Le Renault Wind passe au scanner chez OttOmobile

Leblogauto a pu, avec la complicité bienveillante de Simon, community manager des marques, assister au passage au scanner du Renault Wind. Le but est de créer une miniature de la voiture chez OttOmobile. Et c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Venez avec nous dans les coulisses.

À Josselin, au cœur du Morbihan en Bretagne, les locaux de Mini Express (Solido / Ottomobile / GT Spirit / etc.) bruissent d’une activité singulière. Aujourd’hui « OttO » va lancer la création de la reproduction fidèle d’un modèle automobile à l’échelle réduite (au 1/18e). Nous avons assisté au passage sous le scanner d’un Renault Wind, étape cruciale avant la fabrication en miniature.

Déjà, pourquoi le Renault Wind ? Cette voiture produite à peine à plus de 14 000 exemplaires a sa « fan base » très active sur les réseaux sociaux. Il y a même des clubs au Japon qui réalisent régulièrement des sorties et des réunions de propriétaires de Wind. Parti comme une blague potache (coucou Benjamin), le Renault Wind chez Ottomobile est devenu réalité à force de manifestations, de courrier, de relances, mais surtout de bonne volonté des patrons de Mini Express.

Il a ensuite fallu trouver un bel exemplaire à scanner puis avoir l’accord du propriétaire. Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, la société a connu plusieurs refus ou « lettres mortes » alors qu’il ne s’agit que d’un scanner qui peut se réaliser n’importe où et n’abîme pas la voiture. Ici, c’est carrément le véhicule du Président du Club CARS17.CLUB (il possède également une A310 V6).

Le scan proprement dit

Aux commandes, Arnaud, spécialiste du scan 3D chez Mini Express. L’opération repose sur un laser d’une précision millimétrique, capable de révéler jusqu’aux moindres défauts de la carrosserie. Même une crotte de pigeon se voit sur le scan. Arnaud place des sphères blanches autour de la voiture, ainsi que sur le toit. Cela va permettre d’avoir des repères sur les différents fichiers du scanner. Ainsi, il pourra recréer complètement la voiture en « points 3D ».

Arnaud place son scanner à plusieurs endroits autour de la voiture : devant, trois-quarts avant, trois-quarts arrière et obtient ainsi 5 à 6 fichiers de « points ». Mais ce n’est pas tout. Il réalise également entre 250 et plus de 1 000 clichés avec un mètre ruban. Le but est d’obtenir tout un tas de cotes comme l’emplacement des moteurs de balais d’essuie-glace, la taille des balais, la taille des écussons, de la trappe à essence, etc. Tout ce qui peut aider ses collègues de la modélisation 3D à reproduire le plus fidèlement possible le véhicule. Ici, environ 300 clichés ont été pris pour le Wind.

Le scanner prend à 360°, mais Arnaud le contraint dans un angle donné. Cependant, il « voit tout » et les fichiers de points doivent être nettoyés des éléments parasites. Le scanner reconstitué pèse plus d’un gigaoctet une fois nettoyé. Il va compter plus de 3 millions de points. C’est largement trop pour un modèle au 1:18e. Mais, ces scans peuvent servir à d’autres marques du groupe et autant prendre le plus de détails possibles, quitte à en éliminer par la suite pour les moules. Pour nous montrer à quoi cela ressemble, Arnaud prend l’exemple de la Chevrolet Camaro Z28 RS Daytona Yellow 984 1970. 3,75 millions de points et malgré tout des « trous » dus au chrome, aux reflets, ou autre.

Le laser est trop précis certaines fois

En effet, pour Arnaud, l’étape du scan n’est pas simple. La météo importe peu entre nuageux, sombre, lumineux, etc. Pour autant un franc soleil peut provoquer certaines réflexions qui vont empêcher localement le scanner de « voir ». Pire, la pluie est un réel obstacle. En effet, le scanner a une telle résolution qu’il scanne les gouttes qui tombent. On se retrouve alors avec un rideau dense de gouttes sur le modèle 3D. Le scan peut alors se réaliser en intérieur, à condition d’avoir de la place. Certaines fois des garages sont étroits et il faut « jongler » pour scanner le véhicule.

Autre problème qui peut arriver, les carrosseries ne répondent pas toutes de la même manière au laser du scanner. En effet, le carbone est « mal vu », ainsi que les carrosseries sombres. Le verre non plus n’est pas vu par le scanner et le modèle scanné n’aura donc ni vitrage ni vitre devant les blocs optiques par exemple. Le chrome va aussi créer des perturbations sur la lecture laser (attention aux coques de rétroviseurs chromées par exemple). Pour aider, Arnaud peut se servir d’une bombe « matifiante » qu’il pulvérise sur la carrosserie. Un coup d’eau et la carrosserie retrouve son brillant.

Ici, le véhicule a été scanné toit fermé. Mais, comme OttO ne fait pas les ouvrants mobiles, il est facile à l’équipe de modélisation d’enlever le toit et donc de faire un véhicule toit ouvert, et un autre toit fermé à partir du même scan. Ainsi, la Camaro qui a été scanné n’est pas une Z28 RS Daytona, mais une SS. Sauf qu’elles ne diffèrent que par des détails que l’équipe modelage a reprodui via des photos.

Un deuxième scanner pour l’intérieur

Et pour l’intérieur nous direz-vous ? Eh bien Arnaud utilise un deuxième scanner, à main celui-ci. Il utilise la lumière pulsée. Cela fait un peu ambiance stroboscope et le résultat est visible directement sur l’appareil. Il faut balader le scanner dans tout l’habitacle et y joindre là encore des dizaines de clichés pour aider les collègues.

Ces scanners sont utilisés dans d’autres domaines et certains d’entre vous les ont peut-être déjà utilisés. Le scanner laser est utilisé en archéologie, par la police scientifique pour « figer » une scène, en ingénierie industrielle, ou autres. Comme tout le matériel est relativement transportable, Arnaud se déplace plus que Mini Express ne fait venir de véhicule sur place. Cela doit être la 4e fois en une dizaine d’années seulement. On mesure notre chance.

Pour les plus terre-à-terre, le scan laser a été acheté d’occasion en 2012 pour près de 40 000 €. Des modèles plus récents existent, qui ne demandent pas forcément de placer des sphères en repère, mais au final, le résultat ne serait pas meilleur ni plus utile nous explique Arnaud. À noter qu’il arrive, pour certains modèles, que le constructeur fournisse un modèle 3D. C’est le cas lorsqu’il veut qu’une miniature sorte en même temps que le modèle réel, ou pour les Formule 1.

Et c’est quoi la suite ?

Après son scan, Arnaud va retravailler le résultat pour le nettoyer et obtenir un fichier utilisable par ses collègues. C’en est terminé pour son intervention dans la production de ce modèle. En revanche, le projet en a encore pour de longs mois. Grosso modo, le cycle complet depuis le scan jusqu’à la sortie du modèle prend un an et demi. Surtout qu’il faut organiser le planning sur des mois avec les différents projets. Même pour une demande particulière, il est difficile de descendre sous les six mois de délai.

Car il y en a des étapes pour créer un modèle réduit. Déjà, il faut l’autorisation du constructeur (sauf modèle tombé dans le domaine public). Cet accord, c’est la licence. Et les constructeurs ne l’accordent pas comme cela. Il y a des personnes dédiées chez Mini Express pour négocier les licences. Certains constructeurs vont vouloir un forfait, d’autres une commission sur les ventes.

Les plus « embêtants » vont demander certaines versions et pas d’autres. Et attention à ne pas blaguer avec la licence. Elle peut être retirée rapidement et le modèle ne pourra plus être vendu. Il arrive que certains modèles soient scannés avant que la licence ne soit obtenue, et que celle-ci ne vienne jamais.

Une documentation minutieuse

Une autre étape très importante : la documentation. En effet, certains modèles ont évolué année après année, style, options, motorisations, etc. Chez Mini Express, il y a un historien / documentaliste qui fait cela toute la journée. Trouver tous les détails, les photos, les archives, et les répertorier sur un modèle à venir. Ici pour le Renault Wind, il faudra regarder par exemple à l’arrière l’option de la sortie factice à droite.

Cette minutie va permettre à l’équipe de la modélisation 3D de s’appuyer sur le scan et les photos pour produire le modèle 3D le plus fidèle pour produire un moule. Certains détails sont « trichés ». En effet, ramenés à l’échelle 1:18, certains détails sont trop petits ou « font » trop petits. C’est souvent le cas des jantes qui semblent plus petites en proportion qu’en réalité.

En revanche, côté peinture, c’est exactement celle du constructeur. C’est d’ailleurs ce qui a fait la réputation des productions d’Ottomobile dès le premier modèle, la Renault Clio Williams en 2009. Cette minutie dans la reproduction se voit jusque dans les décalcomanies placées précisément, et à l’échelle, comme sur le véhicule d’origine. S’ils ont été moqués lorsqu’ils ont annoncé qu’ils voulaient lancer des miniatures automobiles moulées sous pression, sans ouvrant, les patrons d’OttOmobile sont désormais respectés.

Tout ou presque repasse par Josselin

C’est alors l’étape du moule qui va permettre de sortir un prototype. Car oui, il faut aller jusqu’à cette étape pour valider la production. Une fois le prototype validé, ou corrigé, c’est la production. Cette dernière se passe en Chine ou au Bangladesh. Mais, tous les modèles produits ou presque reviennent forcément à Josselin en Bretagne, à la plateforme logistique. Ils y sont vérifiés et conditionnés pour rejoindre les distributeurs pour Solido, ou les acheteurs pour OttO. Sur le site de Josselin un peu plus de 60 personnes travaillent.

Un moule peut produire plus de 2500 à 3000 unités sans souci. Mais contrairement à un moule en métal, il produira moins d’exemplaires avant que des défauts apparaissent ou que certains détails s’effacent. De toute manière, Ottomobile limite volontairement la production pour conserver le côté collector de ses modèles. Cela ne veut pas dire que notre Renault Wind n’aura qu’une version par exemple. Elle pourrait avoir une version Gordini, ou une « normale », toit ouvert, toit fermé. Certains modèles « à succès » comme le Renault Matra Avantime ont connu plusieurs éditions différentes.

En revanche, pour ce Renault Wind, il faudra patienter. Si la date de sortie n’est pas encore connue, il ne faut pas s’attendre à ce que cela intervienne avant la deuxième moitié de 2026. On vous tiendra au courant d’ici là.

(11 commentaires)

  1. C’est plus un publireportage qu’un reportage non ?
    Bon ok c’est un blog de voitures donc l’article traite surtout de la partie scan de la vraie voiture, mais il passe vraiment rapidement sur la partie modélisation/réalisation, qui représente probablement le gros du taf.
    Je veux dire par là qu’avoir le scan de l’auto c’est bien, mais je serais étonné qu’il serve autrement que comme un sous-main à une modélisation intégrale, car après il faut gérer toutes les contraintes de production. C’est effleuré en parlant du fait que certains détails sont trop petits (l’article mentionne les jantes mais je suppose que tous les joints de carrosserie sont trop petits et qu’il faut les redéfinir dans la 3D, si le joint fait 5mm en vrai ça donne 0.28mm au 1/18ème, et ça risque de ne pas être consistant) mais il y a aussi l’épaisseur à donner, les assemblages (trou pour vis, patte/ergot d’attache) et comment cacher tout ça (bien souvent les vitres sont solidaires du pare-brise, ou tout est rattaché sous le toit, ce genre de chose).
    Il y a plein de choix à faire aussi, une partie d’une teinte différente doit-elle être faite en un objet différent ou non, si non doit-elle être peinte, etc.
    J’avais vu une vidéo sur la réalisation des jouets Bruder, c’est un gros bordel à l’intérieur (d’autant plus que c’est fait pour éviter qu’un môme le démonte) et ce n’est probablement pas très amusant.
    Je suis étonné de lire qu’ils utilisent la peinture du fabricant, c’est qu’elles doivent avoir une consistance assez fine alors, car j’avais déjà entendu ça dans le milieu du modélisme et certains disaient que le grain de peintures industrielles pouvait être trop gros et bouffer des détails.

    Pour les refus ou lettres mortes, je ne sais pas si le processus fait l’objet d’une compensation financière, mais je suppose que c’est juste que les gens n’ont pas envie de bloquer un créneau horaire plus ou moins long pour une finalité pour laquelle ils n’ont aucun intérêt, sûrement aussi une proportion de gens qui se disent que c’est peut-être une feinte pour une fraude à l’assurance ou que sais-je. Je suppose qu’à force ils ont leur réseau de personnes au courant de leur activité pour que ça se passe de façon plus fluide (genre sympathiser avec les concessions du coin).

    1. Le scan a eu lieu jeudi dernier……le modèle 3D est encore à créer, le moule, le proto, etc. 🙂 patience !

      1. Ah ok il y aura d’autres épisodes (ou au moins un) désolé^^

        L’article dit ceci :
        « S’ils ont été moqués lorsqu’ils ont annoncé qu’ils voulaient lancé des miniatures automobiles moulées sous pression, sans ouvrant, les patrons d’OttOmobile sont désormais respectés. »

        C’est dans quel sens qu’ils été moqués ? Par la profession ? Les autres ne sont pas moulées sous pression sans ouvrant ? C’est un parti pris au 1/18ème où il y a souvent des ouvrants ? Et là ça leur permettrait de grandement simplifier le process et pouvoir faire plus de modèles ?

        1. Les miniatures de qualité à l’époque étaient en quasi totalité en métal. Les ouvrants (portières, capots, etc.) sont un « must have » sur ces voitures.
          OttO est arrivé avec l’idée de mouler sous pression des voitures qui ne s’ouvrent pas…pas mal d’acteurs ont rigolé et leur ont prédis des lendemains difficiles 🙂
          Maintenant plusieurs s’y sont mis.
          Les ouvrants compliquent grandement les modèles et là il faudrait trouver comment faire l’articulation sur un modèle en résine.
          Et qui dit capot ouvrant dit détails moteur importants.
          Cela permet d’insister sur les détails (qui coûtent aussi) plutôt que sur les ouvrants.

          Et au final, nombre de collectionneurs ne touchent jamais les voitures donc que cela ouvre…
          Pour le métal avec ouvrant, il y a Solido (Mini Express aussi).

          D’un point de vue économique, réaliser un modèle comme le Renault Wind chez Solido coûterait plus cher et demanderait de l’écouler à plein d’unités.
          Chez OttOmobile, cela permet de réaliser une première série « sans couler la barraque » 🙂
          Et cela donne des prix abordables pour des modèles en série limitée.

          1. Ok, en fait « sous pression » n’est pas forcément explicite si on ne s’y est pas intéressé, ça n’indique pas forcément que c’est de la résine Vs du métal.
            Et ce n’est peut-être plus forcément le cas, mais il me semble qu’il fut un temps la résine permettait des détails un peu plus fin que le métal.
            En effet, du temps où j’avais quelques modèles, les ouvrants ne servaient à peu près jamais.

  2. Otto à révolutionner le monde de la miniature en débarquant avec ses résines il y a une décennie à prix abordable. Faire des modèles peu courant à l époque et encore aujourd’hui (qui collectionne un c15 o7 un kangoo 😅)en petite série était un sacré challenge .

    J en ai quelque uns ainsi que des GT Spirit et elles n ont pas à rougir à côté de mes cmc exoto auto art.

    Bravo pour ça.

  3. « S’ils ont été moqués lorsqu’ils ont annoncé qu’ils voulaient lancé des miniatures automobiles moulées sous pression, sans ouvrant, les patrons d’OttOmobile sont désormais respectés. »
    Qu’ils voulaient « lancer ». Un petit infinitif ne fait jamais de mal;)
    Merci pour le reportage

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *