Face à la fin des aides fédérales et à un cadre réglementaire assoupli, les constructeurs américains ralentissent leurs projets de véhicules électriques.
Un tournant pour l’industrie automobile américaine
Les grands noms de l’automobile américaine, dont General Motors (GM), revoient à la baisse leurs ambitions dans le domaine des véhicules électriques (VE). Après plusieurs années de croissance soutenue, le secteur marque un net ralentissement, conséquence directe d’un changement de cap dans la politique fédérale. La suppression de certaines incitations fiscales pour l’achat de voitures électriques, combinée à un assouplissement des réglementations sur les émissions, a entraîné une chute de la demande à court terme.
GM illustre ce virage : le groupe vient d’annoncer la suppression de plus de 3 400 emplois dans ses usines de batteries et de véhicules électriques. L’entreprise justifie cette décision par « une adoption plus lente des véhicules électriques à court terme et un environnement réglementaire en évolution ». En d’autres termes, la perte des avantages fiscaux et la réduction des contraintes environnementales ont modifié l’équilibre économique du marché.
La marque au nœud papillon fait également état d’une perte de 1,6 milliard de dollars liée à l’annulation ou au report de plusieurs projets de production. Ces ajustements s’inscrivent dans un contexte de réévaluation stratégique, où la rentabilité à court terme semble reprendre le dessus sur les ambitions écologiques affichées ces dernières années.
Des milliers d’emplois menacés dans les usines de GM
Les conséquences sociales de cette décision sont importantes. L’usine Factory Zero de Detroit, vitrine de la transition électrique de GM, sera la plus touchée avec 1 200 suppressions de postes. Le site, initialement conçu pour symboliser le futur électrique du groupe, tourne désormais au ralenti, réduit à un seul quart de travail.
D’autres sites du groupe sont également concernés. L’usine Ultium Cells dans le nord-est de l’Ohio, issue d’une coentreprise, verra disparaître 550 emplois, tandis que 850 autres postes seront temporairement suspendus. Au Tennessee, une autre usine Ultium licenciera temporairement 700 employés. Enfin, environ 120 postes dans des usines de production de composants électriques seront eux aussi affectés.
GM ne prévoit pas un retour complet de ces effectifs avant la mi-2026. Cette période de pause doit servir à la modernisation des infrastructures industrielles. Le constructeur table sur une reprise du marché à moyen terme, mais d’ici là, la production sera ajustée à la baisse.
Un retour aux véhicules thermiques plus rentables
Ce repli sur l’électrique s’explique également par la disparition des amendes fédérales imposées aux constructeurs dépassant les seuils d’émissions de gaz à effet de serre. Sans ces pénalités, les grands groupes automobiles retrouvent une marge de manœuvre pour privilégier les véhicules thermiques, historiquement plus rentables et mieux maîtrisés en termes de production.
Dans ce contexte, plusieurs analystes anticipent un retour progressif des investissements vers les moteurs à combustion interne, au détriment des plateformes 100 % électriques. Cette inflexion devrait se traduire par une nouvelle vague de suppressions d’emplois et un recentrage stratégique sur les segments les plus lucratifs.
Le pic des ventes de véhicules électriques, observé avant la suppression du crédit d’impôt fédéral, a déjà été atteint. De nombreux acheteurs ont avancé leurs achats avant le 30 septembre, profitant des derniers avantages fiscaux disponibles. Désormais, la demande s’essouffle et les prévisions du secteur anticipent une baisse des ventes jusqu’à la fin de 2026.
Notre avis, par leblogauto.com
La décision de GM illustre la fragilité de la transition énergétique dans l’automobile américaine. La dépendance du marché aux incitations fiscales apparaît clairement : sans elles, la rentabilité des véhicules électriques s’effondre. Les constructeurs privilégient donc une stratégie prudente, misant sur la flexibilité de leur production. Ce ralentissement ne signe pas la fin du véhicule électrique aux États-Unis, mais il souligne l’importance d’un cadre politique stable pour soutenir durablement l’innovation et l’emploi industriel.
Crédit illustration : GM.

D’ici 2030 … Les constructeurs américains risquent de prendre un retard irrattrapable.
Après, dès 2028, ils pourront décider de ne plus suivre les recommandations actuelles !?
… à suivre donc !
Les US ont retiré à la fois la carotte (tax cut, ZEV credits) et le bâton (ZEV fines). Combiné aux freins sur les projets d’électricité renouvelables (cf Esmeralda 7, Southcoast Wind,…) et au boost des projets d’énergie fossiles (ex millions d’hectares ouverts aux mines et forages), c’est clair que ça va avoir un impact majeur sur le secteur.
Bien malin celui qui peut prédire la situation dans 5-10ans.