser les tensions commerciales avec Washington, envisage d’assouplir ses réglementations sur les importations automobiles depuis les États-Unis. L’objectif serait de faciliter la vente de véhicules américains sur le marché japonais sans qu’ils aient à se conformer à certaines normes nationales de sécurité, souvent plus strictes.
Ce geste est soutenu par le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, dans le cadre d’une stratégie visant à démontrer la bonne volonté du Japon face aux exigences américaines. Cette ouverture coïncide avec la visite prévue du président Donald Trump le 27 octobre, au cours de laquelle il doit rencontrer la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi, première femme à diriger le pays.
Les discussions bilatérales autour du secteur automobile ont déjà permis, en juillet, une réduction des droits de douane appliqués aux véhicules japonais importés aux États-Unis. Ceux-ci sont passés de 27,5 % à 15 %, après l’accord entre Tokyo et Washington. Les constructeurs japonais espèrent désormais obtenir un taux encore plus bas, afin d’améliorer leur compétitivité et de réduire la pression sur leurs marges.
Une stratégie inspirée par d’autres constructeurs japonais
Nissan n’est pas le seul à envisager ce type d’importation inversée. Toyota Motor Corporation a également étudié la possibilité d’importer certains modèles fabriqués aux États-Unis pour les vendre au Japon. Cette idée, appuyée par le gouvernement, répond à une logique double : rééquilibrer les flux commerciaux et diversifier l’offre domestique avec des modèles au design et aux performances typiquement américains.
Les constructeurs japonais ont d’ailleurs déjà recours à l’importation pour compléter leur gamme. Honda, Suzuki, Mazda et Nissan figurent parmi les principaux importateurs du pays, bien qu’ils expédient principalement depuis des pays à faible coût comme la Thaïlande ou l’Inde, et non depuis l’Amérique du Nord. L’importation depuis les États-Unis constituerait donc un changement stratégique notable pour Nissan, tant sur le plan logistique que financier.
Une décision à fort enjeu industriel et symbolique
Au-delà des aspects économiques, le projet d’importation du Murano et du Pathfinder revêt une dimension symbolique importante. En introduisant sur son marché intérieur des modèles conçus pour l’Amérique du Nord, Nissan enverrait un signal fort de coopération économique et de modernisation de son offre.
Cependant, la décision finale dépendra des résultats des études en cours et de l’évolution du taux de change, un paramètre critique pour l’équilibre financier du constructeur. Si elle se concrétise, cette initiative pourrait redéfinir la stratégie de production mondiale de Nissan, en rapprochant encore davantage ses opérations américaines et japonaises dans une logique de complémentarité.
Notre avis, par leblogauto.com
L’initiative de Nissan illustre la recherche d’un nouvel équilibre entre production internationale et demande locale. L’importation des Murano et Pathfinder au Japon pourrait offrir une réponse pragmatique à la surcapacité américaine, tout en renforçant la coopération économique nippo-américaine. Ce projet souligne également la volonté de Nissan de moderniser son image et de mieux exploiter la popularité mondiale de ses SUV. Reste à voir si la conjoncture monétaire et les contraintes réglementaires permettront sa concrétisation.
Crédit illustration : Nissan.

Un constructeur japonais fabrique ses autos sur le sol américain et les importent ensuite au Japon. Gageons que les droits de douane pour le retour au japon ne soient pas trop élevés.
J’imagine que Donald doit être très fier de ce nouveau deal. 😉